mardi 10 avril 2018

Sécurité des piscines de stockage du combustible usé radioactif : refroidir après une perte d'intégrité de l'enceinte extérieure



Prolongation de l’article paru dans LA CROIX :
Un premier résumé ayant été donné ici par l'AEPN sur twitter.
Voici une suite plus détaillée.
Précision préliminaire : en aucun cas cette description ne prétend être exhaustive. Elle ne cite donc pas, loin s’en faut, tous les dispositifs de contre-mesure de sécurité prévus à cet effet.
Partons de la conclusion : Les piscines sont bien suffisamment sécurisées, n’en déplaise aux activistes qui cherchent à faire peur aux citoyens qui sont sincères, mais peu au fait des stratégies de sécurité patiemment élaborées durant 50 ans.
Argumentation : Pour les attaques de petit et moyen calibre, les structures sont parfaitement conçues pour résister.
Pour les agressions à l’arme lourde, c’est une situation de guerre et les exploitants sont protégés contre ce type de situation par la force armée. Est prévue toute une armada de systèmes bien sûr confidentiels
Pour l’intervention rapide, il existe dans chaque site une équipe de gendarmes formés par le GIGN habilités à tirer, qui font des rondes permanentes et sont alimentés par les renseignements de l’État.
Il faut distinguer l'enceinte du bâtiment combustible et la piscine qui se trouve à l'intérieur.
Beaucoup de gens imaginent que le percement du mur d'enceinte visible de l’extérieur conduit à un endommagement de la piscine. Or ce mur ne constitue pas la paroi de la piscine. La piscine est construite à l’intérieur même du bâtiment du combustible et elle est indépendante des parois de ce bâtiment. Il faudrait donc percer simultanément deux parois de béton séparées par une certaine distance pour arriver à faire un trou dans la paroi de la piscine.
Il y a des possibilités d’étancher provisoirement une piscine et de la réalimenter avec de l’eau à gros débit pour qu’elle ne se vide pas.
Si l'attaque venait du toit, il faut savoir qu'il y a 12 mètres de hauteur d'eau au-dessus des têtes d'assemblages. Qui plus est elles sont surmontées par les structures des racks dans lesquels elles sont placées.
Si un objet vient à être largué, il va y avoir une grosse vague mais l'amortissement par l'eau serait important.
Le rôle des exploitants consiste à maintenir les assemblages sous eau y compris en cas de fuite. La FARN peut intervenir mais auparavant, il faut envoyer toute l'eau possible y compris l'eau du circuit d'incendie.
La conduite aura bien entendu arrêté le réacteur attaqué et l’aura mis en situation de réfrigération à l'arrêt.
Si on écoute les délires des antinucléaires, elles devraient être placées sous le niveau du sol.
Cette solution apporte plus d’inconvénients que d’avantages notamment pour la manutention des combustibles usés et le passage du bâtiment réacteur vers le bâtiment combustible lors des chargements déchargements des réacteurs. En outre le système de drainage destiné à alerter les exploitants sur une toute petite fuite aurait plus de difficulté à fonctionner. Enfin la surveillance en service de la tenue des parois serait plus difficile.
Tant que les piscines sont pleines d’eau, et même si la réfrigération est indisponible pendant un certain temps comme sur Fukushima 4, il y a beaucoup de temps avant d’arriver à une température élevée car les assemblages combustibles dégagent moins de puissance. L’essentiel est donc de ramener de l’eau.
Rappel : Le risque de divergence nucléaire n’existe pas dans une piscine  grâce aux racks de stockage qui sépare largement les assemblages. Enfin, une partie des gaz de fission à durée de vie relativement courte comme l’iode 131 disparaisse assez vite. 
Les antinucléaires, persuadés qu’ils défendent une cause juste, critiquent tout sans justification valable. Mais il en reste toujours quelque chose et c’est bien sûr leur but.
La gestion des risques, suppose de  les comprendre correctement pour les prévenir au mieux et les minimiser.
Il est tout aussi dangereux de surestimer les risques que de les sous-estimer, car cela conduit à prendre de mauvaises décisions qui exposent à d’autres risques, bien pires.
La preuve que cela a été globalement plutôt bien fait (l’amélioration est continue dans l’industrie nucléaire française) est qu’aucun réacteur à eau sous pression dans le monde n’a eu de problème de dénoyage de sa piscine et encore moins de divergence ou de rejets de radioactivité massifs au niveau de piscine de stockage.

Quand à une chute d’avion, la configuration des bâtiments est dissuasive mais même si un crash était réussi, les dégâts seraient très locaux et le refroidissement tardif de colis toujours possible.

En jouant à se faire peur et à faire peur aux journalistes et aux décideurs, ils donnent aux vrais terroristes des indications précises sur comment faire un attentat, ce qui n’est pas très responsable pour des gens qui se présentent comme des défenseurs des populations.
Plus ces ONG montent en épingle des fausses peurs et des informations anxiogènes dans les médias, plus la réaction d’un public désinformé sera forte. Plus les hommes politiques seront sous pression sans raison valable.
Au vu de ces éléments et des ressources nécessaires pour faire des dégâts modiques et curables, les terroristes ont bien d’autres idées pour terroriser comme on le voit malheureusement chaque année depuis quelques temps.
Et incidemment ces ONG nous ramènent surtout tout droit au charbon, énergie du 19ème et 20ème siècle, sale et polluante, alors que nous sommes au 21ème.
Un grand bond de presque 200 ans en arrière !