lundi 22 septembre 2008

"Italie : une centrale nucléaire en 2017 ?"


Cela va donner des idées à l'Allemagne ?





20 ans après le référendum de 1987, qui avait vu la victoire des opposants au nucléaire, l'Italie pourrait à nouveau se doter d'une centrale de ce type.

Dans une interview accordée au journal italien MF, Giancarlo Aquilanti, l'homme chargé de développement de l'énergie nucléaire d‘Enel, a déclaré qu'il prévoyait la construction d'un site nucléaire d'ici 2017. «Malgré un programme chargé, nous pensons pouvoir mettre sur pied un site prêt à fonctionner d'ici 2017» a-t-il affirmé.
L'Italie pourrait donc relancer son nucléaire, 20 ans après le référendum du 8 novembre 1987. Suite à l'accident de Tchernobyl, l'Italie avait été fortement choquée et le pays avait voté l'arrêt du nucléaire à une forte majorité. Mais l'arrêt du nucléaire coûte cher, car avec un prix de l'électricité deux fois plus élevé qu'en France en 2006, et des importations de nucléaire représentant 15 à 18% des besoins, l'Italie veut changer de stratégie.
En mai 2008, le gouvernement de Silvio Berlusconi, ouvertement pro-nucléaire, s'était engagé a lever l'interdiction afin de permettre la création de nouvelles centrales d'ici 2012.

Livre : "Énergies – Le nucléaire, quel intérêt pour la planète ?"

COLLECTION « On se bouge ! »

LES BONNES QUESTIONS, LES BONNES RÉPONSES

Énergies – Le nucléaire, quel intérêt pour la planète ?

En librairie depuis le 2 septembre 2008

Créée par Spécifique Éditions la collection « On se bouge ! »©, propose un programme éditorial engagé autour des grands enjeux de société (environnement, énergie, sciences, nouvelles technologies, santé, mieux-vivre, citoyenneté). Des chercheurs et des experts apportent, dans un style clair et très accessible, des réponses aux questions que nous nous posons et des éléments d’appréciation pour mieux comprendre les grands débats actuels autour de ces enjeux. Des chiffres clés et des repères historiques et scientifiques viennent illustrer et compléter leurs propos.

85 questions à Henri Safa. Diplômé de Supelec et titulaire d’une thèse en sciences des matériaux, Henri Safa est entré au CEA en 1990 au service d’études des accélérateurs en recherche fondamentale avant de rejoindre le service de physique nucléaire en 2002. Depuis 2006, il travaille à la direction scientifique de la direction de l’énergie nucléaire du CEA.

L’exploitation massive des énergies fossiles, charbon, pétrole et gaz, et son impact sur le climat ont donné une nouvelle impulsion au débat sur l’énergie nucléaire. Correctement maîtrisé, le nucléaire possède l’avantage de procurer d’énormes quantités d’énergie durable sans rejeter de gaz à effet de serre.

En Europe, où plusieurs pays ont opté il y a quelques années pour une sortie du nucléaire, la question se pose désormais d’investir dans de nouveaux sites pour faire face aux besoins en énergie des prochaines décennies. Sur notre planète, un milliard d’habitants n’a pas accès à l’eau potable et à l’électricité, il est donc urgent de trouver une source d’énergie qui puisse répondre à ses besoins.

Certes l’énergie nucléaire suscite bien des interrogations sur la sûreté des centrales, les risques d’accident, la maîtrise des rejets ou la gestion des déchets. Des incidents récents ont rappelé que des rejets minimes ne peuvent être exclus, mais ils ont aussi démontré l’efficacité des systèmes de surveillance mis en place autour des centrales.

Ce livre vient à point nommé pour répondre aux interrogations du grand public sur l’état des connaissances scientifiques et industrielles en matière de nucléaire, la densité des réseaux de surveillance, mais aussi le commerce des technologies nucléaires et les problématiques de prolifération. De quoi se faire une opinion citoyenne, en connaissance de cause, grâce à des explications claires et compréhensibles.Voici quelques exemples de questions auxquelles Henri Safa répond dans cet ouvrage Pourquoi parle-t-on énergie nucléaire ? D’où vient la radioactivité ?En quoi une centrale nucléaire diffère-t-elle d’une usine de production d’électricité classique ? Comment est contrôlée la réaction en chaîne ? Quelle est la durée de vie d’un réacteur nucléaire ?Pourquoi le réacteur de Tchernobyl a-t-il explosé ? Peut-on réduire encore le risque d’accident ? Combien de temps faut-il pour que la radiotoxicité disparaisse ? Le prix de l’uranium risque-t-il d’augmenter ? Les besoins mondiaux d’énergie vont-ils continuer de croître ? Le nucléaire suffit-il à couvrir les besoins d’électricité ? Quels avantages la France retire-t-elle de sa capacité électronucléaire ? Pour un monde sans CO2, faut-il développer les usages de l’électricité ?Le Traité de non-prolifération nucléaire joue-t-il son rôle ? Quels progrès concrets apporte l’EPR ? Qu’apporteront les systèmes nucléaires du futur ?

dimanche 21 septembre 2008

"Le milliardaire Warren Buffett souffle à EDF l'américain Constellation Energy"


Pourquoi EDF a-t-elle échouée ? surenchère justifiée par une meilleure synergie, ou intervention géo-politique ?




Au terme d'une opération éclair, Warren E. Buffett a annoncé, jeudi 18 septembre, avoir racheté pour environ 4,7 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) le groupe d'électricité Constellation Energy, dont le titre en Bourse a dévissé depuis le début de la semaine.
Le milliardaire d'Omaha (Nebraska) souffle à EDF - détenteur de 9,51 % du groupe d'énergie - une entreprise qui est à la pointe de la renaissance de l'industrie nucléaire aux Etats-Unis. C'est une déconvenue pour l'électricien français, même si la loi américaine lui interdisait de détenir la majorité dans un groupe d'énergie.



Les choses se sont précipitées, alors qu'EDF mène déjà de difficiles négociations pour le rachat de l'exploitant de centrales nucléaires britanniques, British Energy. Les dirigeants du groupe français suivaient l'effondrement du titre Constellation. Jeudi matin, un conseil d'administration d'EDF s'est réuni pour examiner "la possibilité de renforcer sa position au capital" de son partenaire américain. Quelques heures plus tard, l'entreprise annonçait qu'"à ce stade, l'ensemble des conditions n'étaient pas réunies pour le faire".
Associé à EDF et à Areva pour la construction outre-Atlantique de quatre EPR, le réacteur franco-allemand de troisième génération, Constellation Energy, a vu fondre sa capitalisation boursière en trois séances à New York : de 108 dollars en janvier, l'action est tombée à 25 dollars. De lundi à mercredi, le titre a même dévissé de 68 % à la suite des mises en garde de Standard & Poors. L'agence de notation avait placé la note de Constellation sous surveillance en raison d'une "crise de confiance aiguë".

"OPÉRATION BÉNÉFIQUE POUR TOUS"


Cette arrivée de M. Buffett contredit-t-elle la stratégie de développement d'EDF aux Etats-Unis, un des quatre "pays-cibles" désignés par le groupe et le premier marché nucléaire du monde avec 104 réacteurs en exploitation ? MidAmerican Energy Holdings Company, le fonds appartenant à M. Buffet qui a racheté Constellation, est spécialisé dans l'énergie. "L'opération sera bénéfique pour toutes les parties", a assuré M. Buffett.
Le PDG du fonds, Gregory E. Abel, a précisé que celui-ci approuvait le plan stratégique de Constellation Energy et qu'il laisserait au groupe son "autonomie" pour poursuivre ses objectifs. Il a ajouté que le développement d'une flotte de réacteurs nucléaires dans le cadre du joint-venture UniStar, constitué par EDF et Constellation, va dans le sens de ses engagements pour promouvoir les énergies propres (barrages, éoliennes, géothermie).
Les difficultés de Constellation Energy illustrent l'obstacle sur lequel risque de buter la relance du nucléaire outre-Atlantique : le scepticisme des marchés financiers à l'égard de la rentabilité des centrales nucléaires, qui remonte aux années 1980, quand plusieurs centrales avaient été construites, puis abandonnées. Pourtant, la volonté politique de relancer le nucléaire semble là, pour réduire les gaz à effet de serre, s'affranchir d'un pétrole de plus en plus cher et assurer une plus grande sécurité énergétique aux Etats-Unis.
Le candidat démocrate Barack Obama n'est pas hostile au nucléaire, mais il souhaite pousser les recherches pour rendre les centrales plus sûres, gérer les déchets et éviter toute prolifération. Son rival est plus direct : estimant à 29 % l'augmentation de la demande d'électricité aux Etats-Unis d'ici à 2030, John McCain plaide pour la construction de 45 réacteurs en vingt ans.
A 7 milliards de dollars pièce, la facture s'élèverait à 315 milliards de dollars. Une somme que les industriels et les financiers ne sont pas disposés à débourser sans garanties de l'Etat sur les prêts accordés aux groupes d'électricité. En décembre 2007, le Congrès a accepté de garantir pour 18,5 milliards de dollars de prêts, soit 80 % du prix des trois premiers réacteurs. Quatre groupes se sont portés candidats, dont Constellation Energy et Excelon, premier exploitant de centrales nucléaires aux Etats-Unis. Entre les besoins en énergie et la crise financière, qui va entraîner une sévère restriction des crédits, les arbitrages s'annoncent difficiles.

vendredi 12 septembre 2008

Tchernobyl : un contre-exemple qui n'est pas inéluctable



L'accident de Tchernobyl est le principal motif d'hésitation quant à la place que le nucléaire devra prendre dans les 50 prochaines années.

C'est pourquoi la compréhension de sa genèse (cf. l'article ci dessous rapporté du témoignage publié sur le blog de Libération) est précieuse pour que le "Plus jamais çà" ne soit pas un vain mot.

Si ses effets ont été dramatiques, c'est moins la technologie nucléaire qui est en cause que l'incurie des autorités, l'obsolescence des choix technologiques et l'exigence qui en découlait auprès des ingénieurs, ne souffrant pas la maladresse dramatique qui a été constatée.
Le lancement d'une opération strictement interdite, au pire moment à fait le reste.

A ce titre, la vivacité de la démocratie des pays nucléarisés et leur solvabilité est un outil précieux pour respecter la vie humaine dans les choix politiques.

Indépendamment des débats sur ses conséquences réelles en souffrances humaines, ce gravissime précédent devrait avoir vacciné les autorités de la planète contre la politique de l'autruche en cas de crise.

C'est pourquoi, tout comme pour la Shoah, il vaut mieux en parler au grand jour que de faire silence.

Le grand public est-il capable de nuance ? mettons le débat sur la table !

Est-il en mesure de comprendre qu'on ne jette pas le bébé avec l'eau du bain ? que accident ne rime pas avec inéluctable ?

Chaque victime doit être vécue comme notre propre parent. Chaque mort comme notre principale préoccupation.
Peut-être que chaque concepteur du CEA, de Areva, devrait envoyer son enfant en stage dans une centrale. Cela serait davantage dissuasif afin qu'il ne transige pas sur les critères de sécurité pour des raisons financières ?
Plus généralement, a-t-on le droit d'un point de vue moral de relativiser ce risque et les souffrances induites, ? politiquement incorrect ?
Les quelques milliers de morts et centaines de milliers de victimes sont une conséquence dramatique qui n'aurait pas du se produire dans cette proportion. Mais combien de millions de morts dus au pétrole et au charbon ?!
Quand on sait que 80% des guerres sont dues aux ressources naturelles (qui sait que l'archiduc de Sarajevo et les alliances européennes sont moins la cause de la 1ère guerre mondiale, que l'un des mobiles sous-jacents : la volonté de faire main basse sur le charbon et l'acier de la Ruhr ?
Combien de décès dans les mines ? etc...
- "Pas grave, ils ne sont pas des notres, alors que l'atome pourrait tous ne menacer..." répondra le cynique.

Effectivement le nucléaire n'a pas l'avantage de la décentralisation et de l'autonomie, gage de dispertion du risque géopolitique.

Mais au vu des choix quotidiens de nos concitoyens, force est de constater que nous ne voulons pas de coupures, ni collectivement renoncer au confort de prendre notre voiture dont le pétrole nous est si précieux, ni nombreux à vouloir investir 1000 ou 50 000 euros pour rendre notre maison productrice d'énergie.

Alors veut-on passer par un état directif qui passera en force sur des décisions autoritaires d'économie d'énergie ? Loin s'en faut.

Alors assumons nos choix : payons-en le prix et acceptons d'attendre la révolution énergétique en passant par une nucléarisation transitoire et partielle de notre énergie, adossée au stockage inévitable de ses déchets, en parallèle de la montée des énergies renouvelables.
Sans compter que ces choix d'investissements pourraient permettre de progresser vers des technologies nucléaires sûres et économes en matières premières, et éviter la prolifération.

L'intermittence et la faible productivité du solaire / éolien imposent pour l'instant de trouver des énergies de subsitution aux énergies fossiles carbonées.

Demain, la rentabilité et la capacité de stockage (air comprimé, hydrogène, hydraulique,...) permettra (vite ! ca urge !) de se passer progressivement d'un intense approvisionnement en uranium.

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Après cette longue introduction rectracant un avis personnel, voici le témoignage édifiant qui illustre bien les limites de la fiabilité humaine :


Témoignage

"Voici un texte publié dans le livre culte de Svetlana Alexievitch, La Supplication. Je remercie
l'auteure de m'avoir autorisé à reproduire son texte. Elle avait longuement interrogé Vassili Borissovitch Nesterenko, ancien directeur de l'Institut de l'énergie nucléaire de l'Académie des sciences de Biélorussie.

Monologue sur le pouvoir démesuré d'un homme sur un autre

« Je ne suis pas un homme de plume, je suis physicien. Voilà pourquoi je me bornerai à parler de faits.

Pour Tchernobyl, il faudra bien répondre un jour... Le temps viendra où il faudra payer... Comme pour 1937. Même si ce n'est que dans cinquante ans! Même s'ils sont vieux! Même s'ils sont morts! Ce sont des criminels! (Un silence.) Il faut préserver les faits... On les réclamera !

Ce jour-là, le 26 avril, j'étais à Moscou. En mission. C'est là que j'ai appris pour la catastrophe. J'ai aussitôt appelé Sliounkov, le premier secrétaire du Comité central de Biélorussie, à Minsk, mais on ne me l'a pas passé. J'ai renouvelé l'appel à plusieurs reprises, jusqu'à tomber sur l'un de ses assistants qui me connaissait très bien.

- Je téléphone de Moscou. Passez-moi Sliounkov ! J'ai des informations urgentes. Au sujet de l'accident...J'appelais sur une ligne gouvernementale, mais l'affaire était déjà strictement confidentielle. Dès que j'ai mentionné l'accident, la liaison a été coupée. Bien sûr, tout était écouté. Inutile de préciser par qui. Les organes concernés. L'Etat dans l'Etat. Et le fait que moi, le directeur de l'Institut de l'énergie nucléaire de l'Académie des sciences de Biélorussie, membre correspondant de l'Académie des sciences, jevoulais parler au premier secrétaire du Comité central n'y changeait rien. Le secret s'étendait à moi aussi. Il me fallut batailler pendant deux heures pour que Sliounkov daigne enfin se saisir du combiné.

- C'est un grave accident. Selon mes calculs, (j'avais déjà pu contacter un certain nombre de personnes à Moscou et obtenir des informations), le nuage radioactif avance vers vous. Vers la Biélorussie. Il faut immédiatement traiter préventivement à l'iode toute la population et évacuer ceux qui vivent à proximité de la centrale. Il faut évacuer les gens et le bétail dans un rayon de cent kilomètres.

- On m'a déjà fait un rapport, m'a répondu Sliounkov. Il y a bien eu un incendie, mais il a été maîtrisé.Je n'ai pas pu me retenir.

- On vous trompe ! C'est un mensonge. N'importe quel physicien vous dira que le graphite se consume à raison de cinq tonnes à l'heure. Vous pouvez déterminer vous-même combien de temps il va brûler !J'ai pris le premier train pour Minsk. Après une nuit sans sommeil, au matin, j'étais chez moi. J'ai mesuré la thyroïde de mon fils : cent quatre-vingts microröntgens à l'heure ! La thyroïde est un parfait dosimètre. Il fallait de l'iode. De l'iode ordinaire. Deux à trois gouttes pour les enfants dans un demi-verre d'eau. Trois à quatre gouttes pour les adultes. Le réacteur allait brûler pendant dix jours, il fallait faire ce traitement pendant dix jours. Mais personne ne nous écoutait, nous autres, lesscientifiques, les médecins. La science a été entraînée dans la politique... La médecine, dans la politique. Et comment donc! Il ne faut pas oublier dans quelle situation nous nous trouvions, il y a dix ans. Le K.G.B. fonctionnait, on brouillait les radios occidentales. Il y avait des milliers de tabous, de secrets militaires, de secrets du parti... De plus, nous avions été élevés dans l'idée que l'atome pacifiquesoviétique n'était pas plus dangereux que le charbon ou la tourbe. Nous étions paralysés par la peur et les préjugés. Par la superstition de la foi... Mais restons-en aux faits ! Rien qu'aux faits...Dès mon retour, le 27 avril, j'ai décidé d'aller constater par moi-même la situation dans la région de Gomel, à la frontière ukrainienne, dans les chefs-lieux de district de Braguine, Khoïniki et Narovlia qui se trouvent à quelques dizaines de kilomètres à peine de la centrale. J'avais besoin d'une information complète. J'ai emporté des instruments pour mesurer le fond. À Braguine : trente mille microröntgens à l'heure; à Narovlia: vingt-huit mille... Les gens travaillaient la terre, préparaient la fête de Pâques, peignaient des oeufs, faisaient des gâteaux...

- Quelle radiation ? De quoi s'agit-il ? Il n'y a eu aucun ordre. La direction demande des rapports surl'avancement et le rythme des semailles.On me prenait pour un fou.

- De quoi parlez-vous, professeur ?" Röntgens, microröntgens... Un langage d'extraterrestre...Retour à Minsk. Sur l'avenue principale, on vendait des pirojki farcis à la viande hachée, des glaces, des petits pains. Sous le nuage radioactif... Le 29 avril. Je m'en souviens avec exactitude... À huit heures du matin, j'attendais déjà dans l'antichambre de Sliounkov. Même si j'insistais, faisais du forcing, personne n'acceptait de me recevoir. À cinq heures et demie du soir, un célèbre poète biélorusse est sorti du bureau de Sliounkov. Nous nous connaissions bien.

- Avec le camarade Sliounkov, me dit-il, nous avons abordé les problèmes de la culture biélorusse.J'explosai :

- Mais bientôt, il n'y aura plus personne pour développer cette culture. Il n'y aura plus de lecteurs pour vos livres, si nous n'évacuons pas d'urgence les environs de Tchernobyl. Si nous ne les sauvons pas !

- Mais de quoi parlez-vous? On m'a dit que l'incendie a déjà été éteint.Je suis finalement parvenu à me frayer un chemin jusqu'à Sliounkov et à lui décrire le tableau que j'avais vu la veille. Il fallait sauver tous ces gens ! En Ukraine (j'avais téléphoné), l'évacuation avait déjà commencé...

- Pourquoi est-ce que les dosimétristes de votre Institut courent partout dans la ville en semant la panique ? me demande-t-il. J'ai consulté l'académicien Iliné, à Moscou. Selon ses services, tout est normal, ici... Une commission gouvernementale est au travail, là-bas. Et le parquet. L'armée, les moyens techniques militaires sont déjà sur place pour colmater la brèche.Des milliers de tonnes de césium, d'iode, de plomb, de zirconium, de cadmium, de béryllium, de bore et une quantité inconnue de plutonium (dans les réacteurs de type RBMK à uranium-graphite du genre de Tchernobyl, on enrichissait du plutonium militaire qui servait à la production des bombes atomiques) étaient déjà retombées sur notre terre. Au total, quatre cent cinquante types de radionucléides différents. Leur quantité était égale à trois cent cinquante bombes de Hiroshima. Il fallait parlerde physique, des lois de la physique. Et eux, ils parlaient d'ennemis. Ils cherchaient des ennemis !Tôt ou tard, ils auront à répondre de cela.

- Vous allez vous justifier, disais-je à Sliounkov, en prétendant que vous êtes un constructeur de tracteurs (il avait dirigé une usine de tracteurs avant de faire carrière dans le parti) et que vous ne comprenez rien à la radiation. Mais moi, je suis physicien et j'ai une bonne connaissance des conséquences de la catastrophe.Mais comment ? Un physicien quelconque osait donner des leçons au Comité central ? Non, ce n'étaient pas des criminels, mais des ignorants. Un complot de l'ignorance et du corporatisme. Le principe de leur vie, à l'école des apparatchiks: ne pas sortir le nez dehors. On devait justement promouvoir Sliounkov à un poste important, à Moscou. C'était cela. Je pense qu'il a dû recevoir un coup de fil du Kremlin, de Gorbatchev: Surtout pas de vagues, ne semez pas la panique, il y a déjà assez de bruit autour de cela en Occident. Les règles du jeu étaient simples: si vous ne répondez pas aux exigences de vos supérieurs, vous ne serez pas promu, on ne vous accordera pas le séjour souhaité dans une villégiature privilégiée ou la datcha que vous voulez ... Si nous étions restés dans un système· fermé, derrière le rideau de fer, les gens seraient demeurés à proximité immédiate de la centrale. On y aurait créé une région secrète, comme à Kychtyrn ou Semipalatinsk1. Nous sommes dans un pays stalinien. Il est encore stalinien à ce jour...Dans les instructions de sécurité nucléaire, on prescrit la distribution préventive de doses d'iode pour l'ensemble de la population en cas de menace d’accident ou 1 En 1957, un accident nucléaire (une explosion chimique dans une cuve contenant des déchets radioactifs) se produisit dans la ville secrète de Tcheliabinsk-40, près de la localité de Kychtym, dans l'Oural, contaminant une zone de plus de mille kilomètres carrés. C'est notamment à Semipalatinsk, au Kazakhstan, qu'étaient testées les bombes nucléaires et thermonucléaires soviétiques. (N.d.T.) d'attaque atomique. En cas de menace ! Et là, trois mille microröntgens à l'heure... Mais les responsables ne se faisaient pas du souci pour les gens, ils s'en faisaient pour leur pouvoir. Nous vivons dans un pays de pouvoir et non un pays d'êtres humains. L'État bénéficie d'une priorité absolue. Et la valeur de la vie humaine est réduite à zéro. On aurait pourtant bien pu trouver des moyens d'agir ! Sans rien annoncer et sans semer la panique... Simplement en introduisant des préparations à l'iode dans les réservoirs d'eau potable, en les ajoutant dans le lait. Les gens auraient peut-être senti que l'eau et le lait avaient un goût légèrement différent, mais cela se serait arrêté là. La ville était en possession de sept cents kilogrammes de ces préparations qui sont restées dans les entrepôts... Nos responsables avaient plus peur de la colère de leurs supérieurs que de l'atome. Chacun attendait un coup de fil, un ordre, mais n'entreprenait rien de lui-même. Moi, j'avais toujours un dosimètre dans ma serviette. Lorsqu'on ne me laissait pas entrer quelque part (les grands chefs finissaient par en avoir marre de moi !), j'apposais le dosimètre sur la thyroïde des secrétaires ou des membres du personnel qui attendaient dans l'antichambre. Ils s'effrayaient et, parfois, ils me laissaient entrer.

- Mais à quoi bon ces crises d'hystérie, professeur? me disait-on alors. Vous n'êtes pas le seul à prendre soin du peuple biélorusse. De toute manière, l'homme doit bien mourir de quelque chose: le tabac, les accidents de la route, le suicide.Ils se moquaient des Ukrainiens qui "se traînaient à genoux" au Kremlin en quémandant de l'argent, des médicaments, des dosimètres (dont on ne disposait pas en quantité suffisante). Notre Sliounkov, lui, s'est borné à faire un bref rapport: "Tout est normal. Nous surmonterons les problèmes par nos propres moyens." On le félicita: "Bravo, les petits frères biélorusses !"Mais combien de vies ont-elles coûté, ces félicitations ? Je sais bien que les chefs, eux, prenaient de l'iode. Lorsque les gars de notre Institut les examinaient, ils avaient tous la thyroïde en parfait état. Cela n'est pas possible sans iode. Et ils ont envoyé leurs enfants bien loin, en catimini. Lorsqu'ils se rendaient en inspection dans les régions contaminées, ils portaient des masques et des vêtements de protection. Tout ce dont les autres ne disposaient pas. Et aujourd'hui on sait même qu'un troupeau de vaches spécial paissait aux environs de Minsk. Chaque animal était numéroté et affecté à une famille donnée. À titre personnel. Il y avait aussi des terres spéciales, des serres spéciales... Un contrôle spécial... C'est le plus dégoûtant... (Après un silence.) Et personne n'a encore répondu de cela...Lorsque l'on a cessé de me recevoir et de m'écouter, je les ai inondés de lettres et de rapports. J'envoyais des cartes, des chiffres à toutes les instances. J'ai constitué un dossier: quatre chemises de deux cent cinquante feuilles chacune. Des faits, rien que des faits. J'en ai pris une copie. Je gardais l'un des deux exemplaires au bureau et cachais l'autre à la maison. C'est ma femme qui s'en est chargée. Pourquoi cette copie ? Nous vivons dans un pays bien particulier... Je fermais toujours personnellement mon bureau. Au retour d'une mission, mes dossiers avaient disparu... Mais j'ai grandi en Ukraine. Mes ancêtres étaient des Cosaques. J'ai le caractère cosaque. J'ai continué d'écrire. De faire des conférences. Il fallait sauver les gens. Les évacuer d'urgence ! Nous avons multiplié nos missions d'enquête. Notre Institut a dressé la première carte des régions contaminées... Tout le sud de la république. Mais tout cela, c'est déjà de l'histoire... L'histoire d'un crime !L'Institut s'est vu confisquer - sans explication - tous les appareils destinés au contrôle des radiations. On me téléphonait à la maison, pour me menacer:

- Arrêtez de faire peur aux gens, professeur. Nous allons vous exiler dans des contrées éloignées. Vous ne devinez pas où ? Eh bien , vous avez la mémoirecourte. On exerçait aussi des pressions sur les employés de l'Institut. On les intimidait de lamême manière.J'ai écrit à Moscou ...Platonov, le président de notre Académie des sciences, m'a convoqué.

- Le peuple biélorusse se souviendra un jour de toi, car tu as beaucoup fait pour lui. Mais tu n'aurais pas dû écrire à Moscou. Tu n'aurais pas dû ! Maintenant, on exige que je te limoge. Pourquoi as-tu écrit? Ne comprends-tu pas à quoi tu t'attaques? J'avais des chiffres, des cartes. Et eux? Ils pouvaient m'interner en asile psychiatrique. En tout cas, ils m'ont menacé de le faire. Ils pouvaient organiser un accident de voiture. Ils m'ont prévenu de cela, aussi. Ils pouvaient également ouvrir une information judiciaire pour activités antisoviétiques. Ou pour escroquerie, par exemple, à cause d'une caisse de clous qui n'avait pas été enregistrée par l'économe de l'Institut.Une enquête a été ouverte... Et ils ont obtenu le résultat souhaité: j'ai été victime d'un infarctus... (Il se tait.)J'ai tout marqué. Tout est dans le dossier. Rien que des faits...Nous examinions les enfants dans les villages... Garçons et filles... Mille cinq cents, deux mille, trois mille microrëntgens... Plus de trois mille... Ces filles ne pourront jamais être mères. Elles ont des séquelles génétiques... Un tracteur labourait un champ. J'ai demandé au représentant du comité de district du parti, qui nous accompagnait:

- Le tractoriste est-il au moins protégé par un masque ?

- Non, ils travaillent sans.

- Pourquoi ? Vous n'en avez pas ?

- Pas du tout ! Nous en avons, en quantité suffisante au moins jusqu'à l'an deux mille. Mais nous ne les distribuons pas pour éviter la panique. Tout le monde s'enfuirait !

- Vous rendez-vous compte de ce que vous faites ?

- Bien sûr, pour vous c'est facile de discuter, professeur. Si on vous chasse de votre travail vous en trouverez un autre. Mais moi, où j'irais ?Vous vous rendez compte de l'étendue de ce pouvoir !Un pouvoir illimité d'une personne sur quelqu'un d'autre. Ce n'est plus de la tromperie. C'est une guerre. Une guerre contre des innocents !Nous avancions le long du Pripiat. Des familles entières y passaient leurs vacances, en camping. Les gens se baignaient, bronzaient. Ils ignoraient que, depuis quelques semaines, ils se prélassaient sous un nuage radioactif. Il nous était strictement interdit d'entrer en contact avec la population, mais j'ai vu des enfants... Je me suis approché pour leur parler. Les gens étaient perplexes: "Et pourquoi personne n'enparle, à la radio et à la télé ?" Notre accompagnateur se taisait. Nous étions toujours escortés par un représentant des autorités locales. C'étaient les ordres ... Je pouvais voir sur son visage le dilemme qui se posait à lui: cafarder ou ne pas cafarder ? Mais, en même temps je voyais qu'il avait pitié de ces gens. C'était tout de même un homme normal... Mais j'ignorais quel sentiment l'emporterait, à notre retour. Rapporterait-il ou non ? Chacun faisait son choix... (Il demeure silencieux).Que devons-nous faire aujourd'hui de cette vérité? S'il y avait une autre explosion, tout recommencerait. Nous sommes toujours un pays stalinien... Et l'homme stalinien vit toujours... »"

lundi 8 septembre 2008

Les candidats ont changé leur position sur le thème de l'énergie

Ou comment l'homme gaspille les ressources de la planète au grès de ses humeurs : le litre 0,90 dollars ? on reprend les forages !




Le Monde :
"Hier susceptibles de "condamner à la défaite tout homme politique", les forages offshore "sentent maintenant comme un bouquet de roses", ironise la politologue californienne Susan Estrich. Une seule explication : le prix du litre d'essence à la pompe. A près de 5 dollars le gallon (0,90 euro le litre), il a doublé en deux ans : lèse-majesté pour le mode de vie des Américains. Susan Estrich, qui finance trois voitures, constate que son budget mensuel d'essence est supérieur à ce qu'elle remboursait pour l'emprunt de sa première voiture. Tout aspirant à la Maison Blanche se devait de songer à soulager les automobilistes américains, quitte à opérer des virages à 180 degrés, estime-t-elle. C'est précisément ce qu'ils ont fait.

Soucieux à l'époque de protéger l'environnement, le républicain John McCain a plusieurs fois voté, au Sénat, contre la levée du moratoire sur les forages en mer, en vigueur depuis 1981. Il les approuve depuis que les prix à la pompe ont fortement grimpé, en juin. Du coup, les lobbyistes du secteur pétrolier ont accepté de contribuer financièrement à sa campagne. Ils ont été davantage encouragés par le choix de sa colistière. Sarah Palin, gouverneure de l'Alaska, est partisane de l'exploitation pétrolière et gazière en mer, y compris dans l'Arctique. L'Alaska produit 720 000 barils par jour mais en fournissait trois fois plus il y a vingt ans.
Barack Obama a d'abord campé sur son refus des forages en mer, estimant que ces projets "ne produiraient pas une seule goutte de pétrole avant au moins sept ans". "Gonfler correctement les pneus des véhicules et régler les moteurs permet d'économiser autant de carburant" que ce que ne produiront les forages offshore, avait-il ajouté. Le candidat démocrate a amendé sa position : il accepterait l'exploitation de certains champs (au large de la Floride, notamment), à condition que les compagnies pétrolières épuisent les droits de forage dont elles disposent sur le continent. Encore opposé, début juillet, à la proposition républicaine de puiser dans les réserves stratégiques américaines de pétrole (sauf en cas de "véritable urgence"), il a changé d'avis, début août, estimant que la vente de 10 % de ces réserves de 700 millions de barils contribuerait à faire baisser le prix de l'essence.
John McCain, qui cite la France en exemple en matière d'indépendance énergétique, prône la construction de 45 réacteurs nucléaires d'ici à 2030. Barack Obama affiche dorénavant moins de réticences face au nucléaire, à condition "de rechercher les moyens de stocker les déchets de façon sûre". "Soyons sérieux, implore Susan Estrich. Quelle que soit l'issue du scrutin présidentiel, le prix de l'essence ne baissera pas avant très longtemps." "
Un complément sur le site de Challenges.

Début de la construction de la centrale nucléaire de Béléné en Bulgarie




Une nouvelle génération de centrale, pour un nucléaire enfin sur.





BELENE (Bulgarie) - Le Premier ministre bulgare Serguei Stanichev a posé mercredi la première pierre de la deuxième centrale nucléaire bulgare à Béléné, sur le Danube, après la fermeture partielle de la centrale de Kozlodoui.
"L'énergie nucléaire et le développement de Béléné garantira au pays une indépendance énérgétique", a-t-il déclaré lors de la cérémonie.
La centrale sera composée de deux tranches de 1.000 MW chacune et de nouvelle génération dont la première doit commencer à produire de l'électricité en décembre 2013 et la seconde en juin 2014, a précisé le ministre de l'Economie et de l'Energie Petar Dimitrov.
Le contrat pour Béléné d'une valeur de 3,977 milliards d'euros a été signé le 18 janvier dernier lors d'une visite de l'ex-président russe Vladimir Poutine à Sofia. Il sera réalisé par la société russe Atomstroyexport avec comme sous-traitant un consortium franco-allemand Areva-Siemens chargé notamment des systèmes de sécurité. La banque française BNP Paribas gèrera le processus du financement de la construction.
La centrale de Béléné est la première réalisation du groupe russe Atomstroyexport dans un pays de l'Union européenne. Les réacteurs seront du type VVER à eau pressurisée et d'un nouveau modèle, V-466, dont aucun exemplaire n'a encore été installé en Europe, mais qui fonctionne déjà en Chine et en Iran.
"Projet unique, Béléné sera la centrale la plus fiable, sûre et efficace dans ce projet russo-européen d'Atomstroyexport et du consortium (...) Areva-Siemens", a souligné le président d'Atomstroyexport Leonid Reznikov.

dimanche 7 septembre 2008

"L'énergie solaire photovoltaïque est en phase de décollage"



Patience, le photovoltaique arrive ! aidons le !





"Quelle fête ! Les industriels et scientifiques du photovoltaïque n'en finissent pas de s'étonner : jamais ils n'avaient été aussi nombreux à se réunir. La 29e Conférence de l'énergie solaire photovoltaïque, qui doit s'achever, vendredi 5 septembre, à Valence, a réuni plus de 4 000 chercheurs et un millier d'exposants. Cette affluence est à l'image d'un marché qui a explosé depuis plusieurs années, à la suite de l'instauration en Allemagne, en 2000, d'un tarif de rachat avantageux de l'électricité produite par les panneaux solaires.

Une augmentation de 40 % par an des capacités installées dans le monde, un chiffre d'affaires mondial de 24 milliards d'euros, une capacité de production installée de 3 800 mégawatt-crête (MWc) en 2007 : l'énergie photovoltaïque est sortie de la marginalité. Et les perspectives sont plus qu'encourageantes : les analystes financiers voient le marché passer à 5 000 MWc en 2008, 7 000 en 2010, et jusqu'à 20 000 en 2012.
Mais, avec la maturité, pourrait survenir la première crise : "On peut aller vers une situation où l'on produit plus que le marché ne peut absorber", avertit Winfried Hoffmann, vice-président de l'European Photovoltaic Industry Association (EPIA). Il pourrait donc y avoir une "consolidation du secteur", c'est-à-dire la disparition de plusieurs entreprises dans un marché qui a pris des allures de ruée vers l'or. Deuxième effet, plus favorable : une baisse de prix permettant de relancer la demande.
"Le problème est que le marché est concentré sur cinq pays, l'Allemagne, les Etats-Unis, l'Espagne, le Japon et l'Italie, observe Ernesto Macias, président de l'EPIA. Et si l'Europe assure 75 % de la consommation, elle ne couvre que 24 % de l'approvisionnement. Les autres pays devraient faire des efforts pour développer leurs marchés." Clairement visée, la Chine, qui s'assure une part grandissante de la production de panneaux solaires - Suntech est ainsi devenue en quelques années une des premières firmes du secteur -, mais dont la consommation reste très faible, avec 100 MW en 2007.
Le photovoltaïque est-il déjà en surchauffe ? "La récession économique refroidit l'enthousiasme des investisseurs, observe Stephan Droxner, analyste pour le cabinet LBBW. Et l'on sent monter les critiques de responsables politiques sur le coût des mesures de soutien au photovoltaïque."
Ainsi, en Espagne, le marché devrait se contracter à la suite de la décision du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero de limiter l'aide au photovoltaïque à 300 MWc installés en 2009. Mais d'autres marchés pourraient décoller, notamment la France, qui a adopté un tarif de rachat de 57 centimes par kilowattheure (kWh) : "EDF est dépassée par le succès, observe Jean-Louis Bal, de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Elle traite 800 raccordements d'installations solaires au réseau chaque mois."
Si le solaire doit traverser une crise de croissance, celle-ci ne devrait être que passagère. C'est que la ressource est immense : "Elle est dix mille fois supérieure à la consommation électrique actuelle de l'humanité, observe le chercheur Jean-François Guillemoles. Et c'est une quantité inépuisable pour des millions d'années."
PARITÉ AVEC LE RÉSEAU D'ICI 2020
Daniel Lincot, président du comité scientifique du congrès de Valence, complète : "En moyenne, en France, un mètre carré de sol reçoit chaque année 1 mégawattheure. Si on récupère 10 % de cette énergie, cela représente 16 litres de pétrole ; 5 000 km2 assureraient toute la consommation électrique du pays, soit 540 terawattheure." Pour ses promoteurs, le solaire est l'énergie de l'avenir. Selon Hans-Josef Fell, député au Bundestag, "le photovoltaïque a la capacité de remplacer dans quelques décennies l'énergie nucléaire en Allemagne".
Ces perspectives appartiennent cependant encore au domaine du rêve : le coût de production de l'électricité photovoltaïque reste très élevé, allant, selon les pays, de 30 à 60 centimes d'euros par kWh. Les experts estiment cependant que la "parité avec le réseau", c'est-à-dire l'égalité entre le coût de production d'un kWh par une maison équipée et le prix facturé par le réseau pour fournir ce kWh à la maison, sera atteinte d'ici 2020. La recherche progresse en effet rapidement, tandis que le développement de l'industrie fait baisser les prix par économie d'échelle. D'immenses possibilités existent aussi dans l'électrification rurale des pays pauvres.
Le secteur devra cependant prendre en compte l'environnement, qui ne se réduit pas à l'absence d'émission de gaz carbonique. "On peut raisonnablement équiper l'Europe de 50 000 MW en photovoltaïque, assure Wolfgang Palz, qui a piloté jusqu'en 2002 les énergies renouvelables à la Commission européenne. Mais il ne faut pas se leurrer : cela signifie des panneaux vraiment partout. Il faudra chercher une bonne intégration. Or tous ces industriels qui veulent de l'argent facile ne cherchent pas à faire de jolies photopiles."
Si le photovoltaïque a vocation à équiper les toits des bâtiments, il peut aussi passer par des centrales qui occupent une très grande surface au sol. Mais il faudra démontrer que c'est le meilleur usage qu'on puisse faire de celui-ci.
Les acteurs du solaire assurent que leur souci est altruiste : "Il y a un caractère d'urgence qui donne une particularité à cette communauté, affirme Daniel Lincot. Nous voulons résoudre un problème collectif, pas simplement produire plus de choses, comme d'autres secteurs tels l'automobile ou les écrans plats."
Hervé Kempf"

Existe-t-il une énergie idéale ?

De l'hypocrisie du discours ambiant, quelques réflexion utiles ?





Existe-t-il une énergie idéale ?

"Energies renouvelables, nucléaire, fossiles : le champ des possibles est aujourd’hui largement ouvert. Mais existe-t-il réellement un type d’énergie qui réponde à la fois aux impératifs environnementaux, aux logiques économiques, et aux souhaits des parties prenantes ?

L’engouement démesuré pour les agrocarburants touche à sa fin. Si de nombreux pays en font encore l’apologie, Brésil en tête (voir article lié), un rapport confidentiel de la Banque Mondiale, rendu public début juillet 2008 par le quotidien britannique The Guardian, leur attribue en grande partie la responsabilité de la hausse des prix des denrées alimentaires, entre 2002 et 2008. Déforestation, monopolisation des terres arables, coût environnemental de production : l’envers du décor du « pétrole vert » noircit sérieusement le tableau. Au point que l’Union européenne reconsidère depuis peu la question. Le Centre de recherche de la Commission, sollicité pour évaluer l’intérêt d’incorporer 10 % d’agrocarburants dans les directives du paquet climat-énergie, a rendu en janvier 2008 un verdict peu optimiste. « L’incertitude est trop grande pour pouvoir déterminer si l’objectif de 10 % de biocarburants développé par l’UE, conduira ou non à une réduction des gaz à effets de serre (GES)» (voir article lié). Voilà qui oblige les ministres européens à regarder d’un autre œil les 20% d’énergie renouvelable à atteindre d’ici 2020.

Le nucléaire, entre dépendance énergétique et économique

Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le nucléaire devrait assurer 13% des besoins mondiaux en électricité en 2030. Un chiffre certes en baisse (il assurait 16% des besoins dans les années 80), mais qui dénote une dépendance pérenne à ce type d’énergie. D’autant que, si la question du stockage des déchets déclenche généralement des réactions épidermiques, celle de l’impact économique du nucléaire est moins souvent abordée. Pourtant, le prix de l’uranium a été multiplié par 15 entre 2001 et 2007, et les coûts élevés de construction, maintenance et démantèlement des centrales font craindre aux antinucléaires une répercussion sur les générations futures (voir article lié). L’énergie nucléaire, non renouvelable, ne peut donc satisfaire les ambitions européennes. Elle divise d’ailleurs les pays de l’Union, dont les politiques en la matière divergent parfois radicalement. Nicolas Sarkozy la considère comme « plus que jamais une industrie d'avenir et une énergie indispensable », alors que l’Allemagne entame (certes difficilement) sa sortie du nucléaire.

La protection de l’environnement comme outil de communication

Refuser le nucléaire conduit parfois à des attitudes contradictoires. Pour faire face à une forte augmentation de la demande énergétique, les Pays Bas ont fait le choix du charbon : quatre centrales devraient voir le jour d’ici les quarante prochaines années, dont une pour alimenter le port de Rotterdam (voir article lié). Grands promoteurs du recyclage des déchets et de la réduction des émissions de GES, les néerlandais n’en choquent pas moins les ONG environnementales. Pour Greenpeace, « cette technologie d'un autre âge est une véritable aberration en cette période de lutte contre les changements climatiques. » Pourtant, le cas néerlandais n’est pas isolé. Le géant énergétique allemand E.on prévoit en effet la construction d’une centrale à Anvers, et de deux autres en Allemagne (voir article lié). Entre d’un côté un discours rassurant et prometteur sur la réduction des émissions de GES, souvent étayé par l’appartenance à des fonds ISR, et de l’autre, une politique énergétique loin d’assurer les objectifs européens, le fossé a de quoi faire grincer des dents. « Bayer [multinationale chimique allemande qui accueillera l’une des centrales d’E.on] jette de la poudre aux yeux pour cacher que, depuis des lustres, il fait partie des entreprises les plus émettrices », fustige Juergen Rochlitz, membre de la Commission pour la sécurité des implantations industrielles allemandes. Si tant est qu’il existe une énergie idéale pour préserver la planète, il faudra aussi dépasser le jeu des chiffres et de la communication."


L’accord nucléaire Argentine-Brésil : énergie ou géopolitique ?

Si Greenpeace affiche systématiquement sa crainte que les projets annoncés soient malintentionnés, ces critiques venant des ONG ont le mérite d'exiger des explications sur les choix rarement expliqués au grand public par les décideurs de notre monde moderne.
Seule la peur et l'anxiété motive les grands média à rapporter ces évenements.
Certains en font leur fond de commerce (ONG et médias justement).

Mais internationaliser les sociétés d'énergies nuclaires est le gage d'une neutralité relative et de moyens pour une sécurité accrue.


C'est en tout cas le pari que l'on peut faire à l'annonce du projet ci-dessous:





Mondialisation.CA :





"Les présidents du Brésil et de l’Argentine vont annoncer le 6 septembre à Recife (Brésil) la création d’une entreprise binationale d’énergie nucléaire. La nouvelle entreprise se consacrera non seulement à la production d’énergie électrique, mais aussi au retraitement d’uranium, à ses usages médicaux et agricoles et éventuellement à son utilisation pour des sous-marins atomiques, selon des informations de la presse argentine. Cette entreprise ne se limitera pas à l’aire géographique de ces deux pays mais espère s’étendre à toute l’Amérique du Sud, où selon le gouvernement brésilien entre 12 et 15 centrales nucléaires se construiront d’ici 2030.

Lula et Cristina, copains comme cochons

Le président d’Industrias Nucleares du Brésil, Alfredo Tranjan Filho, a déclaré au périodique O Estado de São Paulo qu’il “serait plus efficace de créer une entreprise nationale large, qui se consacre non seulement à l’enrichissement de l’uranium mais aussi à d’autres opportunités et besoins des pays et du marché élargi d’Amérique du Sud dans les domaines de la santé, de l’agriculture et de la radiologie”. La compagnie se positionnerait comme un des fournisseurs mondiaux d’uranium enrichi, ce qui est un des objectifs du gouvernement brésilien, selon Tranjan. « En plus des projets du Chili, de l’Uruguay, du Pérou et du Venezuela d’installer des centrales nucléaires, l’Argentine compte sur deux usines en service, entend achever Atucha II et prévoit de construire deux autres usines. Le Brésil maintient Angra I, Angra II, et construira Angra III en 2014 et 6 autres usines d’ici 2030. »"



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