mercredi 23 avril 2008

"La gestion des déchets nucléaires"





La gestion des déchets nucléaires

par Hervé Nifenecker* - SPS n° 280, janvier 2008

"Le nucléaire peut faire partie de la réponse énergétique au réchauffement climatique. Toutefois, la principale interrogation à propos de l’utilisation de cette énergie concerne la gestion des déchets et leur impact environnemental. Hervé Nifenecker expose ici, pour les lecteurs de Science et pseudo-sciences, quelques éléments utiles pour que chacun puisse se faire sa propre opinion à ce sujet.

Contrairement aux déchets chimiques industriels renfermant des éléments toxiques comme l’arsenic, le plomb, le cadmium dont la durée de vie est infinie, les déchets nucléaires renferment des radionucléides qui disparaissent avec le temps, même si, pour certains d’entre eux, il faut très longtemps. Par ailleurs plus les radionucléides vivent longtemps et moins ils sont dangereux ! En effet, qui dit grande durée de vie dit faible taux de désintégration. Par exemple l’iode 129, qui a une période de 15 millions d’années, est 700 millions de fois moins radioactif que l’Iode 131, dont la période n’est que de 8 jours et qui a été responsable des cancers de la thyroïde de Tchernobyl. Or le public imagine souvent que les deux iodes sont les mêmes et ont les mêmes conséquences radiologiques !

Les déchets actuels, composés de produits de fission et d’actinides mineurs enrobés dans du verre, doivent être refroidis pendant quelques dizaines à une centaine d’années. Ils sont entreposés en surface ou en sub-surface, sous surveillance, sans qu’aucune conséquence sur la santé publique n’ait jamais pu être observée.

La pratique actuelle d’entreposage en surface est globalement satisfaisante, même si elle peut être encore améliorée, et ce, aussi longtemps que la production d’électricité nucléaire continuera.
Dès que la puissance dégagée devient suffisamment faible pour ne plus nécessiter de refroidissement, il devient possible de stocker les déchets à quelques centaines de mètres de profondeur, à l’abri d’éventuelles agressions criminelles et des conséquences possibles de changements climatiques à long terme.

Le bon sens dit qu’un stockage à quelques centaines de mètres de profondeur serait encore plus sûr qu’un stockage en sub-surface. Or tout se passe comme si l’on craignait davantage un stockage en profondeur qu’un stockage en surface !


Production de déchets

Ordres de grandeur

Un réacteur d’une puissance de 1000 MWe [1] produit environ 30 tonnes de combustibles usés par an (environ 3 m³). La principale partie de ces combustibles est composée d’uranium (environ 28,7 tonnes). Ils contiennent aussi environ 1 tonne de produits de fission dont 45 kg de produits de fission de durée de vie moyenne (césium137 et strontium 90) et 65 kg de produits de fission à vie longue. Enfin ils contiennent environ 300 kg de plutonium et 20 kg d’actinides mineurs (américium, curium et neptunium).

La quantité de déchets finaux à stocker dépend de la conception que l’on a de l’avenir de la filière nucléaire.

Un scénario de sortie du nucléaire conduit à envisager que la totalité des combustibles usés doit être considérée comme devant être stockée en couche géologique profonde. La pratique du retraitement et du MOx [2] ne change pas grand chose à la validité de cette affirmation, car, au bout du compte, il faudra stocker l’uranium de retraitement, les combustibles MOx usés et les déchets du retraitement. On voit donc qu’environ 30 tonnes de déchets de haute activité et à vie longue (HAVL) destinés à un stockage géologique seront produits chaque année par réacteur de 1000 MWe.

Dans le cas contraire, celui d’un nucléaire durable reposant sur l’utilisation future de réacteurs surgénérateurs, aussi bien l’uranium de retraitement que le plutonium doivent être considérés comme des ressources et la quantité de déchets HAVL destinée au stockage géologique est réduite à environ une tonne par an. Il faut y ajouter la production d’une vingtaine de tonnes de déchets de moyenne activité et longue durée de vie (MAVL) ayant une radioactivité totale de quelques pour cent de celle des déchets HAVL, ne dégageant pratiquement pas de chaleur, et qui sont donc beaucoup plus faciles à gérer.

On voit qu’un scénario de sortie du nucléaire conduit à devoir gérer une quantité de déchets HAVL près de 30 fois plus important qu’un scénario de nucléaire durable. Un tel scénario exigerait aussi de prendre rapidement la décision du stockage géologique puisqu’il supposerait la disparition assez rapide des compétences nucléaires qui assurent, actuellement, la sûreté des entreposages. Une telle disparition est déjà observable dans un pays comme l’Italie. Contrairement à ce qui s’est passé en Allemagne et en Belgique, une décision de sortie du nucléaire ne saurait donc être prise avant que le stockage géologique soit assuré. Réclamer la sortie du nucléaire et s’opposer à la réalisation d’un site de stockage géologique est incohérent, irresponsable et démagogique.


Énergies primaires, énergies finales et déchets nucléaires

Quel sera l’impact des mesures d’économies d’énergie sur les émissions de CO2 ? À ce sujet, beaucoup de confusions sont faites. La première serait de croire que toute baisse de la consommation finale entraîne mécaniquement une réduction des émissions de CO2 à même hauteur. En réalité, l’impact en termes de rejets de gaz carbonique dans l’atmosphère dépend principalement de la source d’énergie économisée et de son mode de transformation en énergie finale. Ce qu’on appelle source d’énergie primaire est donc l’ensemble des produits énergétiques non transformés : le pétrole brut, le gaz naturel, les combustibles minéraux solides, la biomasse, le bois, le rayonnement solaire, l’énergie hydraulique, l’énergie du vent, la géothermie, l’énergie tirée de la fission de l’uranium par exemple. Cette énergie n’est pas toujours directement utilisable et doit donc être transformée en énergie finale (raffinage du pétrole, usines nucléaires ou hydroélectriques, fermes éoliennes ou panneaux solaires, pour produire de l’électricité, etc.).
Passer d’une énergie primaire à l’énergie finale va nécessiter un processus de transformation plus ou moins important et complexe selon les cas, avec des rendements énergétiques variables. C’est l’ensemble de cette chaîne, et son impact en émissions de gaz carbonique, qu’il faut considérer pour établir des comparaisons pertinentes et fonder une politique de réduction de CO2.

Un exemple de cette confusion est donné par Hervé Nifenecker, reprenant le rapport du Groupe de travail « Division par quatre des émissions de gaz à effet de serre de la France à l’horizon 2050 » [3] présidé par Christian de Boissieu. Ce dernier déclare que « l’énergie nucléaire en Europe représente 6 % de l’énergie finale, 2 % dans le monde, 17 % de l’énergie finale en France. Au vu de ces pourcentages, il n’apparaît pas justifié, pour bâtir une stratégie climat, de centrer le débat sur l’énergie nucléaire. »

L’énergie nucléaire n’est bien entendu pas une énergie finale. Hervé Nifenecker s’est alors livré au calcul de l’impact qu’aurait eu un choix par tous les pays de l’OCDE similaire à celui effectué en France pour le nucléaire, en lieu et place des centrales à fiouls, gaz et charbon [4]. Sa conclusion est qu’une telle politique aurait mené à « augmenter la production nucléaire des pays de l’OCDE de près d’un facteur 3 tout en réduisant celle des centrales à charbon de près d’un facteur 8 (un facteur supérieur à 5 pour les centrales brûlant du fioul et de presque 6 pour les centrales à gaz), tout en maintenant constante la production d’électricité. La réduction des émissions de CO2 aurait été de 4,6 Milliards de tonnes de CO2, soit plus du tiers des émissions totales (qui incluent celles dues au transport et au chauffage) ».

Toutefois, la principale interrogation à propos du nucléaire concerne la gestion des déchets et leur impact environnemental, objet de l’article d’Hervé Nifenecker dans ce numéro de Science et pseudo-sciences.

J.-P. K.

Comparaisons

Au niveau mondial l’électricité est produite à plus de 50 % par des centrales au charbon. Une centrale produisant 1 000 MWe consomme environ 4 millions de tonnes de charbon par an. Elle produit près de 300 000 tonnes de cendres renfermant 400 tonnes de métaux lourds toxiques dont 5 tonnes d’uranium et 13 tonnes de thorium. Notons que ces radioéléments ne sont pas gérés, contrairement, bien sûr, à ceux produits dans le cycle nucléaire. De plus, la centrale à charbon rejette chaque année 10 millions de tonnes de gaz carbonique dans l’atmosphère.

Il est intéressant de comparer le volume des déchets nucléaires à celui des autres déchets industriels toxiques. En 1998, dans l’Union Européenne, le volume de déchets nucléaires de haute activité (HAVL) était de 150 m³ (un cube de 5,5 mètres de côté), le volume total des déchets nucléaires, y compris ceux de faible activité était de 80 000 m³ (un cube de moins de 45 mètres de côté), celui des déchets industriels toxiques de 10 millions de m³ (un cube de 215 mètres de côté) et celui de tous les déchets industriels de 1 milliard de m³ (un cube de 1 kilomètre de côté).

Les gestions des déchets industriels toxiques et des déchets nucléaires à court ou long terme sont difficilement comparables mais on peut noter des cas d’intoxication graves au plomb ou au mercure, même dans les pays développés, alors que dans ces mêmes pays on n’a jamais rapporté de cas d’exposition aux rayonnements ayant entraîné des conséquences significatives pour le public du fait de la gestion des combustibles usés ou des déchets de retraitement.


Le stockage en site géologique profond

Aussi longtemps qu’ils restent confinés sous terre, dans le site de stockage géologique, les déchets nucléaires ne présentent aucun danger pour le public. C’est la contamination des eaux superficielles par des radionucléides à vie longue qui peut constituer un risque pour le futur. Pour qu’une telle contamination se produise il faut :
D’abord que les conteneurs des déchets soient endommagés par une corrosion aqueuse, un processus qui devrait durer au moins 10000 ans.
Que les éléments radioactifs soient progressivement dissous dans l’eau. Pour ceux contenus dans les verres ce processus durerait plusieurs centaines de milliers d’années. Certains éléments comme le plutonium et l’américium sont, d’ailleurs, très peu solubles dans l’eau ce qui étale dans le temps le processus de dissolution.

Que les éléments radioactifs soient transportés par l’eau hors de la couche géologique de stockage. Dans l’argile cela a lieu par un processus de diffusion qui est très lent. Typiquement pour un site comme celui de Bure ce processus durerait entre quelques centaines de milliers d’années pour les éléments les plus mobiles (iode [5], technétium 99, niobium 94) et beaucoup plus pour les moins mobiles (plutonium, uranium).

Que les éléments radioactifs passent dans la nappe phréatique de surface, ce qui est assez rapide en comparaison avec les processus précédents. À ce stade, les radionucléides les plus radioactifs, césium 137, strontium 90 et les principaux actinides (plutonium, américium et curium) auront disparu depuis longtemps ! Le neptunium lui-même, très faiblement radioactif, est très peu soluble dans les eaux souterraines et peu mobile. Une faible couche d’argile de quelques mètres d’épaisseur suffirait à ce qu’il ne puisse jamais revenir en surface. Or la couche d’argile du site de l’Est de la France a 150 mètres d’épaisseur ! Pratiquement, seule l’iode 129, très peu radiotoxique, devrait se retrouver dans les nappes phréatiques en liaison avec le site de stockage après quelques centaines de milliers d’années.

Risques pour la population

La règle fondamentale de sûreté imposée par les autorités de sûreté pour un stockage géologique recommande que l’augmentation de l’exposition des populations les plus exposées à tout moment du futur, n’excède pas le dixième de la radioactivité naturelle. Pour un stockage bien conçu [6], toutes les simulations de retour des radionucléides à la biosphère effectuées montrent que cette limite ne devrait jamais être atteinte sauf, éventuellement, en cas d’intrusion volontaire dans le site de stockage, et ce pour les intervenants eux-mêmes [7]. Les riverains actuels des sites de stockage géologique et leur lointaine descendance ne risquent rien, à l’exception, pour les proches descendants, d’accidents liés aux transports divers relatifs à l’exploitation du stockage. Il reste à comprendre pourquoi cette innocuité du stockage géologique est aussi largement mise en doute dans les médias et le public. Sans doute les organisations institutionnelles n’ont-elles pas suffisamment informé le public sous prétexte qu’elles ne possédaient pas les évaluations définitives de risque… Si le GIEC [8] avait adopté une telle attitude, nous en serions toujours à nous demander si le réchauffement climatique est une réalité.

Risques pour l’environnement

Alors qu’il ne fait plus de doute que les activités humaines sont responsables de la disparition de nombreuses espèces animales, il est impossible de trouver un cas de disparition imputable à l’exploitation de l’énergie nucléaire. Bien plus, même dans les cas extrêmes de contamination radioactive comme lors des essais atmosphériques d’armes ou de la catastrophe de Tchernobyl, les biotopes ont assez rapidement retrouvé leur état initial alors même que la radioactivité résiduelle restait notable.

D’une façon générale, une quelconque influence sur la biosphère de la production d’électricité nucléaire ne pourrait être envisagée que si l’augmentation de la radioactivité moyenne qu’elle pourrait entraîner dépassait la valeur de la radioactivité naturelle. En France l’augmentation moyenne de la radioactivité ambiante due à la production d’électricité nucléaire est 5000 fois plus faible que la radioactivité naturelle. Par ailleurs, l’activité de la totalité des déchets produits pendant 50 ans de fonctionnement du parc de réacteurs français en absence de retraitement ne représenterait, au bout de 1000 ans que le millième de l’activité de la croûte terrestre française [9], ce qui signifie que, même dans le cas extrêmement improbable où toute l’activité du dépôt serait relâchée dans l’environnement, l’augmentation de la radioactivité moyenne resterait très faible.


La séparation-transmutation

Dans le cadre d’un nucléaire durable mettant en œuvre des réacteurs surgénérateurs (comme l’est le réacteur Phénix et l’était le réacteur Super-Phénix) la séparation du plutonium et de l’uranium des combustibles usés est une nécessité. C’est d’ailleurs cette nécessité qui a justifié la construction de l’usine de La Hague. Après séparation et mise en réacteur le plutonium subit la fission ou, plus rarement, est transmuté en américium. L’uranium, quant à lui, est transmuté en plutonium. De leur côté les produits de fission et les actinides mineurs (neptunium, américium, curium) sont vitrifiés. Les verres de retraitement sont destinés au stockage géologique.
Le développement des réacteurs surgénérateurs ayant été arrêté, l’usine de La Hague a été utilisée pour fournir le plutonium des combustibles MOx chargés dans certains réacteurs REP. Cette pratique permet d’économiser de l’uranium enrichi et n’entraîne qu’un modeste surcoût du kWh [10]. De plus, les compétences acquises grâce à l’usine de La Hague représentent un atout industriel de première grandeur pour l’avenir du nucléaire.

Les dimensions du stockage géologique sont essentiellement déterminées par le dégagement de chaleur des colis de déchets de haute activité. La réduction des dimensions du stockage pour en diminuer le coût est une motivation supplémentaire pour adopter une stratégie de séparation-transmutation. La seule extraction du plutonium permet de diviser par deux la charge thermique. Pour diminuer celle-ci pendant le premier siècle de stockage, il pourrait être économiquement intéressant de séparer le césium et le strontium et de les entreposer sur une longue durée pour décroissance [11]. La séparation et la transmutation de l’américium dans des réacteurs spécialisés ou dans les réacteurs surgénérateurs permettraient de gagner deux ordres de grandeur sur la charge thermique des déchets, et donc, une réduction comparable de la surface du site de stockage.

En conclusion, séparation et transmutation ne sont pas des préalables à la mise au point d’une gestion satisfaisante des déchets nucléaires mais pourraient en réduire notablement le coût. Par contre l’extraction du plutonium [12] est une nécessité pour le développement d’un nucléaire durable basé sur des réacteurs surgénérateurs.

Le financement de la gestion des déchets

En l’état actuel le budget de l’ANDRA qui est chargée du stockage définitif des déchets nucléaires est abondé par les producteurs, essentiellement par EDF et AREVA. On peut se poser la question, comme l’a d’ailleurs fait l’OPECST [13], de savoir si cette solution reste fiable et valable dans le contexte de libéralisation du marché de l’électricité. Il est aussi légitime de s’interroger sur le financement des recherches sur la séparation-transmutation."



L'article ici.

mardi 22 avril 2008

"L'environnement, un thème ténu dans la course à la Maison-Blanche"



Avant que les candidats démocrate s'entre détruisent, pour qui s'engager ?

"Les trois candidats dans la course à la Maison-Blanche assurent que le réchauffement climatique est une priorité, mais ils évitent soigneusement d'entrer dans les détails de leurs propositions, par crainte de perdre des votes, estiment les experts.

Les défenseurs de l'environnement estiment que chacun des candidats est plus en pointe sur le sujet que l'actuel président George W. Bush, même si celui-ci vient de fixer cette semaine aux États-Unis l'objectif d'arrêter la croissance des émissions responsables du réchauffement climatique d'ici à 2025.

Mais ils se demandent si le prochain président sera assez déterminé, d'autant que les entreprises prédisent des pertes d'emplois et une flambée des prix de l'énergie si la lutte contre la pollution devenait obligatoire.

Le républicain John McCain est le candidat qui suscite le moins d'enthousiasme chez les défenseurs de l'environnemment, même s'ils le considèrent comme inhabituellement «vert» pour un conservateur.

McCain soutient le recours à l'énergie nucléaire pour réduire les émissions de CO2, mais il n'a pas fixé d'objectifs pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, ni pour l'utilisation d'énergies renouvelables.


«Tout le monde sait que John McCain a été en pointe dans la lutte contre le changement climatique et qu'il pense qu'il faut agir maintenant», a affirmé à l'AFP le porte-parole du candidat, Tucker Bounds.
Mais le sénateur de l'Arizona a été critiqué par la League of Conservation Voters, une association qui cherche à imposer l'environnement dans le débat politique, pour ses votes «contradictoires» au Sénat, tandis que Greenpeace rejetait son soutien au nucléaire.

«Pour éviter les effets les plus graves du réchauffement climatique, nous devons fortement réduire (les émissions de gaz à effet de serre) d'ici sept ans. Le nucléaire ne le permettra pas, parce qu'il faut au moins 10 ans pour construire une centrale», a estimé Jane Kochersperger, une porte-parole de Greenpeace.

La directrice politique de l'association de défense de l'environnement Sierra Club, Cathy Duvall, juge pour sa part les solutions de John McCain «dépassées».

Côté démocrate, Hillary Clinton et Barack Obama ont des positions assez similaires. Tous deux soutiennent un système de limitations des émissions de gaz à effet de serre avec un marché du carbone.

Ils souhaitent aussi que les énergies renouvelables fournissent 25% des besoins américains d'ici 2025, que les émissions de carbone soient réduites de 80% d'ici 2050, que les normes de consommation des véhicules soient durcies et que les réserves de biocarburants augmentent d'ici 2030.

«Nous n'avons pas encore fait notre choix entre les deux,» a affirmé David Sandretti, responsable de la communication de la League of Conservation Voters.

Aucun des deux candidats n'a répondu aux demandes de commentaires de l'AFP.

Greenpeace dit aussi avoir eu du mal à obtenir des détails, selon Mme Kochersperger, qui attribue cette discrétion à la course à la nomination démocrate et à la bataille pour les voix ouvrières dans la primaire cruciale de Pennsylvanie, mardi.

Les démocrates «ne veulent pas exaspérer ces électeurs. Ils ne sont pas complètement honnêtes sur ce qu'il faut faire», a-t-elle affirmé.

En effet, selon William Kovacs, vice président de la Chambre de commerce chargé des questions d'environnement, la fermeture de centrales à charbon risque de sa traduire par des licenciements et la hausse des prix de l'énergie pourrait forcer les entreprises à délocaliser.

La Chambre de commerce ne soutient aucun candidat, mais préconise le recours à l'énergie nucléaire et est opposée à la mise un place d'un marché du carbone."

"Revirement de la Commission européenne sur le nucléaire"



Opérant un quasi virage à 180 degrés, le commissaire européen à l’énergie, Andris Piebalgs, a insisté pour que des « investissements de grande ampleur » soient réalisés dans l’UE afin de remplacer ses centrales nucléaires vieillissantes et de réduire ses émissions de CO2.

Tranchant avec la position traditionnelle de compromis de la Commission européenne, Andris Piebalgs a exprimé une position franche et claire en faveur de l’énergie nucléaire, lors d'une conférence à Bruxelles le 15 avril.

Les Etats membres sont divisés quant à l’utilisation et l’exploitation du nucléaire. Certains s’inquiètent notamment de l’opacité des procédures de gestion et de retraitement des déchets nucléaires de leurs partenaires.

Pour M. Piebalgs, de nouveaux investissements sont pourtant indispensables pour continuer d’assurer la sécurité des centrales nucléaires, essentielle pour garantir l’acceptation de cette énergie par la population et le monde politique pour l’avenir à long terme de l’industrie.
« Afin de rendre ces investissements possibles, la Commission s’applique à remédier aux difficultés liées à la délivrance des autorisations, au financement et aux différents régimes de responsabilité nucléaire ».

Le commissaire a affirmé que l’énergie nucléaire faisait partie du nouveau bouquet énergétique de l’Union européenne et qu’elle le resterait. D’après lui, elle contribuera sans aucun doute à atteindre les trois objectifs du paquet énergie-climat (lire le dossier d'EurActiv.fr). Pas uniquement en terme de durabilité ou de réduction de CO2, mais également en ce qui concerne la sécurité d’approvisionnement de l'UE, a souligné A. Piebalgs.

Les prises de positions du commissaire Piebalgs sont cruciales pour la France, dans le contexte des négociations sur la politique climatique de l'UE. Selon celle-ci, qui sera discutée pendant la Présidence française de l'UE, les Etats membres devront notamment atteindre 20% d’investissement dans les énergies renouvelables et diminuer leurs émissions de CO2 de 20%, le tout d’ici 2020.

Le principe de solidarité étant de mise en Europe, la France devrait en réalité atteindre 23% d’énergie renouvelable d’ici 2020.

Or, en défendant cette position, la Commission se rapproche de celle prônée par les dirigeants français et jusqu’à présent rejetée par Bruxelles.

L’ancien président de la République, Jacques Chirac, puis son successeur Nicolas Sarkozy, plaident en effet pour que l’énergie nucléaire soit considérée par l’UE comme une énergie renouvelable, ou tout du moins comme une « énergie pauvre en carbone » susceptible de diminuer la part des investissements en renouvelables de la France. L'atome permet à la France, pays le plus nucléarisé au monde par rapport à son nombre d’habitants, d’émettre 25% de gaz à effet de serre de moins que la moyenne européenne. (Lire EurActiv 02/05/07). Le nucléaire contribue, en effet, à plus de 78% de la consommation d’électricité du pays.Cette conception française, consistant à faire du nucléaire l’outil principal de la lutte contre le changement climatique, a suscité jusqu’à présent une vive opposition de la part de certains Etats membres, notamment l’Autriche et l’Allemagne.

Positions :
Pour EDF, le discours du commissaire européen est « historique ». « Il s’agit d’un revirement considérable de la position de la Commission européenne, qui manifeste son attachement à l’énergie nucléaire et ouvre ainsi la voie à une harmonisation des procédures d’agrément et de financement du nucléaire dans l’Union européenne », estime l’opérateur historique français.
Le nucléaire « n’est pas l’unique solution mais c’est une solution incontournable, et ce, même si la décision appartient unilatéralement à chaque Etat membre », indique Suez. « Les marchés européens sont dérégulés, cloisonnés, extrêmement durs à pénétrer et l’Union européenne pâtit de l’absence d’un cadre global régulateur à l’échelle communautaire », ajoute-t-on dans l’entreprise. Selon l'énergéticien, la politique de libéralisation européenne des secteurs de l’énergie n’a pu pour l’instant provoquer une baisse des prix pour le consommateur, étant donné le refus de certains pays comme l’Allemagne d’entrer dans le parc nucléaire.

"Nucléaire: coopération Emirats/USA"



Enfin un peu de sagesse au moyen orient ...

"Les Emirats arabes unis ont promis de donner "le bon exemple" pour le Moyen-Orient en matière d'énergie nucléaire à usage civil, en signant aujourd'hui à Manama un accord de coopération avec les Etats-Unis.

Sur fond d'inquiétude concernant le programme de l'Iran, le Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont font partie les Emirats et Bahreïn, avait décidé en décembre 2006 de développer un programme régional de technologie nucléaire à des fins pacifiques.Le CCG rassemble aussi l'Arabie saoudite, le Koweït, Oman et le Qatar.

Dans un accord précédent avec les Etats-Unis, Bahreïn avait promis "de renoncer aux technologies sensibles d'enrichissement de l'uranium et de s'en remettre aux marchés internationaux existants pour l'achat de combustible nucléaire", ce qui "contraste contraste totalement avec les activités nucléaires de l'Iran".

La France avait signé un accord de coopération dans le domaine du nucléaire civil avec les Emirats, lors d'une visite du président Nicolas Sarkozy dans ce pays en janvier."

lundi 21 avril 2008

"Le Niger revendique aussi son droit à l’énergie nucléaire "

Paris, le 18 avril (Nouvelle Solidarité)

C’est au CAPE (Centre d’accueil de la presse étrangère), devant une salle pleine que Mohamed Ben Omar, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement du Niger, a détaillé les plans de développement économique de son pays. Les richesses en matières premières du Niger étant potentiellement immenses – uranium, pétrole, cuivre, platine, or… – le ministre a exprimé la détermination de son gouvernement que plus jamais le nom du Niger ne figure parmi la liste des pays les plus pauvres de la planète.

La montée en puissance d’autres acteurs économiques en Afrique ces dernières années, et notamment de la Chine, a permis à beaucoup de pays africains, dont le Niger, d’échapper à la dépendance des anciennes puissances coloniales. Grâce à la diversification des partenaires économiques, les nations d’Afrique ont pu négocier des meilleurs prix pour leurs matières premières, condition sine qua non pour leur développement économique. C’est le cas du Niger, qui a été encouragé par son partenariat avec la Chine à renégocier à la hausse les prix payés par la compagnie française Areva pour l’uranium extrait de son sous-sol, (+45% en août 2007 et + 50% en janvier 2008).

Dans ce contexte, le ministre a annoncé que 141 contrats d’exploitation sont en voie d’attribution à des compagnies pétrolières ou minières. Dans le domaine de l’uranium, si Areva et ses filiales, la Somair et la Cominak, restent les principaux exploitants, la Chine sera elle aussi représentée au sein d’une société commune sino-nigérienne, la SOMINA (Société des mines d’Azelik), créée en juin 2007, qui projette de produire 700 tonnes d’uranium par an à partir de 2009. Autre nouvel arrivant, la compagnie indienne Taurian Ressources qui exploitera 3000 km2 dans la région d’Arlit. En matière pétrolière, le ministre a évoqué les contrats d’exploitation octroyés à la China National Petroleum Company (CNPC), ainsi qu’à la compagnie nationale de pétrole algérienne, Sonatrach, et à des compagnies canadiennes. Notons qu’il s’agit des partenariats sud-sud car le Niger participera également à la construction du gazoduc transsaharien Nigal qui doit relier le Nigeria à l’Algérie en passant par le Niger.

Parmi les retombées importantes de l’augmentation de cette activité minière et pétrolière, le Ministre a évoqué la loi adoptée récemment qui oblige le gouvernement nigérien à rétrocéder 15% des bénéfices des activités minières, aux budgets des communes des régions où les activités minières ont lieu. Une enveloppe de 1,5 milliard FCFA vient d’être versé par le gouvernement aux communes de la région d’Agadez.

Victoire importante pour le gouvernement nigérien, la population nigérienne sera épargnée par la crise alimentaire et la famine qui se propage à travers le monde. En effet, après la crise alimentaire de 2005 le gouvernement a créé un mécanisme de stockage qui permet à l’Etat de disposer aujourd’hui de 120000 tonnes de céréales pour faire des interventions en cas de coup dur. Aussi, une mesure provisoire (3 mois) permet de détaxer les produits de base comme le riz.
Mentionnons enfin que dans une série de questions réponses, le ministre a aussi défendu le droit du Niger à développer le nucléaire civil.

Répondant à une question de Nouvelle Solidarité sur l’urgence de revitaliser le lac Tchad, passé de 350 000 km2 dans l’antiquité, à seulement 3000 km2 actuellement, le ministre a répondu que la situation est, en effet, très grave mais que le président Tandja qui a déjà présidé la Commission du Bassin du lac Tchad (CBLT), est déterminé à voir ce projet aboutir. L’assèchement du lac est une catastrophe pour toute l’Afrique, car elle perd là encore une barrière pour empêcher l’extension du désert. C’est aussi une catastrophe pour le Niger, car il représentait la seule source d’eau de ce pays où la population est déjà obligée de se concentrer sur les 11% du territoire national qui ne sont pas désertiques.

"Les pays producteurs d'énergie en position de force à Rome"

Qui parle d'économies sur la demande ?



LA TRIBUNE
Par Alex Lawler et Peg Mackey

ROME (Reuters) - Les compagnies pétrolières et les pays consommateurs soucieux d'obtenir un meilleur accès aux ressources mondiales en énergie risquent de repartir les mains vides des discussions avec les pays producteurs qui se sont ouvertes dimanche à Rome.
La hausse du pétrole, qui a atteint vendredi le cours record de 117 dollars le baril, a contribué à augmenter les profits des "majors" du pétrole, mais elle a aussi augmenté le pouvoir d'achat des compagnies pétrolières nationales, de moins en moins enclines à accorder un accès à leurs ressources.

"Les positions relatives des compagnies internationales et des compagnies nationales de l'énergie sont en train de changer, et pas en notre faveur", a observé Paolo Scaroni, PDG de la compagnie italienne Eni, dans son discours d'ouverture au Forum international de l'Energie.
Dans les années 1970, les compagnies pétrolières internationales contrôlaient près des trois-quarts des réserves mondiales de pétrole et 80% de la production, a rappelé Scaroni.
Maintenant, elles contrôlent six pour cent des réserves de pétrole et 20% des réserves de gaz; 24% de la production de pétrole et 35% de celle de gaz. Les compagnies nationales pétrolières détiennent le reste, a-t-il dit.
Une tendance qui ne semble pas devoir se renverser.
"Lorsque les prix ont baissé, dans les années 1990, nous avons accepté de leur donner une part plus importante (...) Maintenant, ils doivent accepter une part plus faible parce qu'ils bénéficient de profits inespérés", a fait valoir Chokri Ghanem, président de la compagnie nationale pétrolière libyenne.
Les compagnies pétrolières nationales ont encore besoin de la coopération d'investisseurs étrangers car les compagnies, tant internationales que nationales, sont confrontées à des dépassements de coûts, à des pénuries de personnel et à des difficultés d'extraction sur des gisements de plus en plus complexes.
UNE DEMANDE EN CONSTANTE AUGMENTATION
Les producteurs sont aussi très attentifs à l'impact des prix élevés sur la demande et sur le développement d'énergies alternatives, bien que la menace pesant sur leurs revenus soit minime dans la mesure où les combustibles fossiles devraient continuer de fournir plus de 80% de l'énergie.
Jeroen van der Veer, PDG de Royal Dutch Shell, estime que le monde aura besoin de toute l'énergie qu'il peut obtenir pour satisfaire l'augmentation de la demande qui devrait progresser de plus de 50% d'ici 2030.
"En dépit des prix élevés, la demande ne diminue pas, la croissance ne fait que ralentir. Le pétrole et le gaz faciles ne peuvent satisfaire l'ensemble de cette augmentation de la demande", a-t-il dit à des journalistes.
"De sorte que ce n'est pas une question de choix, faisons nous du charbon, du pétrole, ou du nucléaire? Le monde aura besoin de tout, y compris des biocarburants", a-t-il conclu.
Dans l'immédiat, les marchés pétroliers sont bien approvisionnés, ont déclaré des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, faisant comprendre qu'il ne faut pas s'attendre à ce que les discussions de Rome fournissent une occasion de revoir à la hausse leur politique de production.
Les réunions du Forum international de l'Energie se sont tenues tous les deux ans depuis leur création, après la guerre du Golfe de 1990-1991 qui avait vu le cours du pétrole monter brièvement à 40 dollars le baril.
Elles ont la réputation de permettre des échanges de vues sans donner lieu à des prises de décisions mais elles peuvent néanmoins donner lieu à une série de petits accords.
Qatar Petroleum International et Eni ont ainsi signé dimanche un accord de coopération sur le pétrole et le gaz.
En revanche, l'Iran, qui mène depuis longtemps des négociations avec Shell et Total sur son gisement de South Pars, a dit ne pas s'attendre à signer d'accords au cours de la réunion, qui se poursuivra jusqu'à mardi.