VARSOVIE - Les nouveaux membres postcommunistes de l'Union européenne, comme la Slovénie, sont de bien plus chauds partisans de l'énergie nucléaire que les pays d'Europe de l'Ouest, et cherchent activement à construire de nouveaux réacteurs.
La catastrophe majeure de Tchernobyl en Ukraine (1986) ou les incidents réguliers comme celui survenu dans la centrale slovène de Krsko mercredi n'ont pas vraiment réussi à entamer la confiance dans le nucléaire dans cette région.
"Serons-nous assez courageux pour recommander que les pays européens investissent dans la construction de nouveaux réacteurs?", lançait fin mai le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, lors d'un forum européen à Prague.
Les dirigeants de la nouvelle Europe peuvent compter sur l'appui de leurs électeurs. Les enquêtes Eurobaromètre, réalisées régulièrement pour la Commission européenne, montrent que les nouveaux pays sont bien plus favorables au nucléaire que les anciens.
Ainsi, si les Autrichiens sont massivement opposés au nucléaire, leurs voisins hongrois, slovaques ou tchèques sont majoritairement favorables à cette énergie.
Mieux, certains regrettent même les vieux réacteurs soviétiques à la sécurité incertaine, qui ont été ou sont fermés à la demande de l'UE.
La Lituanie, qui exploite encore à Ignalina le dernier réacteur de type Tchernobyl dans l'UE, la Bulgarie et la Slovaquie continuent régulièrement d'exiger publiquement de l'Union qu'elle revienne sur les fermetures de réacteurs, qui ont été pourtant inscrites comme des conditions obligatoires dans les traités d'adhésion.
Ces trois pays ont cependant tous des projets nucléaires pour l'avenir. La Lituanie a réussi à convaincre ses voisins baltes, la Lettonie et l'Estonie, mais aussi la Pologne, de financer et construire sur son sol au moins deux réacteurs pour une puissance totale de 3200 MW. La Lituanie espérait une mise en service en 2015 mais le projet a pris du retard en raison de désaccords entre les quatre pays sur le partage de l'électricité produite.
En Slovaquie, l'électricien italien Enel, qui contrôle l'ancien producteur public Slovenske Elektrarne, s'est engagé à achever d'ici à 2013 deux nouveaux réacteurs à Mochovce dans l'ouest du pays.
La Bulgarie a signé fin 2006 un accord avec la société russe Atomstroyexport pour la construction à Béléné, sur le Danube, d'une nouvelle centrale pourvue de deux réacteurs de nouvelle génération de 1000 MW pour 2013. Là aussi, le lancement du chantier a pris du retard, en raison de la difficulté à financer une opération aussi lourde.
Enfin, la Roumanie a mis en service en novembre 2007 la 2e tranche de sa centrale de Cernavoda (sud-est), de technologie canadienne. Elle projette d'en construire deux autres à Cernavoda pour 2014-2015 et envisage de construire une seconde centrale à l'horizon 2020.
Si tous les projets sont menés à bien, tous les anciens pays communistes qui sont entrés dans l'UE auront recours à l'électricité nucléaire d'ici huit ans, grâce à des centrales sur leur territoire ou à travers un partenariat, comme dans l'inédit projet balte.
Par contraste, sept des quinze anciens pays de l'UE préfèrent ne pas avoir recours à cette technologie controversée, en raison des dangers potentiellement immenses et des déchets qui demeurent radioactifs pendant des centaines d'années.
Mais, dans l'est de l'UE, les experts du nucléaire, formés pour la plupart à l'école soviétique, savourent leur revanche.
Le renchérissement inéluctable à terme du pétrole, les inquiétudes sur le changement climatique et l'arrogance de la Russie, forte de ses énormes gisements de gaz et d'huile, ont permis à l'énergie nucléaire de regagner des points au sein de l'UE.
Dans les nouveaux pays membres, la priorité est de s'affranchir de la dépendance russe, car, plus que les anciens membres, ils se méfient des intentions futures de Moscou.
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