lundi 21 avril 2008

"Les pays producteurs d'énergie en position de force à Rome"

Qui parle d'économies sur la demande ?



LA TRIBUNE
Par Alex Lawler et Peg Mackey

ROME (Reuters) - Les compagnies pétrolières et les pays consommateurs soucieux d'obtenir un meilleur accès aux ressources mondiales en énergie risquent de repartir les mains vides des discussions avec les pays producteurs qui se sont ouvertes dimanche à Rome.
La hausse du pétrole, qui a atteint vendredi le cours record de 117 dollars le baril, a contribué à augmenter les profits des "majors" du pétrole, mais elle a aussi augmenté le pouvoir d'achat des compagnies pétrolières nationales, de moins en moins enclines à accorder un accès à leurs ressources.

"Les positions relatives des compagnies internationales et des compagnies nationales de l'énergie sont en train de changer, et pas en notre faveur", a observé Paolo Scaroni, PDG de la compagnie italienne Eni, dans son discours d'ouverture au Forum international de l'Energie.
Dans les années 1970, les compagnies pétrolières internationales contrôlaient près des trois-quarts des réserves mondiales de pétrole et 80% de la production, a rappelé Scaroni.
Maintenant, elles contrôlent six pour cent des réserves de pétrole et 20% des réserves de gaz; 24% de la production de pétrole et 35% de celle de gaz. Les compagnies nationales pétrolières détiennent le reste, a-t-il dit.
Une tendance qui ne semble pas devoir se renverser.
"Lorsque les prix ont baissé, dans les années 1990, nous avons accepté de leur donner une part plus importante (...) Maintenant, ils doivent accepter une part plus faible parce qu'ils bénéficient de profits inespérés", a fait valoir Chokri Ghanem, président de la compagnie nationale pétrolière libyenne.
Les compagnies pétrolières nationales ont encore besoin de la coopération d'investisseurs étrangers car les compagnies, tant internationales que nationales, sont confrontées à des dépassements de coûts, à des pénuries de personnel et à des difficultés d'extraction sur des gisements de plus en plus complexes.
UNE DEMANDE EN CONSTANTE AUGMENTATION
Les producteurs sont aussi très attentifs à l'impact des prix élevés sur la demande et sur le développement d'énergies alternatives, bien que la menace pesant sur leurs revenus soit minime dans la mesure où les combustibles fossiles devraient continuer de fournir plus de 80% de l'énergie.
Jeroen van der Veer, PDG de Royal Dutch Shell, estime que le monde aura besoin de toute l'énergie qu'il peut obtenir pour satisfaire l'augmentation de la demande qui devrait progresser de plus de 50% d'ici 2030.
"En dépit des prix élevés, la demande ne diminue pas, la croissance ne fait que ralentir. Le pétrole et le gaz faciles ne peuvent satisfaire l'ensemble de cette augmentation de la demande", a-t-il dit à des journalistes.
"De sorte que ce n'est pas une question de choix, faisons nous du charbon, du pétrole, ou du nucléaire? Le monde aura besoin de tout, y compris des biocarburants", a-t-il conclu.
Dans l'immédiat, les marchés pétroliers sont bien approvisionnés, ont déclaré des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, faisant comprendre qu'il ne faut pas s'attendre à ce que les discussions de Rome fournissent une occasion de revoir à la hausse leur politique de production.
Les réunions du Forum international de l'Energie se sont tenues tous les deux ans depuis leur création, après la guerre du Golfe de 1990-1991 qui avait vu le cours du pétrole monter brièvement à 40 dollars le baril.
Elles ont la réputation de permettre des échanges de vues sans donner lieu à des prises de décisions mais elles peuvent néanmoins donner lieu à une série de petits accords.
Qatar Petroleum International et Eni ont ainsi signé dimanche un accord de coopération sur le pétrole et le gaz.
En revanche, l'Iran, qui mène depuis longtemps des négociations avec Shell et Total sur son gisement de South Pars, a dit ne pas s'attendre à signer d'accords au cours de la réunion, qui se poursuivra jusqu'à mardi.

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