Sur le blog environnement de Libération : un article interessant et des commentaires passionnés !
"Voilà une belle prise de guerre! Quatre écologistes britanniques réputés ont pris la plume hier pour vanter les mérites de l'énergie nucléaire. Ils font la Une du quotidien britannique The Independent, et lancent un vibrant plaidoyer en faveur de l'atome. Qui sont-ils? Chris Smith est le patron de l'Agence environnementale britannique; Chris Goodall est un auteur prolifique spécialiste du business vert; Stephen Tindale a quitté la direction de Greenpeace depuis quelques années, et Mark Lynas est un journaliste scientifique, auteur de plusieurs ouvrages sur le réchauffement.
Si la Grande-Bretagne veut atteindre ses objectifs en matière de réduction d'émissions, elle doit avoir recours à l'énergie nucléaire, explique le quatuor. Tout au long de leur vie professionnelle, ces experts ont émis des avis réservés, voire carrément hostiles, envers l'industrie atomique. La principale cause de leur revirement s'appelle le changement climatique. D'ici à 2050, le Royaume-Uni a pris l'engagement de réduire ses émissions de CO2 de 80%. Sans nouvelle centrale, les quatre environnementalistes estiment le défi impossible à relever.
Mark Lynas (qui a écrit le très bon Six degrés, que va-t-il se passer?, aux éditions Dunod) explique que cette prise de position lui coûte: "c'est comme annoncer à ses parents que l'on est gay". La métaphore est scabreuse mais elle fait office de private joke, Lord Chris Smith affichant ouvertement son homosexualité. Sauf qu'être gay n'engage pas la politique énergétique, la sûreté ou les finances d'un pays. L'ex-patron de Greenpeace, Tindale, explique que son revirement a été progressif et qu'il s'est affirmé au cours des 4 dernières années. "Cela s'apparente à une conversion religieuse, a-t-il dit, Etre antinucléaire était une composante essentielle pour tout écologiste. .../... Aujourd'hui, l'idée selon laquelle le nucléaire n'est pas idéal mais qu'il vaut mieux que le changement climatique est assez répandue." Pour Lord Smith aussi, l'ampleur du changement climatique est la raison essentielle de sa conversion. Sans énergie nucléaire, dit-il, impossible de "décarboner" l'économie britannique.
Chris Goodall, pour sa part, développe dans une tribune l'inefficacité des énergies renouvelables. "Vous entendez beaucoup de choses à propos du vent et de l'énergie marine, mais même si nous installions des Pelamis -un serpent de mer qui utilise l'énergie mécanique des vagues pour produire de l'énergie électrique- sur 1000 km de côtes atlantiques, cela couvrirait à peine 10% de notre consommation actuelle en électricité." Il défend les économies d'énergie... fossile, et estime que pour répondre à la demande croissante d'électricité forcément induite par l'émergence des voitures électriques, des pompes à chaleur, etc., il faudra de nouvelles centrales.
L'attaque est d'autant plus féroce -et médiatiquement séduisante- qu'elle provient d'ex-anti-nuke et que ceux-ci anticipent toute attaque: bien sûr, le nucléaire n'est pas terrible, préviennent-ils, mais c'est mieux que ce qui nous attend (sous entendu les changements climatiques). L'erreur ne consiste-t-elle pas à croire que le nucléaire évite les émissions de CO2? Dans le rapport de Global Chance paru en septembre 2008, voilà ce que l'on peut lire: "si l'on se borne à l'analyse du CO2 du système énergétique, le programme nucléaire contribuerait à une réduction de l'ordre de 6% pour le monde et de 15% pour l'Europe des 27". Ce qui, avouons-le, relativise la contribution."
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