jeudi 4 janvier 2018

Les réacteurs rapides (RNR-Na) ont de gros avantages en matière de sûreté.


 

 
Une question a été posée fin décembre 2017 sur le groupe facebook de l’AEPN :

 

« Niveau sûreté, ces réacteurs RNR ne sont pas top.

 

En réalité, niveau sûreté, les RNR présentent deux ou trois problèmes:

-Effet de vidange positif (reste localement positif même dans le nouveau cœur du CEA)

-Quid de l'aspersion de l'enceinte, on ne peut pas utiliser de l'eau

-Quid des vapeurs de sodium

-Quid de la criticité du corium, ainsi que de sa puissance résiduelle

-Quid des filtres à sable

 

Enfin, au niveau du déploiement, les RNR ont une plus grande densité de puissance que les REP, il faut plus de temps pour que le combustible refroidisse. Combien de cœur par réacteur? Quelle quantité de Pu par GW ? »



 

Réponse de l’AEPN :

 

Les réacteurs rapides (RNR-Na) ont en réalité de gros avantages en matière de sûreté.

 

  • Quasiment pas de pression dans le cœur et le circuit primaire (c’est un énorme avantage). La question des inclusions de carbone dans l’acier (etc…) ne se pose plus et une cuve de 2 ou 3 cm d’épaisseur est suffisante.

 

  • Très grande inertie thermique : donc en cas de pépin on a plusieurs heures pour réfléchir avant que le réacteur ne monte en température (au lieu de quelques minutes dans un PWR). C’est aussi un énorme avantage.

 

  • Réaction sodium-air : produit une petite fumée blanche non corrosive et froide (très peu de chaleur dégagée) qui retombe lentement comme de la neige. (En nappe un feu de sodium rejette 15 fois moins de chaleur que le fuel. Quasi absence de flammes, alors que celles-ci montent à plusieurs mètres pour le fuel et limitent l’approche des pompiers.)

 

Cf. l’expérience des Russes et l’accident de rupture du circuit primaire de Monju en 95 : pas de dégâts, pas de morts ni blessés et le réacteur peut redémarrer quelques jours après (il faut passer l’aspirateur).

 

Sur une période supérieure à 100 ans de fonctionnement industriel de RNR il n’y a pas eu d’accident grave pour la sûreté, que des problèmes de mise au point de prototypes (affaire du barillet sur SPX par exemple).

 

Le sodium est largement diabolisé mais on l’utilise dans de nombreuses autres industries sans que cela suscite les mêmes inquiétudes et émotions, c’est pourtant le même sodium, qui semble n’être dangereux que dans le nucleaire...

 

En raison de leur coût  les RNR ne se développeront probablement industriellement à grande échelle que lorsque l’U 235 commencera à se raréfier. A moins que l’humanité ne prenne conscience de l’enjeu qu’il y a à prévenir le changement climatique. (Tendre vers 20 TW installé en 2100 est un scénario proposé au GIEC et qui se distingue par sa capacité à nous maintenir sous les 2 °C.).

 

Il reste la question des petits RNR de 100 à 300 MW qui semblent intéressants dans des régions isolées loin des réseaux (îles...).

 

Filtres à sable : leur installation est indépendante du type de réacteur. On peut en mettre aussi sur les RNR.

Pour en savoir plus :


 

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