Le Figaro commente :
"En choisissant Penly pour son nouveau réacteur de troisième génération, la France réaffirme sa politique d’indépendance énergétique et renforce un peu plus GDF Suez dans le nucléaire.
La filière nucléaire française est décidément en première ligne. Alors que les scénarios se multiplient autour de l’avenir d’Areva (depuis l’annonce du retrait de l’allemand Siemens de leur filiale commune), voilà qu’EDF reprend la main après l’annonce de l’Élysée de lui confier la construction du deuxième EPR, le réacteur de nouvelle génération, sur le sol français. Le site sélectionné a été dévoilé : il s’agit de Penly, en Seine-Maritime, qui abrite déjà une centrale.
Une très bonne nouvelle pour EDF, mais aussi pour GDF Suez qui sera associé au projet. Certes, le groupe franco-belge sera minoritaire dans le tour de table, mais il exercera des responsabilités opérationnelles. Une petite révolution, car, jusqu’à présent, EDF, qui exploite 100 % des réacteurs en France (58 unités en tout), régnait seul en maître dans l’atome civil. En réalité, GDF Suez entre de plain-pied dans le nucléaire français. L’Élysée a très explicitement ouvert la voie à la construction d’un troisième EPR, dont le pilotage devrait cette fois être directement confié au concurrent d’EDF.
Cette stratégie de relance du nucléaire en France a été officialisée jeudi soir par la présidence de la République. Un peu plus tôt, le site Internet du Figaro en avait donné les principaux éléments. Derrière EDF et GDF Suez se profile dans ce dossier l’ombre d’un troisième géant de l’énergie : il s’agit de Total, qui, dans la perspective de l’après-pétrole, s’intéresse de plus en plus au nucléaire : la « major » fait déjà partie d’un consortium avec Areva et GDF Suez pour vendre deux EPR à Abu Dhabi.
Un marché d’avenir
Le lancement d’un deuxième, puis rapidement celui d’un troisième réacteur nucléaire de nouvelle génération sont des signes forts de la volonté de la France de poursuivre sa politique d’indépendance énergétique. Un enjeu déterminant, aujourd’hui, et plus encore pour les années à venir. Les tensions régulières autour de l’acheminement du gaz russe en sont la meilleure illustration. La production d’électricité en Italie et en Allemagne est très dépendante des gazoducs de Gazprom. Ce n’est pas le cas de la France, dont près de 90 % de la production de l’électricité est d’origine nucléaire et hydroélectrique.
Le choix immodéré pour le nucléaire rend également l’Hexagone moins sensible à la hausse attendue des prix des hydrocarbures dans les prochaines décennies. Une menace qui fait indiscutablement réfléchir nos voisins. À son retour au pouvoir, Silvio Berlusconi a annoncé sa volonté de relancer le nucléaire civil en Italie. La Grande-Bretagne est beaucoup plus avancée. Gordon Brown a donné le coup d’envoi au renouvellement du parc nucléaire (huit réacteurs vont être construits, dont quatre par EDF). Des voix laissent aussi entendre que l’Allemagne, qui a programmé sa sortie du nucléaire, pourrait faire marche arrière. Au-delà de la seule réaffirmation de l’indépendance énergétique de la France, le choix de Penly est aussi une décision de politique industrielle. Le marché de l’atome civil est promis à un très fort développement dans le monde entier, et son enjeu économique est considérable.
Un seul EPR représente un investissement supérieur à 4 milliards d’euros. Or, avec Penly, la France va consolider ses excellentes positions sur ce marché. En y associant GDF Suez, le chef de l’État offre au groupe franco-belge une formidable légitimité pour décrocher des contrats dans les prochaines années. Areva, EDF, GDF Suez, Alstom et bientôt Total… L’industrie énergétique française a fière allure."
Et Le Monde met en avant perfidement l'alarmisme pessimiste de Greenpeace :
"Selon Greenpeace, l'EPR produira des déchets 7 fois plus radioactifs"
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"Areva, qui a développé l'EPR avec le groupe allemand Siemens, juge pour sa part ces affirmations "très exagérées". "La radioactivité peut être plus importante en raison d'une combustion plus longue, mais elle peut être estimée à 10 ou 15 % en plus, en aucun cas à sept fois plus", estime Patricia Marie, responsable du service de presse du groupe nucléaire. Et d'ajouter : "Surtout, l'EPR permet de générer 30 % de déchets en moins". "