vendredi 26 décembre 2008

Crise : Le nucléaire résistera bien

THE WALL STREET JOURNAL

L'énergie nucléaire est en vogue. L'agence de l'énergie atomique, AEIA, prévoit que l'électricité produite par des réacteurs nucléaires pourrait doubler d'ici 2030.

Les producteurs d'énergie, qui craignent de devoir affronter une pénurie d'uranium, cherchent à régenter leurs fournisseurs. Le groupe Kansai Electric Power - qui consomme environ un tiers de la consommation d'uranium du Japon -- prévoit par exemple d'acheter des mines. Le niveau élevé de la demande pourrait ainsi faire de l'uranium une des matières premières les moins sensibles à un ralentissement économique. Une centrale nucléaire est le type même de projet d'infrastructure qu'un gouvernement peut toujours financer pendant un ralentissement économique, même si le temps nécessaire à la construction implique que les actionnaires soient préparés à un investissement de longue haleine.

Du côté de l'offre, la restriction du crédit a compliqué le creusement de nouvelles mines. Les problèmes de court terme, comme l'innondation de l'importante mine de Cigar Lake au Canada, pèsent également sur la production.

Les prix de l'uranium et les actions des sociétés du secteur des métaux n'ont certes pas été immunisés contre les turbulences des marchés. Le prix du métal au comptant a chuté de 40% cette année. Mais cela reflète en partie la sortie précipitée des fonds alternatifs. Les analystes soulignent que les prix des contrats à terme se tiennent beaucoup mieux.

Dans le même temps, les transactions se multiplient. L'Australie a livré pour la première fois de l'uranium à la Chine le mois dernier. La semaine dernière, le groupe indien Nuclear Power Corp a négocié avec Areva pour créer une chaîne d'approvisionnement en Inde, ce qui serait le premier accord de ce type avec un acteur étranger dans un pays où pas moins de 14 centrales nucléaires doivent être construites. L'augmentation potentielle des capacités et la consommation quotidienne des réacteurs procurent donc un avenir brillant à l'uranium- du moins si on le compare aux matières premières plus cycliques. - Nisha Gopalan et Mohammed Hadi, THE WALL STREET JOURNAL

samedi 8 novembre 2008

"La Finlande veut réduire sa consommation d'énergie"

C'est vrai qu'avec leurs températures, si les finlandais y arrivent, l'Europe du Sud ne devrait pas avoir trop de mal à le faire ...
L'éternelle lucidité des pays scandinaves...

Enerzine :

"Le gouvernement finlandais a présenté son programme énergétique, qui repose sur la réduction de la consommation d'énergie et l'augmentation de la part des énergies renouvelables pour répondre aux objectifs de l'UE et atteindre l'auto-suffisance énergétique. La Finlande n'écarte pas l'énergie nucléaire pour autant.

Le ministre de l'économie Mauri Pekkarinen a mis l'accent sur le développement de la construction économe et à émissions réduites, sur la construction de centrales à faibles émissions, ainsi que sur les énergies éolienne et hydraulique. L'énergie devra également s'appuyer sur l'utilisation du bois, des déchets, ainsi que sur la généralisation des pompes à chaleur et du biogaz.

Pour le ministre, la réduction des émissions du pays proviennent en majorité de la production d'énergie et de l'industrie.

La Finlande s'est fixé un objectif de 38% d'énergies renouvelables, contre 29% aujourd'hui. Un objectif considéré comme réaliste à la seule condition d'inverser la tendance à la hausse de la consommation énergétique, en particulier provenant du logement, de la construction et des transports.

La proposition doit être débattue au Parlement, et pourrait être adoptée dans quelques mois."

"Obama tiendra-t-il son programme écologique ?"

Naturavox :

150 millards de dollars pour les énergies renouvelables

Quel programme écologique appliquera le nouveau président des Etats-Unis d’Amérique ?Les sites "Cent pour cent naturel" et Greenpod évoquent chacun à leur manière (écrit et vidéo de 3 minutes) les positions du candidat démocrate Barack Obama.

Les aspects positifs du programme

Obama a promis, malgré la crise financière actuelle, 150 milliards de dollars pour financer les énergies renouvelables au cours des dix prochaines années. Ce programme doit rendre l’Amérique indépendante d’un point de vue énergétique, créer 5 millions d’emplois (les green jobs) et la mettre à la pointe de la technologie dans un secteur économique crucial pour l’avenir.

10% de l’électricité consommée aux Etats-Unis devrait ainsi être issue de sources renouvelables d’ici à 2012 et 25% en 2025, permettant d’éliminer, d’ici à dix ans, l’équivalent des importations de pétrole du Moyen-Orient et du Vénézuela réunis.

Obama a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80% par rapport au niveau de 1990 d’ici à 2050, et de réduire la dépendance des Etats-Unis au pétrole de 35% d’ici 2030.

Supprimer les réductions d’impôts dont bénéficie l’industrie du pétrole et du gaz.

Il souhaite l’instauration immédiate d’un marché de permis à polluer, comparable au marché carbone européen.

Il est pour un accord international sur le réchauffement climatique, et a déclaré que les Etats-Unis feraient le premier pas dans ce sens.

Il souhaite également instaurer un seuil contraignant d’émissions de gaz à effet de serre pour les constructeurs automobiles.

4 milliards en crédits d’impôts et garanties de prêts seront consacrés aux usines et fabricants d’équipements automobiles, afin de garantir des véhicules propres "made in USA".

Obama a fixé un objectif de 1 million de voitures hybrides sur les routes américaines en 2015.

Il est également partisan de la mise en place de nouvelles normes plus ambitieuses pour les performances énergétiques des bâtiments et d’une refonte de la « grille nationale électrique ».

Il s’est activement opposé à l’ouverture du refuge arctique aux exploitations pétrolières.

Obama n’acceptera pas de nouvelles centrales nucléaires tant que la sécurité n’en n’aura pas été améliorée. Autrement dit qu’une solution pour les déchets soit préalablement trouvée, et surtout « à un coût économique acceptable ».

Il n’est pas opposé au lancement de nouveaux forages au large des côtes américaines si elles font partie d’un programme plus large et cohérent.

Des mesures plus discutables

Obama n’a pas semblé prêt à demander aux américains de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre si les pays émergents, la Chine et l’Inde ne font pas d’efforts.

Il propose de développer massivement les agrocarburants, très présents dans l’Etat de l’Illinois dont il est le sénateur. A l’instar de la politique brésilienne depuis les années 1970, il souhaite notamment promouvoir l’éthanol. Les agrocarburants sont très critiqués pour leur efficacité écologique très limitée et leur part de responsabilité dans la crise alimentaire mondiale qui sévit aujourd’hui.

Le programme d’Obama prévoit le recours accru au «charbon propre», une expression rejetée par les écologistes, et qui se rapporte à un charbon dont on aurait capturé le CO2 émis par la combustion. Pourtant aucune perspective de «charbon propre» à un coût raisonnable ne se dessine aujourd’hui.

L’énergie nucléaire est considérée comme incontournable pour réduire les émissions de carbone du pays. Cependant, le futur président insiste sur la nécessité de se pencher sur les questions de sécurité du combustible nucléaire et de ses déchets, sur leur stockage et la prolifération nucléaire."

"Nucléaire: Prague dénonce un film autrichien sur un accident fictif"

Hypocrisie autrichienne ? On vote contre le nucléaire en 1978 mais on compte sur la Rép. Tchèque pour les construire et les partager ?

Alors, quand la télé publique s'empare de la peur collective, on peut douter de l'intention : préparation aux incidents industriels ou manipulation de l'opinion ?

Le Monde :

"L'ambassadeur de la République Tchèque à Vienne a vigoureusement critiqué vendredi la diffusion par la télévision publique autrichienne ORF 2 d'un film sur un accident fictif dans la centrale nucléaire tchèque de Dukovany.

"Je considère comme malheureux, voire immoral, le fait que l'on désoriente et qu'on épouvante ainsi l'opinion publique autrichienne", a déclaré l'ambassadeur, Jan Koukal, cité par l'agence de presse tchèque CTK.

Selon lui, le film, intitulé "Premier jour", a été tourné "de manière à envenimer les relations tchéco-autrichiennes".
La présidente de l'Office de sûreté nucléaire tchèque (SUJB), Dana Drabova, a jugé "malheureux" et "incompréhensible" le fait qu'une chaîne publique autrichienne diffuse un film visant nommément la centrale d'un pays voisin.
"La centrale de Dukovany fait partie des centrales nucléaires les plus sûres du monde", a-t-elle dit, citée par le site internet d'information www.lidovky.cz
Le film décrit la République tchèque comme un pays qui n'est pas capable de fournir à temps les informations nécessaires sur un accident, note l'agence CTK.
Le film a été diffusé par ORF à l'occasion du 30e anniversaire du référendum du 5 novembre 1978, qui a vu 50,5% des Autrichiens refuser la mise en service de la centrale autrichienne de Zwentendorf.
Un mois plus tard, le 5 décembre 1978, le parlement autrichien votait la loi "Atomsperrgesetz", interdisant la production d'énergie nucléaire dans le pays.
Mise en service sous le régime communiste, entre 1985 et 1987, la centrale de Dukovany, située dans le sud-est du pays, à 50 km de la frontière autrichienne, compte quatre tranches équipées chacune d'un réacteur VVER 440/213 de conception russe d'une puissance de 440 mégawatts.
Une autre centrale nucléaire tchèque, Temelin, située dans le sud-ouest, à 60 km de l'Autriche, focalise les protestations des anti-nucléaires autrichiens. Mise en service en 2000, Temelin compte deux tranches dotées de réacteur de conception russe VVER d'une puissance de 1.000 mégawatts, avec des systèmes de sécurité et de contrôle livrés par l'américain Westinghouse."

dimanche 2 novembre 2008

"Peu d’environnement dans les élections américaines"

Ecouter la rubrique sur France Info :

La crise économique a relégué à l’arrière plan les questions d’écologie. Les candidats à l’élection présidentielle américaine en ont peu parlé et n’en parlent plus. Pourtant, les échéances sont proches : le sommet sur le climat de Poznan en Pologne s’ouvre début décembre. Ce rendez vous annuel est destiné à écrire un nouvel accord sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour prendre le relais de l’accord de Kyoto

C’était il y a bientôt un an à Bali... Le sommet de l’ONU sur le climat se concluait sur un espoir : la fin du mandat de Georges Bush et de son administration hostile à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les délégués se donnaient rendez vous : "à l’année prochaine et sans Bush" pour faire avancer la lutte contre le changement climatique. Depuis le sommet de la terre de Rio en 92, le mot d’ordre des Républicains a toujours été le même : "le mode de vie des américains n’est pas négociable". Le pays où l’essence pas chère est un droit ne voulait pas économiser l’énergie. La conjoncture économique oblige désormais les Etats Unis à se plier aux règles anti gaspi et dans le programme des candidats à l’élection présidentielle, il y a désormais plus de ressemblance que d’opposition. Mc Cain et Obama sont d’accord pour réduire la dépendance des Etats Unis au pétrole... De 35% d’ici 2030 dit Barack Obama qui veut également supprimer les réductions d’impôts dont bénéficie l’industrie du pétrole et du gaz. De son côté John Mc Cain n’avance aucun engagement chiffré. Ils sont d’accord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Moins 80% d’ici 2050 dit Obama quand Mc Cain explique : Moins 60% en investissant dans les technologies propres comme l’énergie nucléaire. Le candidat républicain veut construire 45 centrales nucléaires d’ici 2030. Mais quelque soit le nom du nouveau président américain, l’après Bush ne sera pas forcément bon pour le climat. Car les deux candidats reprennent à leur compte un vieil argument : pas question de limiter nos émissions de gaz à effet de serre si les pays émergents, la Chine et l’Inde ne font pas d’effort. Cet argument a servi de base au refus américain de ratifier l’accord de Kyoto.

mercredi 29 octobre 2008

"L'Europe pousse les recherches sur l'énergie "bas carbone" "

Comme le résume Le Monde, l'Europe passe la vitesse supérieure pour préparer l'après carbone :

"D'ici à 2020, réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre (par rapport à leur niveau de 1990), porter à 20 % la part des filières renouvelables dans sa consommation d'énergie totale, et réduire celle-ci de 20 %. Tels sont les objectifs que s'est fixés l'Union européenne, face à "l'urgence du défi climatique".

Pour y parvenir, la Commission de Bruxelles a élaboré, en novembre 2007, un "plan stratégique européen pour les technologies énergétiques", visant à fédérer autour de ces objectifs le plus grand nombre d'organismes scientifiques et technologiques, avec le monde industriel. Le coup d'envoi de ce programme a été donné mardi 28 octobre à Paris, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, à l'occasion d'une conférence réunissant quelque 300 chercheurs et industriels.

"L'Europe dispose d'excellentes compétences dans les technologies à faible émission de carbone. Mais ses efforts sont aujourd'hui dispersés et mal coordonnés. Il lui faut travailler plus efficacement", souligne Janez Potocnik, commissaire européen en charge de la science et de la recherche.

Dans un premier temps, douze établissements scientifiques et technologiques ont décidé d'unir leurs efforts, au sein d'une "Alliance européenne pour la recherche dans le domaine de l'énergie". Cette structure, dans laquelle sont représentés l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France (à travers le Commissariat à l'énergie atomique), la Grèce, l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni, a pour vocation de "soutenir une industrie européenne compétitive".

EN ATTENTE DE FINANCEMENT

Plusieurs axes de recherche et développement sont considérés comme prioritaires pour les dix années à venir. Sont mis en avant les biocarburants de deuxième génération, les technologies de piégeage, de transport et de stockage de CO2, les grandes éoliennnes, le photovoltaïque à grande échelle, les sources d'énergie renouvelables et décentralisées, ainsi que les équipements et systèmes destinés aux secteurs de la construction et des transports.

Les tenants du nucléaire sont eux aussi servis, puisque les réacteurs à fission de 4e génération (qui doivent succéder à l'EPR), ainsi que le réacteur à fusion ITER, font partie des "principaux défis technologiques à relever".

Rien n'est en revanche arrêté pour le financement de ces actions. La Commission prévoit de "présenter une communication" sur ce sujet en mars 2009, en examinant "toutes les pistes permettant de mobiliser des investissements privés, notamment sous forme de capital-risque, et de collecter des fonds supplémentaires". Janez Potocnik prévient : "Il serait irresponsable d'imaginer que l'Europe pourra atteindre ses objectifs en matière d'énergie bas carbone sans un effort financier accru."

dimanche 26 octobre 2008

La Suisse s'engage pour le démantèlement nucléaire militaire

La France vote contre une initiative pacifiste largement reprise dans le monde : Est-ce affaiblir la notre pays que de soutenir cette proposition : "Des temps de réaction plus longs augmenteraient quelque peu la sécurité dans le monde" ?



"Des milliers d'armes nucléaires circulent dans le monde, dangereusement disponibles. Il faut éviter qu'elles puissent être activées facilement. C'est ce que demandent la Suisse, le Chili, la Malaisie et la Suède et la Nouvelle-Zélande.

Les six pays ont présenté la semaine dernière un projet de nouvelle résolution à l'Assemblée générale de l'ONU. Ils n'en sont pas à leur coup d'essai.

En 2007, le Chili, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Nigeria, la Suède et la Suisse avaient déjà déposé un projet de résolution. Avec succès: 139 Etats l'avaient soutenu et 36 s'étaient abstenus. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne s'y étaient opposés.

Les six pays tentent de gagner d'autres Etats à leur cause. Les discussions sont au cours au sein la commission compétente.

Selon l'ambassadeur Jürg Streuli, représentant permanent de la Suisse à la Conférence sur le désarmement à Genève, l'engagement suisse dans ce domaine est un «volet important de la politique de sécurité de notre pays».

Un monde sans armes nucléaires

«Notre objectif, notre vision, est un monde sans armes nucléaires. Au plus fort de la guerre froide, on a compté jusqu'à 60'000 explosifs nucléaires. Aujourd'hui, il y en a encore 27'000», détaille-t-il.

Malgré ce succès, il ne faut pas abandonner les efforts. On ne progresse que par petits pas, selon le diplomate.

La résolution des six Etats partenaires va dans cette direction. Elle propose plusieurs mesures pour entraver l'activation des missiles nucléaires. «Des temps de réaction plus longs augmenteraient quelque peu la sécurité dans le monde», note Jürg Streuli. Des erreurs ou des pannes peuvent avoir des conséquences catastrophiques.

Les discussions sur le désarmement au sein de l'ONU n'ont pas apporté beaucoup de résultats ces dernières années. La Suisse espère que cette nouvelle résolution suscitera une nouvelle prise de conscience chez les politiciens et dans l'opinion.

Traité à ratifier

«Si les Etats qui possèdent des armes nucléaires rendaient l'activation de ces armes plus difficile et plus lente, ils enverraient un signal fort dans la bonne direction», poursuit Jürg Streuli.

Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires est un des textes importants de la lutte contre les armes nucléaires. Il n'est certes pas encore en vigueur, car un nombre insuffisant d'Etats l'ont ratifié jusqu'ici. Les Etats-Unis ne l'ont pas encore fait, par exemple.

L'accord le plus important est le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, ratifié par tous les Etats sauf l'Inde, Israël et le Pakistan. Quant au retrait de la Corée du Nord, annoncé avec fracas, il n'a en fait jamais été accepté officiellement, confie Jürg Streuli.

Le Traité prévoit trois axes d'action: le démantèlement des armes nucléaires, la non prolifération de ces armes et l'accès à une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. En raison des événements en Corée du Nord et en Iran, c'est surtout le deuxième volet qui a mobilisé les discussions.

Critiques contre le traité

Le traité est souvent remis en question et critiqué pour son déséquilibre. Le diplomate suisse a une certaine compréhension pour ces reproches, mais se dit convaincu qu'il n'y a aucune autre voie. «Nous devons renforcer cet accord et le maintenir en vie.»

Selon Jürg Streuli, le traité, en vigueur depuis 1970, est même à considérer comme un succès. Un seul Etat est contrevenu aux principes qu'il contient, la Corée du Nord, avec le test mené en octobre 2006.

Quant à l'Iran, l'expert renvoie à la position officielle suisse: une solution ne sera possible que par le dialogue politique, dit-il.

Objectif: prochaine conférence

Toute tentative de désarmement nucléaire doit être saluée. «Nous sommes tous concernés par une éventuelle explosion nucléaire, rappelle Jürg Streuli. Nous avons donc tous la légitimité d'entreprendre quelque chose.» Pour réussir, la Suisse a besoin de partenaires.

La prochaine grande conférence d'examen du traité aura lieu en 2010. «Ce sera une rencontre très difficile, prévoit le diplomate. Pour stopper la prolifération, il faut absolument un signe clair des Etats possédant l'arme nucléaire, donc un pas volontaire en direction du démantèlement.»
La résolution déposée par la Suisse et ses partenaires doit aussi être comprise comme une étape de préparation du rendez-vous de 2010.

« Nous sommes tous concernés par une éventuelle explosion nucléaire. Nous avons donc tous la légitimité d'entreprendre quelque chose »Jürg Streuli, ambassadeur

Peu de progrès en dix ans

A Genève, où la Conférence du désarmement, l'organe de négociation de l'ONU dans ce domaine, a son siège, aucun progrès significatif n'a pu être fait depuis dix ans. La Suisse tente notamment de lancer des négociations qui aboutiraient à un Traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles (FMCT).La Russie et les Etats-Unis sont aujourd'hui prêts à entrer en matière sur le principe. Le Pakistan y est opposé, l'Inde plutôt favorable. La position chinoise n'est pas claire.

Autre projet, celui de la Russie et de la Chine de démilitariser l'espace. Les Etats-Unis, qui ont une grande avance technologique dans ce domaine, sont opposés à des discussions dans ce domaine.

swissinfo, Rita Emch à New York(Traduction de l'allemand: Ariane Gigon)"

samedi 25 octobre 2008

"RWE veut lancer "3 à 5" projets de centrales nucléaires hors Allemagne"

La confirmation du revirement de l'Allemagne vers le nucléaire civil ?


FRANCFORT (Allemagne) - Le numéro deux allemand de l'énergie RWE veut participer à "3 à 5" projets de centrales nucléaires en dehors d'Allemagne, selon un entretien de son patron paru mercredi.

"RWE va participer à des projets en dehors d'Allemagne. (...) Cela dépend du financement et de quel partenaire nous avons. Mais je crois que trois à cinq (projets) vont certainement venir", a déclaré Jürgen Grossmann, au quotidien Süddeutsche Zeitung.

RWE appartient "à la petite poignée de fournisseurs d'énergie européens en Europe compétent pour les centrales nucléaires", a-t-il ajouté.

Le groupe allemand, fervent partisan de ce type d'énergie, a d'ailleurs remporté début octobre l'appel d'offres pour 49% du capital de la nouvelle centrale nucléaire bulgare de Béléné.
RWE

(©AFP / 22 octobre 2008 08h18)

ITER: le coût de la fusion nucléaire

La guerre d'Irak c'est 3 000 milliards de dollars, alors qu'est ce que c'est que 7 milliards si c'est pour trouver l'énergie de l'avenir ? reste à vérifier la faisabilité d'une énergie complexe et couteuse. Et ne pas servir les seuls intérêts du complexe militaro-industriel européen !



"ITER: le coût de la fusion nucléaire explose"






"Si la population de la planète double, la consommation d'énergie pourrait tripler. Pour parer à ces besoins énormes, il existera d'ici 2050 une énergie propre, sûre et abondante: la fusion nucléaire. C'est en tout cas ce que pensent les dizaines de scientifiques réunis du 13 au 18 octobre à Genève pour une conférence placée sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Un colloque qui sert aussi à fêter un anniversaire: «C'est à Genève, en 1958, que s'est tenue la Conférence internationale pour les applications pacifiques de l'énergie atomique», rappelle Minh Quang Tran, directeur général du Centre de recherche en physique des plasmas (CRPP) à l'EPFL.

L'une de ces applications pourrait être la fusion nucléaire. L'idée est de reproduire sur Terre, en milieu confiné, les processus qui ont lieu dans le Soleil, et d'en tirer de l'énergie sous forme de chaleur, puis d'électricité. Pour concrétiser cette vision, les présidents Mitterrand, Reagan et Gorbatchev ont jeté, en 1985 déjà, les bases d'ITER.


Ce gigantesque réacteur expérimental de fusion de type «tokamak» (lire ci-contre) doit apporter la preuve de la viabilité de cette technologie. Le projet, qui réunit sept partenaires (UE - à laquelle est associée la Suisse -, Etats-Unis, Russie, Japon, Chine, Inde, Corée du Sud) a été approuvé en 2006. Et la construction de l'installation pharaonique vient de commencer à Cadarache, dans le sud de la France.


En 2001, le budget avait été fixé à 5 milliards d'euros pour sa construction, et autant pour son exploitation. Or aujourd'hui, ce chiffre risque bien d'exploser. La raison? «Depuis sept ans, de nombreuses avancées ont été effectuées dans le domaine de la physique, de la technologie, des matériaux, explique Carlos Alejaldre, vice-directeur général d'ITER. Nous avons fait revoir le design du réacteur. Et voulons y inclure ces développements.» Pour quel surcoût? «C'est difficile à estimer...» Certains experts, dans les revues Nature et Science, évoquent un dépassement pouvant aller jusqu'à 30% du budget total. Des dépenses supplémentaires qui font déjà grincer les partenaires du projet.


Les modifications proposées sont multiples. La plus importante concerne le confinement du plasma, cette «soupe de particules» portée à 100 millions de degrés dans laquelle aura lieu la fusion nucléaire. Or récemment, les physiciens ont découvert que ce nuage de gaz pouvait, sur ses bords, émettre des «bulles», appelées instabilités. Et que ces «petites éruptions» chaotiques, au rythme d'une par seconde, pouvaient rapidement endommager le réacteur.


«C'est un gros problème, concède Ambrogio Fasoli, directeur exécutif du CRPP. Mais nous venons aussi de trouver la parade. Sans savoir toutefois ni comment ni pourquoi, elle fonctionne. Nous allons donc étudier ce phénomène à l'EPFL.» Le CRPP, qui emploie 160 personnes, dispose en effet depuis 1992 de son tokamak, le TCV, qui a coûté 52 millions. Il est ainsi devenu un des centres mondiaux qui valideront les technologies installées sur ITER. «Qui reste une machine avant tout expérimentale», tient à préciser Carlos Alejaldre.


«Obligation morale»


Certains physiciens continuent d'ailleurs à penser que la technologie de fusion est si complexe qu'elle ne pourra jamais être appliquée à large échelle. Et - pire - qu'ITER risque de finir comme le SSC, l'immense accélérateur de particules américain, devisé à 4,4 milliards de dollars, mais dont la construction a été stoppée après que son budget eut presque triplé. Carlos Alejaldre rejette cette idée: «Parmi les scientifiques, plus personne ne doute qu'ITER pourra remplir ses objectifs. Plus rien ne peut arrêter ITER. C'est même une obligation morale que de tenter de trouver des réponses au problème énergétique.» Et d'ajouter que le Conseil d'ITER prendra la décision d'accepter ou non ces modifications de design lors d'une de ses deux prochaines séances, en novembre ou en juin.


Une chose est sûre aujourd'hui déjà: la mise en service de ce colossal instrument de science interviendra en 2018 au plus tôt, avec deux ans de retard sur l'agenda prévu."

jeudi 23 octobre 2008

Farwind : la ruée vers l'Eolien


La libre parole à un spécialiste de l'éolien :

INTERVIEW - Marc Vergnet est le PdG et fondateur de VERGNET SA. Une société qui fabrique des éoliennes dans des zones difficiles d'accès et cycloniques. Il répond aux critiques sur le surcoût de l'éolien.

Lefigaro.fr/ jdf.com Comment est née la société Vergnet ?


J'ai commencé comme ingénieur au Burkina Faso. J'ai fait mes classes dans la fonction publique, au sein de l'Association Française pour la Maîtrise de l'Energie (AFME) devenue l'ADEME. Après 20 ans de bons et loyaux services, j'ai décidé de me lancer. J'ai donné ma démission et j'ai déposé deux brevets, celui de la première hydro pompe Vergnet et celui de la pompe solaire thermo dynamique. Les débuts ont été difficiles. On a commencé dans une loge de concierge, avec trois employés. En 1976, la première hydro-pompe Vergnet est lancée en Afrique.

A quoi tient le succès de la pompe Vergnet ?

Notre objectif premier était d'équiper les pays africains, comme le Sael de pompes à eau. Il y avait trois impératifs :
-que la pompe puisse être manipulée par des femmes, car ce sont elles qui portent l'eau dans ces pays, d'où l'idée d'une pompe hydraulique, qui ne nécessite pas d'effort, au contraire d'une pompe mécanique.
-que l'on puisse facilement assurer la maintenance des pompes et trouver des pièces détachées. Il a fallu mettre en place un service après vente digne de ce nom. 3000 mécaniciens sont présents sur le continent africain, et on trouve 350 magasins de pièces détachées. Aujourd'hui, il y a au moins un magasin dans chaque pays africain.
La fiabilité : il fallait que les machines soient robustes et capables de résister aux assauts du temps. On peut dire que l'objectif est réussi avec une durée de vie moyenne 16 ans pour nos pompes.
Le succès a été très vite au rendez-vous : aujourd'hui, nos 80000 hydro-pompes alimentent 40 millions de personnes dans les pays africains. Le succès est également financier, avec une croissance de 15% de croissance par an et un résultat d'exploitation très solide.

Quelles sont les autres activités du groupe ?

En plus d'être un pionnier dans le pompage hydraulique, le groupe Vergnet a lancé toute une série d'inventions, dans les châteaux d'eau, la chloration, et le dessalement éolien. Mais c'est surtout dans les solaire et l'éolien qu'il s'est illustré.
Le solaire, pour les pays en développement, c'est la mission de la société Photalia, une filiale crée en 2007. L'activité s'articule autour de trois domaines : le pompage solaire, l'électrification solaire et les applications professionnelles. Derrière ce terme générique ce sont surtout les relais téléphoniques qui sont visés.
L'éolien est devenu un domaine à part entière dans l'activité du groupe. C'est environ ¾ de l'activité. Il y a 20 ans ce n'était pas possible parce que le mot était encore tabou en France. Nous nous heurtions à l'hostilité des lobbys pétrolier et nucléaire. C'est pourquoi il a fallu sortir des frontières nationales pour trouver des marchés. Nous nous sommes concentrés sur les régions difficiles d'accès où l'électricité est produite à partir du pétrole, et les zones cycloniques.
Là encore, le succès est au rendez vous. Vergnet a déjà installé 500 éoliennes dans le monde entier, qui produisent chaque année plus de 150 000 MWh d'électricité verte.
Et les éoliennes de Vergnet ont fait leur preuve. A Cuba notamment, où nos structures ont résisté à des vents de plus de 350 km/h lors du passage des cyclones Gustav et Ike cet été. Ce sont des éoliennes conçues pour des conditions extrêmes.
Les hélices des éoliennes traditionnelles sont tripales avec un mat mono tube. Elles pèsent en général entre 700 et 1000 tonnes. Les éoliennes de Vergnet, elles, sont conçues sur une base bipale, et peuvent être rabattues en moins d'une heure en cas d'alerte cyclonique. Elles sont moins lourdes, moins sensibles à la hausse du prix des matières premières. En outre, elles ont un mat haubané. L'ancrage du mat se fait donc par des câbles attachés au sol. Il n'y a donc pas d'ancrage en béton et l'installation ne nécessite pas de grue. Elles sont tout à fait adaptées pour des zones dites de farwind.

Que signifie Farwind ?

Le Farwind, est un clin d'œil au Farwest. Il fait référence aux régions reculées du monde balayées par des vents violents, que la géographie contraignante, le manque d'infrastructure et de moyens logistiques rendent difficile d'accès. Cela recouvre 134 pays, 1,5 milliard de personnes et une demande potentielle de 2000 megawatts. Aujourd'hui, ce sont des régions comme l'Ethiopie, ou le Cap Vert. Il n'y a pas de route et l'électricité est le plus souvent produite à partir du pétrole. Dans ces endroits, l'électricité produite par le vent revient moins cher que celle produite à partir du nucléaire. Le vent y souffle à au moins 6,5 mètres secondes, et le prix de l'électricité revient à 5 ou 6 centimes le kilowattheure. Les éoliennes Vergnet sont spécialement conçues pour ces régions.

L'énergie éolienne ne fait pas l'unanimité. Un rapport de l'institut Montaigne notamment, a pointé du doigt l'intermittence du vent, par rapport à d'autres sources d'énergies comme le nucléaire. Il évalue le surcout de l'éolien à un milliard d'euros sur la période 2008-2020 et 2,5 milliards au-delà de 2020. Que répondez-vous à vos détracteurs ?

La principale critique du rapport Montaigne c'est l'intermittence du vent. Mais le Farwind correspond à des zones où les alizées soufflent constamment. Environ ¾ de l'éolien intervient en substitution du thermique. Comparer le nucléaire à l'éolien est une réflexion de nantis. Il y a un tabou en France. L'énergie éolienne a été hypothéquée parce qu'il n'y avait pas assez de fabricants, et que l'on n'a pas associé les ruraux au projet.
L'autre argument, c'est le tarif, soit disant élevé auquel EDF s'engage à racheter l'électricité.
Contrairement aux idées reçues, l'éolien ne coute pas cher. L'électricité est rachetée au prix de 8,3 centimes d'euros. Or il se négocie sur Powernext, entre 8 et 9 centimes. Et en 2010, son prix sera de 10 centimes. Cette année, l'électricité provenant de l'éolien a rapporté 60 centimes d'euros par abonnée et par an.

Les semestriels du groupe publiés ce mois- ci ont déçu la communauté financière. Comment expliquez-vous cette défiance ?

Les résultats sont en baisse, principalement en raison d'un effet de gamme. Toute la société s'est mobilisée autour des machines produisant 1 mégawatt. C'est pourquoi l'année 2008 sera une mauvaise année. Mais l'eau et le solaire restent des valeurs sûres.
Depuis son introduction, le 12 juillet à 16,39 euros, l'action a perdu 62%, contre 40% pour le Cac 40. On observe un décrochage depuis fin juillet (-60%). Pourquoi les investisseurs boudent le titre ?
L'entrée en bourse a permis d'accélérer le développement du groupe. 60 personnes ont été recrutées depuis, dont 29 en 2007. On a embauché un directeur technique, des ingénieurs, un responsable qualité. De nouveaux bâtiments ont été édifiés sur plus de 4000 m2 de surfaces, avec une usine à Ormes, et une autre à Saran.
Je comprends que pour un financier, 2008 n'apparaisse pas comme une année attractive; mais 2009 le sera. Les actionnaires qui m'ont fait confiance auront ce que je leur ai promis, à savoir 100 machines sur 3 ans fin 2009, avec une capacité de 1 mgwt et 60 machines de 60 mégawatt.

Un gros contrat a été signé en Ethiopie. Qu'est ce que cela va changer pour vous ?

Pour 2009, le groupe a signé avec EPco la livraison de 120 éoliennes en Ethiopie. Il s'agit du plus important contrat signé entre une entreprise française et une entreprise éthiopienne. Vergnet se prépare depuis plusieurs années à ce changement d'échelle. Les équipes, les capacités de production, ainsi que la structure de management ont été considérablement renforcées pour permettre au groupe de gérer la montée en puissance de l'activité liée à la GEV HP de 1 MW. L'Ethiopie concrétise l'aboutissement de 20 années d'efforts. Il démontre que la pertinence du Farwind comme modèle de développement.

Quelles sont vos perspectives de développement?

Dans le monde, le groupe est en plein essor. Il y a des marchés qui s'ouvrent dans les Caraïbes, le Pacifique, et bientôt le Japon. La demande est forte, et elle augmente tous les ans de 5 à 6%. Dans ces pays, qui ont une grande dépendance vis-à-vis du pétrole, l'éolien constitue un espoir. D'autres contrats sont en vue au Cap Vert et en Algérie. Ce marché est viable tant que le bail du pétrole reste au-dessus de 60$ dollars.

Livre : "LA TROISIEME REVOLUTION ENERGETIQUE"



Suite à son nouveau livre, Anne Lauvergeon, si on lit entre les ligne, parle explicitement de l'AEPN (en rouge ci dessous) :




"Dans "La Troisième Révolution énergétique" aux Éditions Plon, Anne Lauvergeon, la présidente du directoire du groupe nucléaire Areva estime qu'il va falloir "doubler la quantité d'énergie produite et faire deux fois moins de C0²" d'ici quarante ans. Pour cela, la voie qu'elle privilégie est celle du nucléaire. Invitée d'Europe 1 vendredi, elle a écarté les réticences liées à la production de déchets radioactifs qui représentent selon elle "pour tout le parc nucléaire, sur les trente ans de fonctionnement et les cinquante-huit réacteurs, la taille d'une piscine olympique".


Dans son livre, "La Troisième Révolution énergétique" aux Éditions Plon, elle défend le choix du nucléaire, une voie dans laquelle le gouvernement français, comme d'autres dirigeants de la planète, semble vouloir s'engager plus avant. Il s'agit de faire face aux demandes croissantes en énergie et à l'épuisement des ressources pétrolières. Anne Lauvergeon, la présidente du directoire du groupe nucléaire Areva, estime même qu'il va falloir "doubler la quantité d'énergie produite et faire deux fois moins de C0²" d'ici quarante ans. Invitée d'Europe 1 vendredi, elle a écarté les réticences liées à la production de déchets radioactifs.

"Les déchets radioactifs français, pour tout le parc nucléaire, sur les trente ans de fonctionnement et les cinquante-huit réacteurs, c'est la taille d'une piscine olympique. Et la taille de cette piscine olympique, tout le monde est d'accord pour dire - et la représentation nationale l'a voté en 2006 - son devenir, c'est un devenir géologique. C'est-à-dire : le mettre en profondeur, dans un coin qui ne bougera pas pour l'éternité", a assuré Anne Lauvergeon qui cite aussi le chiffre de "10 grammes par habitant et par an".

"Quand on dit le mot 'déchets', déjà c'est terrible. Mais 'déchets radioactifs'. Le mot 'radioactifs' fait peur à tout le monde", tempère Anne Lauvergeon. Et d'assurer que de nombreux "écologistes" sont également en train de faire le choix du nucléaire. Selon la présidente du directoire du groupe nucléaire Areva, il y a "un certain nombre d'entre eux qui disent 'pour lutter contre le changement climatique, je dois devenir pro-nucléaire'. Or, ces gens-là sont très amusants parce que, avec l'enthousiasme des Verts, ils deviennent beaucoup plus pro-nucléaires que moi".
Ecoutez le son Europe1"




Commentaire :

"Dérèglement climatique, tarissement des ressources, sécurité des approvisionnements : l'énergie constitue avec l'eau et l'alimentation l'un des grands défis que le XXIème siècle doit relever. Il ne pourra l'être sans apporter une réponse appropriée à la question suivante : comment produire à des coûts abordables et sans aggraver l'effet de serre l'électricité dont le monde a besoin? Une troisième révolution énergétique est à entreprendre. Les deux premières, celles du charbon puis du pétrole, conduisirent à la conquête de la Terre, de ses espaces, de ses richesses. Fondée sur l'impérieuse nécessité de protéger notre planète, la révolution à conduire d'urgence passe par des modes de production d'énergie favorisant une croissance, plus juste, plus responsable, plus durable. Ne diabolisons pas l'énergie nucléaire et n'oublions pas non plus les nouvelles énergies (solaires, éoliennes, biomasse...). La gravité du sujet, la complexité des enjeux humains économiques et environnementaux qu'il comporte, appellent à s'abstraire des dogmes comme des anathèmes au profit d'une réflexion où chaque source d'énergie doit trouver la place qui lui revient. Il en va ni plus ni moins de l'avenir de l'humanité. "




Présentation par l'éditeur
"En 2050, la Terre comptera 2 à 3 milliards d'habitants de plus qu'aujourd'hui. Face à cette croissance démographique, les besoins en eau, en nourriture et en énergie pourront-ils être satisfaits ? Avec un baril de pétrole autour de 100 dollars, tiraillé par de vives tensions internationales, ému par le spectacle des catastrophes climatiques à répétition, le monde prend peu à peu conscience de l'acuité des enjeux énergétiques.
Avenir des énergies renouvelables, Tchernobyl, déchets nucléaires, indépendance énergétique, relations avec les ONG, Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'AREVA, le géant mondial du nucléaire et autres énergies sans CO2, aborde ces sujets sans langue de bois ni souci du politiquement correct. Pour elle, il n'y a d'autre choix que de mobiliser, sans ostracisme ni parti pris, toutes les sources d'énergie à notre disposition en favorisant, autant que faire se peut, celles qui n'émettent pas de gaz carbonique. C'est au nom d'une fibre écologique clairement revendiquée qu'Atomic Anne, comme la surnomme la presse américaine, explique le rôle décisif que le nucléaire est appelé à jouer dans la troisième révolution énergétique qui s'amorce."


lundi 13 octobre 2008

Voitures électrique : lachons les freins !


Même si les économies d'énergies sont trop timides, freiner la voiture électrique parce qu'elle ferait appel au nucléaire est irresponsable.
C'est pourtant ce que demande le RSN, en tout dogmatisme.
Toutes les énergies non carbonées doivent être mobilisées, et surtout celles qui ont fait leur preuve !

C'est pourtant la revendication affichée dans l'article ci-dessous :

Libération :

"Voitures électriques : les ONG mettent le frein"

L'association Greenpeace et le Réseau Sortir du nucléaire (RSN) estiment que le développement d'un parc de voitures électriques n'est acceptable que si l'électricité ne vient pas du nucléaire.

Après l’annonces du président Nicolas Sarkozy en faveur des «voitures propres», l’association Greenpeace et le Réseau Sortir du nucléaire (RSN) estiment que le développement d’un parc de voitures électriques n’est acceptable que s’il exclut le nucléaire.
En France, l’électricité provient à 80% des centrales nucléaires, rappelle RSN dans un communiqué: «rechargée sur le secteur, la voiture électrique est responsable de la production de déchets radioactifs, légués aux générations futures et de rejets dans l’environnement».
De son côté, Greenpeace estime que «le développement d’un parc de voitures électriques ne sera une solution acceptable pour l’environnement qu’à partir du moment où l’électricité sera produite à partir de sources renouvelables, ce qui exclut le nucléaire».
Greenpeace dénonce par ailleurs le «double discours» du chef de l’Etat qui vante les voitures propres au Mondial de l’auto et «défend à Bruxelles des objectifs au rabais» de limitation des émissions polluantes.
L’association rappelle que dans le cadre des négociations sur le paquet européen énergie-climat, le chef de l’Etat a proposé à ses partenaires un compromis sur la réglementation CO2 des voitures: les véhicules neufs vendus en Europe seraient autorisés à émettre en moyenne 161 g de CO2/km en 2012 (contre les 130 g initialement prévus).
Puisqu’en 2007, cette moyenne s’établissait à 158 g de CO2/km, rappelle Greenpeace, «autant ne pas légiférer du tout».

lundi 22 septembre 2008

"Italie : une centrale nucléaire en 2017 ?"


Cela va donner des idées à l'Allemagne ?





20 ans après le référendum de 1987, qui avait vu la victoire des opposants au nucléaire, l'Italie pourrait à nouveau se doter d'une centrale de ce type.

Dans une interview accordée au journal italien MF, Giancarlo Aquilanti, l'homme chargé de développement de l'énergie nucléaire d‘Enel, a déclaré qu'il prévoyait la construction d'un site nucléaire d'ici 2017. «Malgré un programme chargé, nous pensons pouvoir mettre sur pied un site prêt à fonctionner d'ici 2017» a-t-il affirmé.
L'Italie pourrait donc relancer son nucléaire, 20 ans après le référendum du 8 novembre 1987. Suite à l'accident de Tchernobyl, l'Italie avait été fortement choquée et le pays avait voté l'arrêt du nucléaire à une forte majorité. Mais l'arrêt du nucléaire coûte cher, car avec un prix de l'électricité deux fois plus élevé qu'en France en 2006, et des importations de nucléaire représentant 15 à 18% des besoins, l'Italie veut changer de stratégie.
En mai 2008, le gouvernement de Silvio Berlusconi, ouvertement pro-nucléaire, s'était engagé a lever l'interdiction afin de permettre la création de nouvelles centrales d'ici 2012.

Livre : "Énergies – Le nucléaire, quel intérêt pour la planète ?"

COLLECTION « On se bouge ! »

LES BONNES QUESTIONS, LES BONNES RÉPONSES

Énergies – Le nucléaire, quel intérêt pour la planète ?

En librairie depuis le 2 septembre 2008

Créée par Spécifique Éditions la collection « On se bouge ! »©, propose un programme éditorial engagé autour des grands enjeux de société (environnement, énergie, sciences, nouvelles technologies, santé, mieux-vivre, citoyenneté). Des chercheurs et des experts apportent, dans un style clair et très accessible, des réponses aux questions que nous nous posons et des éléments d’appréciation pour mieux comprendre les grands débats actuels autour de ces enjeux. Des chiffres clés et des repères historiques et scientifiques viennent illustrer et compléter leurs propos.

85 questions à Henri Safa. Diplômé de Supelec et titulaire d’une thèse en sciences des matériaux, Henri Safa est entré au CEA en 1990 au service d’études des accélérateurs en recherche fondamentale avant de rejoindre le service de physique nucléaire en 2002. Depuis 2006, il travaille à la direction scientifique de la direction de l’énergie nucléaire du CEA.

L’exploitation massive des énergies fossiles, charbon, pétrole et gaz, et son impact sur le climat ont donné une nouvelle impulsion au débat sur l’énergie nucléaire. Correctement maîtrisé, le nucléaire possède l’avantage de procurer d’énormes quantités d’énergie durable sans rejeter de gaz à effet de serre.

En Europe, où plusieurs pays ont opté il y a quelques années pour une sortie du nucléaire, la question se pose désormais d’investir dans de nouveaux sites pour faire face aux besoins en énergie des prochaines décennies. Sur notre planète, un milliard d’habitants n’a pas accès à l’eau potable et à l’électricité, il est donc urgent de trouver une source d’énergie qui puisse répondre à ses besoins.

Certes l’énergie nucléaire suscite bien des interrogations sur la sûreté des centrales, les risques d’accident, la maîtrise des rejets ou la gestion des déchets. Des incidents récents ont rappelé que des rejets minimes ne peuvent être exclus, mais ils ont aussi démontré l’efficacité des systèmes de surveillance mis en place autour des centrales.

Ce livre vient à point nommé pour répondre aux interrogations du grand public sur l’état des connaissances scientifiques et industrielles en matière de nucléaire, la densité des réseaux de surveillance, mais aussi le commerce des technologies nucléaires et les problématiques de prolifération. De quoi se faire une opinion citoyenne, en connaissance de cause, grâce à des explications claires et compréhensibles.Voici quelques exemples de questions auxquelles Henri Safa répond dans cet ouvrage Pourquoi parle-t-on énergie nucléaire ? D’où vient la radioactivité ?En quoi une centrale nucléaire diffère-t-elle d’une usine de production d’électricité classique ? Comment est contrôlée la réaction en chaîne ? Quelle est la durée de vie d’un réacteur nucléaire ?Pourquoi le réacteur de Tchernobyl a-t-il explosé ? Peut-on réduire encore le risque d’accident ? Combien de temps faut-il pour que la radiotoxicité disparaisse ? Le prix de l’uranium risque-t-il d’augmenter ? Les besoins mondiaux d’énergie vont-ils continuer de croître ? Le nucléaire suffit-il à couvrir les besoins d’électricité ? Quels avantages la France retire-t-elle de sa capacité électronucléaire ? Pour un monde sans CO2, faut-il développer les usages de l’électricité ?Le Traité de non-prolifération nucléaire joue-t-il son rôle ? Quels progrès concrets apporte l’EPR ? Qu’apporteront les systèmes nucléaires du futur ?

dimanche 21 septembre 2008

"Le milliardaire Warren Buffett souffle à EDF l'américain Constellation Energy"


Pourquoi EDF a-t-elle échouée ? surenchère justifiée par une meilleure synergie, ou intervention géo-politique ?




Au terme d'une opération éclair, Warren E. Buffett a annoncé, jeudi 18 septembre, avoir racheté pour environ 4,7 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) le groupe d'électricité Constellation Energy, dont le titre en Bourse a dévissé depuis le début de la semaine.
Le milliardaire d'Omaha (Nebraska) souffle à EDF - détenteur de 9,51 % du groupe d'énergie - une entreprise qui est à la pointe de la renaissance de l'industrie nucléaire aux Etats-Unis. C'est une déconvenue pour l'électricien français, même si la loi américaine lui interdisait de détenir la majorité dans un groupe d'énergie.



Les choses se sont précipitées, alors qu'EDF mène déjà de difficiles négociations pour le rachat de l'exploitant de centrales nucléaires britanniques, British Energy. Les dirigeants du groupe français suivaient l'effondrement du titre Constellation. Jeudi matin, un conseil d'administration d'EDF s'est réuni pour examiner "la possibilité de renforcer sa position au capital" de son partenaire américain. Quelques heures plus tard, l'entreprise annonçait qu'"à ce stade, l'ensemble des conditions n'étaient pas réunies pour le faire".
Associé à EDF et à Areva pour la construction outre-Atlantique de quatre EPR, le réacteur franco-allemand de troisième génération, Constellation Energy, a vu fondre sa capitalisation boursière en trois séances à New York : de 108 dollars en janvier, l'action est tombée à 25 dollars. De lundi à mercredi, le titre a même dévissé de 68 % à la suite des mises en garde de Standard & Poors. L'agence de notation avait placé la note de Constellation sous surveillance en raison d'une "crise de confiance aiguë".

"OPÉRATION BÉNÉFIQUE POUR TOUS"


Cette arrivée de M. Buffett contredit-t-elle la stratégie de développement d'EDF aux Etats-Unis, un des quatre "pays-cibles" désignés par le groupe et le premier marché nucléaire du monde avec 104 réacteurs en exploitation ? MidAmerican Energy Holdings Company, le fonds appartenant à M. Buffet qui a racheté Constellation, est spécialisé dans l'énergie. "L'opération sera bénéfique pour toutes les parties", a assuré M. Buffett.
Le PDG du fonds, Gregory E. Abel, a précisé que celui-ci approuvait le plan stratégique de Constellation Energy et qu'il laisserait au groupe son "autonomie" pour poursuivre ses objectifs. Il a ajouté que le développement d'une flotte de réacteurs nucléaires dans le cadre du joint-venture UniStar, constitué par EDF et Constellation, va dans le sens de ses engagements pour promouvoir les énergies propres (barrages, éoliennes, géothermie).
Les difficultés de Constellation Energy illustrent l'obstacle sur lequel risque de buter la relance du nucléaire outre-Atlantique : le scepticisme des marchés financiers à l'égard de la rentabilité des centrales nucléaires, qui remonte aux années 1980, quand plusieurs centrales avaient été construites, puis abandonnées. Pourtant, la volonté politique de relancer le nucléaire semble là, pour réduire les gaz à effet de serre, s'affranchir d'un pétrole de plus en plus cher et assurer une plus grande sécurité énergétique aux Etats-Unis.
Le candidat démocrate Barack Obama n'est pas hostile au nucléaire, mais il souhaite pousser les recherches pour rendre les centrales plus sûres, gérer les déchets et éviter toute prolifération. Son rival est plus direct : estimant à 29 % l'augmentation de la demande d'électricité aux Etats-Unis d'ici à 2030, John McCain plaide pour la construction de 45 réacteurs en vingt ans.
A 7 milliards de dollars pièce, la facture s'élèverait à 315 milliards de dollars. Une somme que les industriels et les financiers ne sont pas disposés à débourser sans garanties de l'Etat sur les prêts accordés aux groupes d'électricité. En décembre 2007, le Congrès a accepté de garantir pour 18,5 milliards de dollars de prêts, soit 80 % du prix des trois premiers réacteurs. Quatre groupes se sont portés candidats, dont Constellation Energy et Excelon, premier exploitant de centrales nucléaires aux Etats-Unis. Entre les besoins en énergie et la crise financière, qui va entraîner une sévère restriction des crédits, les arbitrages s'annoncent difficiles.

vendredi 12 septembre 2008

Tchernobyl : un contre-exemple qui n'est pas inéluctable



L'accident de Tchernobyl est le principal motif d'hésitation quant à la place que le nucléaire devra prendre dans les 50 prochaines années.

C'est pourquoi la compréhension de sa genèse (cf. l'article ci dessous rapporté du témoignage publié sur le blog de Libération) est précieuse pour que le "Plus jamais çà" ne soit pas un vain mot.

Si ses effets ont été dramatiques, c'est moins la technologie nucléaire qui est en cause que l'incurie des autorités, l'obsolescence des choix technologiques et l'exigence qui en découlait auprès des ingénieurs, ne souffrant pas la maladresse dramatique qui a été constatée.
Le lancement d'une opération strictement interdite, au pire moment à fait le reste.

A ce titre, la vivacité de la démocratie des pays nucléarisés et leur solvabilité est un outil précieux pour respecter la vie humaine dans les choix politiques.

Indépendamment des débats sur ses conséquences réelles en souffrances humaines, ce gravissime précédent devrait avoir vacciné les autorités de la planète contre la politique de l'autruche en cas de crise.

C'est pourquoi, tout comme pour la Shoah, il vaut mieux en parler au grand jour que de faire silence.

Le grand public est-il capable de nuance ? mettons le débat sur la table !

Est-il en mesure de comprendre qu'on ne jette pas le bébé avec l'eau du bain ? que accident ne rime pas avec inéluctable ?

Chaque victime doit être vécue comme notre propre parent. Chaque mort comme notre principale préoccupation.
Peut-être que chaque concepteur du CEA, de Areva, devrait envoyer son enfant en stage dans une centrale. Cela serait davantage dissuasif afin qu'il ne transige pas sur les critères de sécurité pour des raisons financières ?
Plus généralement, a-t-on le droit d'un point de vue moral de relativiser ce risque et les souffrances induites, ? politiquement incorrect ?
Les quelques milliers de morts et centaines de milliers de victimes sont une conséquence dramatique qui n'aurait pas du se produire dans cette proportion. Mais combien de millions de morts dus au pétrole et au charbon ?!
Quand on sait que 80% des guerres sont dues aux ressources naturelles (qui sait que l'archiduc de Sarajevo et les alliances européennes sont moins la cause de la 1ère guerre mondiale, que l'un des mobiles sous-jacents : la volonté de faire main basse sur le charbon et l'acier de la Ruhr ?
Combien de décès dans les mines ? etc...
- "Pas grave, ils ne sont pas des notres, alors que l'atome pourrait tous ne menacer..." répondra le cynique.

Effectivement le nucléaire n'a pas l'avantage de la décentralisation et de l'autonomie, gage de dispertion du risque géopolitique.

Mais au vu des choix quotidiens de nos concitoyens, force est de constater que nous ne voulons pas de coupures, ni collectivement renoncer au confort de prendre notre voiture dont le pétrole nous est si précieux, ni nombreux à vouloir investir 1000 ou 50 000 euros pour rendre notre maison productrice d'énergie.

Alors veut-on passer par un état directif qui passera en force sur des décisions autoritaires d'économie d'énergie ? Loin s'en faut.

Alors assumons nos choix : payons-en le prix et acceptons d'attendre la révolution énergétique en passant par une nucléarisation transitoire et partielle de notre énergie, adossée au stockage inévitable de ses déchets, en parallèle de la montée des énergies renouvelables.
Sans compter que ces choix d'investissements pourraient permettre de progresser vers des technologies nucléaires sûres et économes en matières premières, et éviter la prolifération.

L'intermittence et la faible productivité du solaire / éolien imposent pour l'instant de trouver des énergies de subsitution aux énergies fossiles carbonées.

Demain, la rentabilité et la capacité de stockage (air comprimé, hydrogène, hydraulique,...) permettra (vite ! ca urge !) de se passer progressivement d'un intense approvisionnement en uranium.

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Après cette longue introduction rectracant un avis personnel, voici le témoignage édifiant qui illustre bien les limites de la fiabilité humaine :


Témoignage

"Voici un texte publié dans le livre culte de Svetlana Alexievitch, La Supplication. Je remercie
l'auteure de m'avoir autorisé à reproduire son texte. Elle avait longuement interrogé Vassili Borissovitch Nesterenko, ancien directeur de l'Institut de l'énergie nucléaire de l'Académie des sciences de Biélorussie.

Monologue sur le pouvoir démesuré d'un homme sur un autre

« Je ne suis pas un homme de plume, je suis physicien. Voilà pourquoi je me bornerai à parler de faits.

Pour Tchernobyl, il faudra bien répondre un jour... Le temps viendra où il faudra payer... Comme pour 1937. Même si ce n'est que dans cinquante ans! Même s'ils sont vieux! Même s'ils sont morts! Ce sont des criminels! (Un silence.) Il faut préserver les faits... On les réclamera !

Ce jour-là, le 26 avril, j'étais à Moscou. En mission. C'est là que j'ai appris pour la catastrophe. J'ai aussitôt appelé Sliounkov, le premier secrétaire du Comité central de Biélorussie, à Minsk, mais on ne me l'a pas passé. J'ai renouvelé l'appel à plusieurs reprises, jusqu'à tomber sur l'un de ses assistants qui me connaissait très bien.

- Je téléphone de Moscou. Passez-moi Sliounkov ! J'ai des informations urgentes. Au sujet de l'accident...J'appelais sur une ligne gouvernementale, mais l'affaire était déjà strictement confidentielle. Dès que j'ai mentionné l'accident, la liaison a été coupée. Bien sûr, tout était écouté. Inutile de préciser par qui. Les organes concernés. L'Etat dans l'Etat. Et le fait que moi, le directeur de l'Institut de l'énergie nucléaire de l'Académie des sciences de Biélorussie, membre correspondant de l'Académie des sciences, jevoulais parler au premier secrétaire du Comité central n'y changeait rien. Le secret s'étendait à moi aussi. Il me fallut batailler pendant deux heures pour que Sliounkov daigne enfin se saisir du combiné.

- C'est un grave accident. Selon mes calculs, (j'avais déjà pu contacter un certain nombre de personnes à Moscou et obtenir des informations), le nuage radioactif avance vers vous. Vers la Biélorussie. Il faut immédiatement traiter préventivement à l'iode toute la population et évacuer ceux qui vivent à proximité de la centrale. Il faut évacuer les gens et le bétail dans un rayon de cent kilomètres.

- On m'a déjà fait un rapport, m'a répondu Sliounkov. Il y a bien eu un incendie, mais il a été maîtrisé.Je n'ai pas pu me retenir.

- On vous trompe ! C'est un mensonge. N'importe quel physicien vous dira que le graphite se consume à raison de cinq tonnes à l'heure. Vous pouvez déterminer vous-même combien de temps il va brûler !J'ai pris le premier train pour Minsk. Après une nuit sans sommeil, au matin, j'étais chez moi. J'ai mesuré la thyroïde de mon fils : cent quatre-vingts microröntgens à l'heure ! La thyroïde est un parfait dosimètre. Il fallait de l'iode. De l'iode ordinaire. Deux à trois gouttes pour les enfants dans un demi-verre d'eau. Trois à quatre gouttes pour les adultes. Le réacteur allait brûler pendant dix jours, il fallait faire ce traitement pendant dix jours. Mais personne ne nous écoutait, nous autres, lesscientifiques, les médecins. La science a été entraînée dans la politique... La médecine, dans la politique. Et comment donc! Il ne faut pas oublier dans quelle situation nous nous trouvions, il y a dix ans. Le K.G.B. fonctionnait, on brouillait les radios occidentales. Il y avait des milliers de tabous, de secrets militaires, de secrets du parti... De plus, nous avions été élevés dans l'idée que l'atome pacifiquesoviétique n'était pas plus dangereux que le charbon ou la tourbe. Nous étions paralysés par la peur et les préjugés. Par la superstition de la foi... Mais restons-en aux faits ! Rien qu'aux faits...Dès mon retour, le 27 avril, j'ai décidé d'aller constater par moi-même la situation dans la région de Gomel, à la frontière ukrainienne, dans les chefs-lieux de district de Braguine, Khoïniki et Narovlia qui se trouvent à quelques dizaines de kilomètres à peine de la centrale. J'avais besoin d'une information complète. J'ai emporté des instruments pour mesurer le fond. À Braguine : trente mille microröntgens à l'heure; à Narovlia: vingt-huit mille... Les gens travaillaient la terre, préparaient la fête de Pâques, peignaient des oeufs, faisaient des gâteaux...

- Quelle radiation ? De quoi s'agit-il ? Il n'y a eu aucun ordre. La direction demande des rapports surl'avancement et le rythme des semailles.On me prenait pour un fou.

- De quoi parlez-vous, professeur ?" Röntgens, microröntgens... Un langage d'extraterrestre...Retour à Minsk. Sur l'avenue principale, on vendait des pirojki farcis à la viande hachée, des glaces, des petits pains. Sous le nuage radioactif... Le 29 avril. Je m'en souviens avec exactitude... À huit heures du matin, j'attendais déjà dans l'antichambre de Sliounkov. Même si j'insistais, faisais du forcing, personne n'acceptait de me recevoir. À cinq heures et demie du soir, un célèbre poète biélorusse est sorti du bureau de Sliounkov. Nous nous connaissions bien.

- Avec le camarade Sliounkov, me dit-il, nous avons abordé les problèmes de la culture biélorusse.J'explosai :

- Mais bientôt, il n'y aura plus personne pour développer cette culture. Il n'y aura plus de lecteurs pour vos livres, si nous n'évacuons pas d'urgence les environs de Tchernobyl. Si nous ne les sauvons pas !

- Mais de quoi parlez-vous? On m'a dit que l'incendie a déjà été éteint.Je suis finalement parvenu à me frayer un chemin jusqu'à Sliounkov et à lui décrire le tableau que j'avais vu la veille. Il fallait sauver tous ces gens ! En Ukraine (j'avais téléphoné), l'évacuation avait déjà commencé...

- Pourquoi est-ce que les dosimétristes de votre Institut courent partout dans la ville en semant la panique ? me demande-t-il. J'ai consulté l'académicien Iliné, à Moscou. Selon ses services, tout est normal, ici... Une commission gouvernementale est au travail, là-bas. Et le parquet. L'armée, les moyens techniques militaires sont déjà sur place pour colmater la brèche.Des milliers de tonnes de césium, d'iode, de plomb, de zirconium, de cadmium, de béryllium, de bore et une quantité inconnue de plutonium (dans les réacteurs de type RBMK à uranium-graphite du genre de Tchernobyl, on enrichissait du plutonium militaire qui servait à la production des bombes atomiques) étaient déjà retombées sur notre terre. Au total, quatre cent cinquante types de radionucléides différents. Leur quantité était égale à trois cent cinquante bombes de Hiroshima. Il fallait parlerde physique, des lois de la physique. Et eux, ils parlaient d'ennemis. Ils cherchaient des ennemis !Tôt ou tard, ils auront à répondre de cela.

- Vous allez vous justifier, disais-je à Sliounkov, en prétendant que vous êtes un constructeur de tracteurs (il avait dirigé une usine de tracteurs avant de faire carrière dans le parti) et que vous ne comprenez rien à la radiation. Mais moi, je suis physicien et j'ai une bonne connaissance des conséquences de la catastrophe.Mais comment ? Un physicien quelconque osait donner des leçons au Comité central ? Non, ce n'étaient pas des criminels, mais des ignorants. Un complot de l'ignorance et du corporatisme. Le principe de leur vie, à l'école des apparatchiks: ne pas sortir le nez dehors. On devait justement promouvoir Sliounkov à un poste important, à Moscou. C'était cela. Je pense qu'il a dû recevoir un coup de fil du Kremlin, de Gorbatchev: Surtout pas de vagues, ne semez pas la panique, il y a déjà assez de bruit autour de cela en Occident. Les règles du jeu étaient simples: si vous ne répondez pas aux exigences de vos supérieurs, vous ne serez pas promu, on ne vous accordera pas le séjour souhaité dans une villégiature privilégiée ou la datcha que vous voulez ... Si nous étions restés dans un système· fermé, derrière le rideau de fer, les gens seraient demeurés à proximité immédiate de la centrale. On y aurait créé une région secrète, comme à Kychtyrn ou Semipalatinsk1. Nous sommes dans un pays stalinien. Il est encore stalinien à ce jour...Dans les instructions de sécurité nucléaire, on prescrit la distribution préventive de doses d'iode pour l'ensemble de la population en cas de menace d’accident ou 1 En 1957, un accident nucléaire (une explosion chimique dans une cuve contenant des déchets radioactifs) se produisit dans la ville secrète de Tcheliabinsk-40, près de la localité de Kychtym, dans l'Oural, contaminant une zone de plus de mille kilomètres carrés. C'est notamment à Semipalatinsk, au Kazakhstan, qu'étaient testées les bombes nucléaires et thermonucléaires soviétiques. (N.d.T.) d'attaque atomique. En cas de menace ! Et là, trois mille microröntgens à l'heure... Mais les responsables ne se faisaient pas du souci pour les gens, ils s'en faisaient pour leur pouvoir. Nous vivons dans un pays de pouvoir et non un pays d'êtres humains. L'État bénéficie d'une priorité absolue. Et la valeur de la vie humaine est réduite à zéro. On aurait pourtant bien pu trouver des moyens d'agir ! Sans rien annoncer et sans semer la panique... Simplement en introduisant des préparations à l'iode dans les réservoirs d'eau potable, en les ajoutant dans le lait. Les gens auraient peut-être senti que l'eau et le lait avaient un goût légèrement différent, mais cela se serait arrêté là. La ville était en possession de sept cents kilogrammes de ces préparations qui sont restées dans les entrepôts... Nos responsables avaient plus peur de la colère de leurs supérieurs que de l'atome. Chacun attendait un coup de fil, un ordre, mais n'entreprenait rien de lui-même. Moi, j'avais toujours un dosimètre dans ma serviette. Lorsqu'on ne me laissait pas entrer quelque part (les grands chefs finissaient par en avoir marre de moi !), j'apposais le dosimètre sur la thyroïde des secrétaires ou des membres du personnel qui attendaient dans l'antichambre. Ils s'effrayaient et, parfois, ils me laissaient entrer.

- Mais à quoi bon ces crises d'hystérie, professeur? me disait-on alors. Vous n'êtes pas le seul à prendre soin du peuple biélorusse. De toute manière, l'homme doit bien mourir de quelque chose: le tabac, les accidents de la route, le suicide.Ils se moquaient des Ukrainiens qui "se traînaient à genoux" au Kremlin en quémandant de l'argent, des médicaments, des dosimètres (dont on ne disposait pas en quantité suffisante). Notre Sliounkov, lui, s'est borné à faire un bref rapport: "Tout est normal. Nous surmonterons les problèmes par nos propres moyens." On le félicita: "Bravo, les petits frères biélorusses !"Mais combien de vies ont-elles coûté, ces félicitations ? Je sais bien que les chefs, eux, prenaient de l'iode. Lorsque les gars de notre Institut les examinaient, ils avaient tous la thyroïde en parfait état. Cela n'est pas possible sans iode. Et ils ont envoyé leurs enfants bien loin, en catimini. Lorsqu'ils se rendaient en inspection dans les régions contaminées, ils portaient des masques et des vêtements de protection. Tout ce dont les autres ne disposaient pas. Et aujourd'hui on sait même qu'un troupeau de vaches spécial paissait aux environs de Minsk. Chaque animal était numéroté et affecté à une famille donnée. À titre personnel. Il y avait aussi des terres spéciales, des serres spéciales... Un contrôle spécial... C'est le plus dégoûtant... (Après un silence.) Et personne n'a encore répondu de cela...Lorsque l'on a cessé de me recevoir et de m'écouter, je les ai inondés de lettres et de rapports. J'envoyais des cartes, des chiffres à toutes les instances. J'ai constitué un dossier: quatre chemises de deux cent cinquante feuilles chacune. Des faits, rien que des faits. J'en ai pris une copie. Je gardais l'un des deux exemplaires au bureau et cachais l'autre à la maison. C'est ma femme qui s'en est chargée. Pourquoi cette copie ? Nous vivons dans un pays bien particulier... Je fermais toujours personnellement mon bureau. Au retour d'une mission, mes dossiers avaient disparu... Mais j'ai grandi en Ukraine. Mes ancêtres étaient des Cosaques. J'ai le caractère cosaque. J'ai continué d'écrire. De faire des conférences. Il fallait sauver les gens. Les évacuer d'urgence ! Nous avons multiplié nos missions d'enquête. Notre Institut a dressé la première carte des régions contaminées... Tout le sud de la république. Mais tout cela, c'est déjà de l'histoire... L'histoire d'un crime !L'Institut s'est vu confisquer - sans explication - tous les appareils destinés au contrôle des radiations. On me téléphonait à la maison, pour me menacer:

- Arrêtez de faire peur aux gens, professeur. Nous allons vous exiler dans des contrées éloignées. Vous ne devinez pas où ? Eh bien , vous avez la mémoirecourte. On exerçait aussi des pressions sur les employés de l'Institut. On les intimidait de lamême manière.J'ai écrit à Moscou ...Platonov, le président de notre Académie des sciences, m'a convoqué.

- Le peuple biélorusse se souviendra un jour de toi, car tu as beaucoup fait pour lui. Mais tu n'aurais pas dû écrire à Moscou. Tu n'aurais pas dû ! Maintenant, on exige que je te limoge. Pourquoi as-tu écrit? Ne comprends-tu pas à quoi tu t'attaques? J'avais des chiffres, des cartes. Et eux? Ils pouvaient m'interner en asile psychiatrique. En tout cas, ils m'ont menacé de le faire. Ils pouvaient organiser un accident de voiture. Ils m'ont prévenu de cela, aussi. Ils pouvaient également ouvrir une information judiciaire pour activités antisoviétiques. Ou pour escroquerie, par exemple, à cause d'une caisse de clous qui n'avait pas été enregistrée par l'économe de l'Institut.Une enquête a été ouverte... Et ils ont obtenu le résultat souhaité: j'ai été victime d'un infarctus... (Il se tait.)J'ai tout marqué. Tout est dans le dossier. Rien que des faits...Nous examinions les enfants dans les villages... Garçons et filles... Mille cinq cents, deux mille, trois mille microrëntgens... Plus de trois mille... Ces filles ne pourront jamais être mères. Elles ont des séquelles génétiques... Un tracteur labourait un champ. J'ai demandé au représentant du comité de district du parti, qui nous accompagnait:

- Le tractoriste est-il au moins protégé par un masque ?

- Non, ils travaillent sans.

- Pourquoi ? Vous n'en avez pas ?

- Pas du tout ! Nous en avons, en quantité suffisante au moins jusqu'à l'an deux mille. Mais nous ne les distribuons pas pour éviter la panique. Tout le monde s'enfuirait !

- Vous rendez-vous compte de ce que vous faites ?

- Bien sûr, pour vous c'est facile de discuter, professeur. Si on vous chasse de votre travail vous en trouverez un autre. Mais moi, où j'irais ?Vous vous rendez compte de l'étendue de ce pouvoir !Un pouvoir illimité d'une personne sur quelqu'un d'autre. Ce n'est plus de la tromperie. C'est une guerre. Une guerre contre des innocents !Nous avancions le long du Pripiat. Des familles entières y passaient leurs vacances, en camping. Les gens se baignaient, bronzaient. Ils ignoraient que, depuis quelques semaines, ils se prélassaient sous un nuage radioactif. Il nous était strictement interdit d'entrer en contact avec la population, mais j'ai vu des enfants... Je me suis approché pour leur parler. Les gens étaient perplexes: "Et pourquoi personne n'enparle, à la radio et à la télé ?" Notre accompagnateur se taisait. Nous étions toujours escortés par un représentant des autorités locales. C'étaient les ordres ... Je pouvais voir sur son visage le dilemme qui se posait à lui: cafarder ou ne pas cafarder ? Mais, en même temps je voyais qu'il avait pitié de ces gens. C'était tout de même un homme normal... Mais j'ignorais quel sentiment l'emporterait, à notre retour. Rapporterait-il ou non ? Chacun faisait son choix... (Il demeure silencieux).Que devons-nous faire aujourd'hui de cette vérité? S'il y avait une autre explosion, tout recommencerait. Nous sommes toujours un pays stalinien... Et l'homme stalinien vit toujours... »"

lundi 8 septembre 2008

Les candidats ont changé leur position sur le thème de l'énergie

Ou comment l'homme gaspille les ressources de la planète au grès de ses humeurs : le litre 0,90 dollars ? on reprend les forages !




Le Monde :
"Hier susceptibles de "condamner à la défaite tout homme politique", les forages offshore "sentent maintenant comme un bouquet de roses", ironise la politologue californienne Susan Estrich. Une seule explication : le prix du litre d'essence à la pompe. A près de 5 dollars le gallon (0,90 euro le litre), il a doublé en deux ans : lèse-majesté pour le mode de vie des Américains. Susan Estrich, qui finance trois voitures, constate que son budget mensuel d'essence est supérieur à ce qu'elle remboursait pour l'emprunt de sa première voiture. Tout aspirant à la Maison Blanche se devait de songer à soulager les automobilistes américains, quitte à opérer des virages à 180 degrés, estime-t-elle. C'est précisément ce qu'ils ont fait.

Soucieux à l'époque de protéger l'environnement, le républicain John McCain a plusieurs fois voté, au Sénat, contre la levée du moratoire sur les forages en mer, en vigueur depuis 1981. Il les approuve depuis que les prix à la pompe ont fortement grimpé, en juin. Du coup, les lobbyistes du secteur pétrolier ont accepté de contribuer financièrement à sa campagne. Ils ont été davantage encouragés par le choix de sa colistière. Sarah Palin, gouverneure de l'Alaska, est partisane de l'exploitation pétrolière et gazière en mer, y compris dans l'Arctique. L'Alaska produit 720 000 barils par jour mais en fournissait trois fois plus il y a vingt ans.
Barack Obama a d'abord campé sur son refus des forages en mer, estimant que ces projets "ne produiraient pas une seule goutte de pétrole avant au moins sept ans". "Gonfler correctement les pneus des véhicules et régler les moteurs permet d'économiser autant de carburant" que ce que ne produiront les forages offshore, avait-il ajouté. Le candidat démocrate a amendé sa position : il accepterait l'exploitation de certains champs (au large de la Floride, notamment), à condition que les compagnies pétrolières épuisent les droits de forage dont elles disposent sur le continent. Encore opposé, début juillet, à la proposition républicaine de puiser dans les réserves stratégiques américaines de pétrole (sauf en cas de "véritable urgence"), il a changé d'avis, début août, estimant que la vente de 10 % de ces réserves de 700 millions de barils contribuerait à faire baisser le prix de l'essence.
John McCain, qui cite la France en exemple en matière d'indépendance énergétique, prône la construction de 45 réacteurs nucléaires d'ici à 2030. Barack Obama affiche dorénavant moins de réticences face au nucléaire, à condition "de rechercher les moyens de stocker les déchets de façon sûre". "Soyons sérieux, implore Susan Estrich. Quelle que soit l'issue du scrutin présidentiel, le prix de l'essence ne baissera pas avant très longtemps." "
Un complément sur le site de Challenges.

Début de la construction de la centrale nucléaire de Béléné en Bulgarie




Une nouvelle génération de centrale, pour un nucléaire enfin sur.





BELENE (Bulgarie) - Le Premier ministre bulgare Serguei Stanichev a posé mercredi la première pierre de la deuxième centrale nucléaire bulgare à Béléné, sur le Danube, après la fermeture partielle de la centrale de Kozlodoui.
"L'énergie nucléaire et le développement de Béléné garantira au pays une indépendance énérgétique", a-t-il déclaré lors de la cérémonie.
La centrale sera composée de deux tranches de 1.000 MW chacune et de nouvelle génération dont la première doit commencer à produire de l'électricité en décembre 2013 et la seconde en juin 2014, a précisé le ministre de l'Economie et de l'Energie Petar Dimitrov.
Le contrat pour Béléné d'une valeur de 3,977 milliards d'euros a été signé le 18 janvier dernier lors d'une visite de l'ex-président russe Vladimir Poutine à Sofia. Il sera réalisé par la société russe Atomstroyexport avec comme sous-traitant un consortium franco-allemand Areva-Siemens chargé notamment des systèmes de sécurité. La banque française BNP Paribas gèrera le processus du financement de la construction.
La centrale de Béléné est la première réalisation du groupe russe Atomstroyexport dans un pays de l'Union européenne. Les réacteurs seront du type VVER à eau pressurisée et d'un nouveau modèle, V-466, dont aucun exemplaire n'a encore été installé en Europe, mais qui fonctionne déjà en Chine et en Iran.
"Projet unique, Béléné sera la centrale la plus fiable, sûre et efficace dans ce projet russo-européen d'Atomstroyexport et du consortium (...) Areva-Siemens", a souligné le président d'Atomstroyexport Leonid Reznikov.

dimanche 7 septembre 2008

"L'énergie solaire photovoltaïque est en phase de décollage"



Patience, le photovoltaique arrive ! aidons le !





"Quelle fête ! Les industriels et scientifiques du photovoltaïque n'en finissent pas de s'étonner : jamais ils n'avaient été aussi nombreux à se réunir. La 29e Conférence de l'énergie solaire photovoltaïque, qui doit s'achever, vendredi 5 septembre, à Valence, a réuni plus de 4 000 chercheurs et un millier d'exposants. Cette affluence est à l'image d'un marché qui a explosé depuis plusieurs années, à la suite de l'instauration en Allemagne, en 2000, d'un tarif de rachat avantageux de l'électricité produite par les panneaux solaires.

Une augmentation de 40 % par an des capacités installées dans le monde, un chiffre d'affaires mondial de 24 milliards d'euros, une capacité de production installée de 3 800 mégawatt-crête (MWc) en 2007 : l'énergie photovoltaïque est sortie de la marginalité. Et les perspectives sont plus qu'encourageantes : les analystes financiers voient le marché passer à 5 000 MWc en 2008, 7 000 en 2010, et jusqu'à 20 000 en 2012.
Mais, avec la maturité, pourrait survenir la première crise : "On peut aller vers une situation où l'on produit plus que le marché ne peut absorber", avertit Winfried Hoffmann, vice-président de l'European Photovoltaic Industry Association (EPIA). Il pourrait donc y avoir une "consolidation du secteur", c'est-à-dire la disparition de plusieurs entreprises dans un marché qui a pris des allures de ruée vers l'or. Deuxième effet, plus favorable : une baisse de prix permettant de relancer la demande.
"Le problème est que le marché est concentré sur cinq pays, l'Allemagne, les Etats-Unis, l'Espagne, le Japon et l'Italie, observe Ernesto Macias, président de l'EPIA. Et si l'Europe assure 75 % de la consommation, elle ne couvre que 24 % de l'approvisionnement. Les autres pays devraient faire des efforts pour développer leurs marchés." Clairement visée, la Chine, qui s'assure une part grandissante de la production de panneaux solaires - Suntech est ainsi devenue en quelques années une des premières firmes du secteur -, mais dont la consommation reste très faible, avec 100 MW en 2007.
Le photovoltaïque est-il déjà en surchauffe ? "La récession économique refroidit l'enthousiasme des investisseurs, observe Stephan Droxner, analyste pour le cabinet LBBW. Et l'on sent monter les critiques de responsables politiques sur le coût des mesures de soutien au photovoltaïque."
Ainsi, en Espagne, le marché devrait se contracter à la suite de la décision du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero de limiter l'aide au photovoltaïque à 300 MWc installés en 2009. Mais d'autres marchés pourraient décoller, notamment la France, qui a adopté un tarif de rachat de 57 centimes par kilowattheure (kWh) : "EDF est dépassée par le succès, observe Jean-Louis Bal, de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Elle traite 800 raccordements d'installations solaires au réseau chaque mois."
Si le solaire doit traverser une crise de croissance, celle-ci ne devrait être que passagère. C'est que la ressource est immense : "Elle est dix mille fois supérieure à la consommation électrique actuelle de l'humanité, observe le chercheur Jean-François Guillemoles. Et c'est une quantité inépuisable pour des millions d'années."
PARITÉ AVEC LE RÉSEAU D'ICI 2020
Daniel Lincot, président du comité scientifique du congrès de Valence, complète : "En moyenne, en France, un mètre carré de sol reçoit chaque année 1 mégawattheure. Si on récupère 10 % de cette énergie, cela représente 16 litres de pétrole ; 5 000 km2 assureraient toute la consommation électrique du pays, soit 540 terawattheure." Pour ses promoteurs, le solaire est l'énergie de l'avenir. Selon Hans-Josef Fell, député au Bundestag, "le photovoltaïque a la capacité de remplacer dans quelques décennies l'énergie nucléaire en Allemagne".
Ces perspectives appartiennent cependant encore au domaine du rêve : le coût de production de l'électricité photovoltaïque reste très élevé, allant, selon les pays, de 30 à 60 centimes d'euros par kWh. Les experts estiment cependant que la "parité avec le réseau", c'est-à-dire l'égalité entre le coût de production d'un kWh par une maison équipée et le prix facturé par le réseau pour fournir ce kWh à la maison, sera atteinte d'ici 2020. La recherche progresse en effet rapidement, tandis que le développement de l'industrie fait baisser les prix par économie d'échelle. D'immenses possibilités existent aussi dans l'électrification rurale des pays pauvres.
Le secteur devra cependant prendre en compte l'environnement, qui ne se réduit pas à l'absence d'émission de gaz carbonique. "On peut raisonnablement équiper l'Europe de 50 000 MW en photovoltaïque, assure Wolfgang Palz, qui a piloté jusqu'en 2002 les énergies renouvelables à la Commission européenne. Mais il ne faut pas se leurrer : cela signifie des panneaux vraiment partout. Il faudra chercher une bonne intégration. Or tous ces industriels qui veulent de l'argent facile ne cherchent pas à faire de jolies photopiles."
Si le photovoltaïque a vocation à équiper les toits des bâtiments, il peut aussi passer par des centrales qui occupent une très grande surface au sol. Mais il faudra démontrer que c'est le meilleur usage qu'on puisse faire de celui-ci.
Les acteurs du solaire assurent que leur souci est altruiste : "Il y a un caractère d'urgence qui donne une particularité à cette communauté, affirme Daniel Lincot. Nous voulons résoudre un problème collectif, pas simplement produire plus de choses, comme d'autres secteurs tels l'automobile ou les écrans plats."
Hervé Kempf"