mercredi 19 décembre 2007

"La Tunisie sur la piste de l’uranium"






L'interdépendance des industries électriques mondiales va-t-elle être source de tension, voir de chantage, ou contraire de paix, tant chacun a beaucoup à perdre ?

Par Abou SARRA

"Le ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME, M. Afif Chelbi, a annoncé, mardi 11 décembre, devant le sénat, à l’occasion des délibérations budgétaires pour l’exercice 2008, «la possibilité de mener une étude sur l’extraction d’uranium à partir du phosphate».

Pour mémoire, l’uranium, ce métal gris, peut être extrait en tant que minerai seul ou en tant que co- ou sous-produit de l’extraction d’or, du cuivre et du phosphate. La Tunisie, 3ème producteur du monde de phosphate avec une moyenne de production de 8 millions de tonnes par an, pourrait recourir à l’uranium aux fins de réduire sa facture pétrolière, de satisfaire les besoins en uranium de sa future centrale nucléaire civile et d’en exporter une partie.

Selon un rapport publié le 1er juin 2006, par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), l’uranium ne manque pas, estimant que les réserves d’uranium dépassent largement 85 ans de consommation au rythme actuel, sans compter l’uranium contenu dans les phosphates, qui porterait les réserves à 675 ans.



Plusieurs facteurs militent en faveur du développement de l’extraction de l’uranium à partir du phosphate. Il y a tout d’abord le prix de l’énergie : la flambée des prix des hydrocarbures (100 dollars le baril contre 10 dollars en 2001) et de l’uranium (40 dollars la livre en 2006 contre 10 dollars en 2003). Du coup, l’uranium se trouve revalorisé et son extraction fort rémunératrice.

Vient suite la sécurité nucléaire qui a fait beaucoup de progrès et s’est nettement améliorée. Le nucléaire a amélioré son image auprès des opinions publiques, longtemps traumatisées par l’accident de la centrale ukrainienne de Tchernobyl, en 1986.

Enfin, la mode est, aujourd’hui, aux centrales de petite et moyenne taille, un filon que les multinationales comptent exploiter et le mettre au service des petits pays émergents. A l’instar du Japon, de la Chine, du Canada, d’Egypte et du Maroc, la Tunisie a fait le choix de s’engager dans l’énergie électronucléaire à des fins civiles.

Elle a programmé pour 2020 la réalisation d’une centrale civile d’une capacité moyenne de 900 mégawatts.

Le groupe français Areva, numéro un mondial du nucléaire civil, serait approché pour un package qui comprendrait l’extraction de l’uranium du phosphate et la construction de la centrale nucléaire tunisienne.

Un atout plaide en faveur du groupe français. Il est le seul à contrôler l’ensemble de la filière nucléaire (mines, exploitation de centrales, distribution d’électricité, retraitement des déchets nucléaires).

D’ailleurs, six mois après l’annonce (novembre 2006) par le PDG de la Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz (STEG), Ahmed Arfa, un conseiller de la présidente du groupe français Areva, en l’occurrence Zéphirin Diabré, a cité la Tunisie, le Nigeria ou le Mozambique, comme les pays africains les plus préparés pour utiliser le nucléaire à des fins civiles, ces pays étant assez organisés et disposant déjà d’ingénieurs de qualité.

C’est retenu, l’Histoire vérifiera et confirmera le reste…"

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