dimanche 8 février 2009

"La Suède lève son moratoire sur la construction de centrales nucléaires"


A l'heure de la crise, le monde ne peut se payer le luxe de solutions aventureuses et incertaines, faisant peser un risque sur la continuité de la production.
Le nucléaire, qui progresse technologiquement, permet d'attendre des solutions renouvelables sans laisser les énergies carbonées gagner un terrain couteux en vies, en ressources, et en pollutions.


Le monde en parle.

a Suède a annoncé, jeudi 5 février, qu'elle levait son moratoire sur la construction de nouvelles centrales nucléaires. Alors que le pays avait été jusqu'à présent à l'avant-garde du démantèlement de son parc nucléaire, le gouvernement de centre-droit a opéré un brusque retournement de position : il a décidé d'en autoriser la construction, mais uniquement pour remplacer les anciennes. Le plan suédois prévoit aussi de miser sur les énergies renouvelables, éolienne surtout.

Il s'agit d'un "accord historique", a annoncé le premier ministre conservateur Fredrik Reinfeldt, en ajoutant que les quatre partis de la coalition de centre-droit s'étaient mis d'accord pour lever le moratoire. "Un sabotage", a rétorqué Peter Eriksson, porte-parole des Verts, qui constate que cet accord remet en question "les projets d'investissements qui existent dans les énergies renouvelables".
La question nucléaire pèse depuis longtemps dans le débat suédois. A l'issue d'un référendum disputé en 1980, organisé après l'accident de la centrale nucléaire Three Mile Island aux Etats-Unis en 1979, la construction des centrales nucléaires avait été tolérée à condition qu'elles soient démantelées, au plus tard, en 2010, date fixée par le Parlement, c'est-à-dire à l'issue de la durée de vie des réacteurs que l'on estimait alors à vingt-cinq ans. Douze réacteurs ont été construits dans quatre centrales. Mais le débat n'a jamais cessé, sous la pression des partis pro-nucléaires, et la durée de vie des réacteurs a été revue à la hausse. Selon Jan Björklund, actuel responsable du Parti libéral, le plus fervent militant de l'atome, le plus ancien des réacteurs en activité peut être opérationnel jusqu'en 2020.
Au cours de la décennie passée, la Suède, alors dirigée par un gouvernement social-démocrate, avait toutefois commencé à respecter son engagement. Premiers sur la liste, car situés juste en face de Copenhague, la capitale du Danemark, opposée au nucléaire, les deux réacteurs de la centrale de Barsebäck ont été fermés en 1999 et 2005. Depuis, plus rien.
Mais la discussion allait toujours bon train. L'idée était que les réacteurs suivants devaient être démantelés à un rythme tel que leur production d'électricité soit compensée par de nouvelles sources d'énergie. Mais en dépit de sa réputation de nation écologiste, la Suède a peu développé les énergies renouvelables.
Aujourd'hui, 46 % de l'électricité provient de la production hydroélectrique mise en place depuis longtemps déjà et 42 % de l'industrie nucléaire. La part de l'éolien demeure marginale. Dans l'accord négocié entre les quatre partis de droite, au pouvoir de puis l'automne 2006, il est aussi prévu de développer la construction d'éoliennes.
La Suède prendra en juillet la présidence de l'Union européenne (UE) pour six mois, période durant laquelle se tiendra la conférence de l'après-Kyoto au Danemark. Elle espère ainsi "montrer la voie" à l'ensemble de l'UE, a indiqué le premier ministre suédois.
"Avec cet accord, nous allons avoir l'objectif climatique et énergétique le plus ambitieux d'Europe, et même du monde", a estimé Maud Olofsson, ministre de l'économie, présidente du Parti du centre, et la plus enthousiaste, sans doute parce que c'est elle aussi qui a le plus à perdre. Son parti avait été jusque-là la caution verte du gouvernement de centre-droit et s'était historiquement toujours opposé au nucléaire. Son retournement est très critiqué dans son parti.
"Le nucléaire appartient au passé, mais nous n'avons pas besoin de nous précipiter pour démanteler les réacteurs restants", a déclaré Lars Ohly, président du Parti de gauche, dans l'opposition. Certains demandent un nouveau référendum."

Courrier International aussi.

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