Centrales : Le démantèlement est possible et parfaitement maîtrisé, la
preuve dans cet article !
Le démantèlement des centrales nucléaires alimente les polémiques sans
qu'on en sache très bien quoi en penser.
En effet les organisations anti-nucléaires voudraient d'un côté nous
faire croire que ce démantèlement serait, selon eux, impossible ou
tellement coûteux que cela condamnerait l'énergie nucléaire. Cela
conduit à alimenter des polémiques stériles.
Qu'en est-il vraiment ?
Tout d'abord il n'y a effectivement pas beaucoup d'exemples de
démantèlement complet (avec retour au gazon).
La raison à cela n'est pas que ce serait très difficile ou impossible de
démanteler nos réacteurs, comme certains voudraient nous le faire croire.
Au contraire c'est très simple de démanteler un réacteur : ce n'est
jamais qu'un chantier de démolition. C'est beaucoup plus simple à faire
que de construire la centrale.
Bien sûr il reste un peu (en fait très peu) de radioactivité dans
l'enceinte de confinement notamment sur le circuit primaire (pas tant
que cela : 99,9% de la radioactivité est contenue dans le combustible
lui-même qui est déchargé puis recyclé à La Hague peu après l'arrêt du
réacteur en fin de vie).
C'est pourquoi on organise beaucoup plus proprement un démantèlement
nucléaire qu'un chantier de démolition classique. Cela coûte donc plus
cher que d'abattre un batiment industriel ordinaire, mais à la base
c'est pareil, il s'agit de couper en morceaux des ferrailles et de
casser quelques batiments en briques et la grosse enceinte en béton, ce
qui n'est pas le bout du monde ni une science très compliquée...
C'est toujours plus facile de casser que de construire, et cela coûte
toujours bien moins cher (même quand on le fait très proprement comme
c'est le cas dans le nucléaire).
La raison du peu d'exemples que nous avons jusqu'à présent vient
simplement du fait que les réacteurs que nous exploitons ont presque
tous été construits après le premier choc pétrolier de 1973. Ils n'ont
donc pas atteint leur durée de vie et fonctionnent encore, tout simplement.
Ils ne sont donc pas (encore) en démantèlement.
Les quelques réacteurs arrêtés (en France : Brennilis, Superphénix par
exemple) avancent bien sur le chemin du démantèlement, en prenant leur
temps. Là aussi, la raison de cette durée n'est pas parce que c'est
difficile mais parce que souvent ce sont les antinucléaires qui
s'opposent systématiquement à ces démantèlements (après avoir pourtant
exigé l'arrêt des centrales et leur mise à la casse !) en multipliant
les recours juridiques (leur but une fois le réacteur définitivement
arrêté devient alors de démontrer que le démantèlement est impossible
dure longtemps et coute très cher.
Pour diverses raisons, notamment politiques (Superphénix) ou parce qu'il
s'agissait de petits réacteurs expérimentaux de première génération non
rentables à exploiter, ce n'était pas leur but (Brennilis), certains
réacteurs ont cependant été arrêtés avant leur durée de vie normale de
50 ans, et sont en démantèlement ou déjà entièrement démantelés dans
certains cas.
C'est intéressant donc de regarder comment se passe ce démantèlement et
combien il a coûté.
En France le premier réacteur nucléaire, ZOE était situé au sud de Paris. Il a été
entièrement démantelé et est devenu un musée de la radioactivité. Les
locaux ou se trouvait ce réacteur sont librement accessibles sans le
moindre danger pour la santé.
L'exemple des Etats-Unis est particulièrement intéressant à observer
puisque plusieurs réacteurs à eau (les mêmes que les nôtres) y ont été
démantelés complètement (retour au gazon naturel du terrain de la
centrale), notamment Main Yankee et Yankee Row.
Il y a trois étapes :
1 - le démontage jusqu'au "retour au gazon" de tous les batiments
annexes (bureaux, locaux techniques, salle des machines, etc.) sauf
l'enceinte de confinement. Il s'agit d'un chantier de démolition
"classique". Pendant ce temps on se contente de décharger le combustible
du réacteur (le vidant alors de 99,9% de sa radioactivité). Seule reste
une petite radioactivité rémanente. Comme elle diminue rapidement avec
le temps, on attend quelques années que cela refroidisse encore plus
(les doses rémanentes sont ainsi très faibles), typiquement, 5 ou 10
ans, ce qui donne l'occasion pendant ce temps d'organiser le chantier au
mieux.
2 - démantélement du circuit primaire : on commence par enlever
auparavant tous les dépots de surface dans le circuit en faisant
circuler des solvants et de l'acide à la place de l'eau dans le circuit
primaire, ensuite on recycle les solvants ou l'acide en le neutralisant,
ce qui permet de récupérer les tuyaux quasi-propres d'un côté et les
résidus précipités (direction centre de stockage) de l'autre. Il peut
aussi y avoir un décapage au karcher de l'intérieur de la cuve ou de
certains locaux ou tuyauteries plus ou moins contaminées en surface.
Ensuite on découpe au chalumeau le circuit primaire et on évacue les
morceaux vers le centre de stockage approprié. La seule contamination
résiduelle de ces tuyaux est alors le Cobalt 60 (demi-vie : une
trentaine d'années).
3 - démantèlement de l'enceinte de confinement dont seule une petite
partie est très faiblement radioactive (principalement du béton et des
ferrailles) : cela donne une assez grande quantité de matériaux inertes,
qui ne sont que très faiblement contaminés, qui sont alors cassés en
petits morceaux, conditionnés dans des fûts et emportés vers un centre
de stockage approprié.
Ensuite, une quinzaine d'années environ après l'arrêt des réacteurs, on
peut replanter des arbres et redonner une autre destination au terrain,
la radioactivité du terrain a disparu et est identique à ce qu'elle
était auparavant (c'est-à-dire 100 à 1000 fois plus faible que dans des
régions à forte radiaoctivité naturelle).
C'est ce qui a été fait avec succès aux Etats-Unis.
On voit ainsi que le démantèlement des réacteurs nucléaires est
parfaitement maîtrisé, techniquement et économiquement.
Les aléas des différents projets sont moyennés dans les provisions
rigoureusement provisionnées tout au long du fonctionnement de nos
réacteurs, en France comme dans tous les autres pays exploitant des
réacteurs (c'est imposé par l'AIEA), par une taxe déjà incluse dans le
prix du kWh.
Le montant des provisions effectués et la manière de la calculer peut
varier un peu d'un pays à l'autre (la technologie des réacteurs et elur
dimension variant d'un pays à l'autre il est normal que les estimations
du prix du démantèlement varient un peu aussi s'agissant de réacteurs
différents.
En France, la cour des comptes a établi ici que même si des incertitudes
persistent, et que certains pointent des provisions peut-être
insuffisantes (ce qui peut se discuter) ces provisions pourront
facilement être abondées financièrement si nécessaire vu les faibles
coûts de fonctionnement des centrales amorties, elle précise :
"il est possible de confirmer que l’exercice « Dampierre 09 », reposant
sur une méthode de calcul robuste et justifiée, aboutit à une évaluation
du coût de démantèlement futur des 58 tranches REP d’EDF et des
installations associées de 17,7 Md€ 2010,
proches du montant de l’évaluation historique (18,4 Md€ 2010)."
Conclusion : démanteler un réacteur à eau (comme ceux que nous avons) de
manière minutieuse en faisant très attention est parfaitement possible,
bien maîtrisé et coûte entre 10 et 15% du prix qu'il a fallu pour le
construire.
Exclusif : Pour mieux comprendre le démantèlement opéré en totalité aux
Etats-Unis : prendre connaissance du dossier suivant : Ouvir le Cloud ici.
Voir aussi les documents suivants sur le site de l'AEPN :
Et le l'article suivant ici: (sur le site de SLC) :
JP. Brette et B. Comby