jeudi 7 août 2008

L'AEPN participe au débat : "EPR et politique énergétique"




Pour mémoire deux contributions à garder en tête pendant le débat actuel sur l'EPR:




Nous souhaiterions considérer un certain nombre d’éléments qui concourent à préconiser la construction d’EPR en France comme tête de série, vitrine pour l’exportation et outil moderne de production d’énergie.Nous constatons un appauvrissement en ressources énergétiques fossiles, notamment pétrole et gaz, dans un monde où les pays émergents ont des besoins croissants (Chine et Inde, un tiers de la population du globe, +10 % de consommation d’énergie par an). L’humanité brûle actuellement en 50 ans seulement des ressources de pétrole que la nature à mis 100 millions d’années à fabriquer, attitude peu compatible avec le développement durable : il nous faudrait 2 millions de planètes identiques à la nôtre pour que ce rythme soit soutenable.La raréfaction des ressources pétrolières va obliger le monde, dans les années qui viennent, à avoir davantage recours à l’énergie nucléaire de fission, ne serait-ce que comme une énergie de transition, avant que peut-être d’autres types d’énergie prennent la relève (fusion ?). Des pays comme la Chine, l’Inde, la Russie, le Japon, ont parfaitement compris ce problème et développent activement leur parc de centrales nucléaires.Bien exploitée, avec des technologies déjà éprouvées de réacteurs, l’énergie nucléaire nous fournira de l’énergie pendant plusieurs millénaires et laissera à nos enfants le temps nécessaire pour organiser une transition vers une société moins industrielle, plus économe, en meilleure harmonie avec notre environnement.En matière de technologie, bien que les réacteurs de génération IV aient fait l’objet d’un consensus de la part des pays concernés pour en développer des prototypes, il faudra encore plusieurs décennies avant de pouvoir disposer de machines fiables et performantes. Ces réacteurs ne seront prêts pour prendre la relève qu’en 2030 au plus tôt.L’énergie est indispensable au fonctionnement de notre société, ne serait-ce que pour se chauffer et se nourrir. Conformément au proverbe « un bon tien vaut mieux que deux tu l’auras », la politique énergétique de la France doit s’appuyer sur des énergies ayant fait leurs preuves industriellement sur une large échelle, ce qui est le cas de l’énergie nucléaire. Cette vision prudente et évolutive (ce qui n’empêche pas d’économiser l’énergie et de poursuivre les recherches dans d’autres domaines plus hypothétiques) a été adoptée par tous les pays constructeurs : USA, Japon, Russie, France.L’EPR n’est pas du tout une technologie « dépassée » comme disent certains. C’est au contraire une version améliorée et optimisée des réacteurs actuels, déjà très performants, avant de passer, le moment venu à des filières encore plus avancées.Le coût des investissements, la complexité des installations (réacteurs et auxiliaires), la durée des amortissements font du métier de l’énergie, et particulièrement de l’énergie nucléaire, une entreprise de long terme qui nécessite des initiatives prudentes et mesurées. Par rapport aux réacteurs actuels, l’EPR répond parfaitement à cette approche, dans un climat de continuité, avec des améliorations en matière :- d’efficacité : augmentation de la puissance et du rendement du réacteur ;- de sûreté : 10 fois plus sûr, récupération du corium en cas d’accident, meilleure protection contre les attentats ;- de fiabilité : énergie disponible en permanence pour répondre à la demande ;- de réduction du volume des déchets : meilleure utilisation du plutonium et de l’uranium recyclés.Il s’agit là de progrès substantiels par rapport aux réacteurs actuels à eau sous pression dont dispose la France, qui ont déjà fait la preuve depuis un demi-siècle de leurs qualités, de leurs performances et de leur sûreté : en un demi-siècle d’exploitation continue, aucun accident grave n’a entraîné mort d’homme par irradiation.Ce réacteur franco-allemand est conforme aux impératifs de sûreté tant français qu’allemands. Il fédère les compétences des grands constructeurs des deux pays. C’est un projet industriel européen de premier plan, exportable et capable de répondre aux besoins d’énergie des grands pays de la planète au XXIème siècle.L'énergie éolienne peut aider dans une certaine mesure et doit être encouragée, mais il s'agit d'une énergie diffuse, ne produisant de l'électricité que par intermittences, et qui ne pourra donc pas dépasser, au mieux, quelques pourcents de la production d'électricité en France. Une autre source d'énergie, telle que l'EPR, capable de produire l'électricité de base de manière propre et à la demande 24 heures par jour 7 jours sur 7, reste donc nécessaire dans tous les cas.Il s’agit d’une chance pour l’économie française et européenne.
Association des écologistes pour le nucléaire (AEPN)





Le prix d’une source d’énergie est un élément, mais n’est pas le seul critère à prendre à considération. Les critères environnementaux et de sûreté, ainsi que la stabilité des coûts futurs, la sécurité des approvisionnements, la capacité à répondre à la demande doivent être également considérés. Dans le contexte actuel de raréfaction des énergies fossiles et de grande volatilité des cours du pétrole, introduction progressive de taxes sur le CO2, tous ces critères sont favorables au nucléaire et à la construction de l’EPR.Avec une production électrique importante (1 600 MWe), fonctionnant en base (7 000 heures par an), une durée de vie allongée de 40 à 60 ans, des périodes d’intervention pour changement de combustible et maintenance réduites à 16 jours, l’EPR permet de répartir le coût d’investissement sur une durée plus longue et un nombre plus grand de kWh produits, d’où une meilleure rentabilité économique, avec une sûreté elle-même accrue (risque d’accident divisé par 10).Les réacteurs actuels sont déjà tout à fait compétitifs puisque la France gagne de l’argent en exportant son électricité nucléaire dans la plupart des pays voisins (Espagne, Italie, Belgique, Grande-Bretagne, Suisse).L’EPR fera cependant encore mieux que nos réacteurs actuels sur le plan économique, avec un rendement thermodynamique qui passe de 33 à 36-37 % (soit 10 % de mieux). La quantité d’uranium nécessaire pour produire la même quantité d’électricité avec un EPR est réduite de 15 % en augmentant le taux de combustion (burn-up), ce qui diminue d’autant le volume des déchets produits. La durée de construction du réacteur diminue également, ce qui réduit les intérêts intercalaires.Comparativement au kWh produit par un EPR, la construction des éoliennes les plus modernes installées en France coûte par puissance produite environ deux fois plus cher. De plus, le vent ne souffle que de manière intermittente, pas forcément au moment où les citoyens ont besoin d’électricité. Il faut donc prévoir, pour chaque éolienne installée, la même puissance en capacité de secours. L’énergie éolienne raccordée au réseau est certainement propre, pour les quelques petits kWh qu’elle produit lorsque le vent veut bien souffler, mais elle ne fournit que de petites quantités d’énergie. Et surtout, elle n’est pas fiable, ni économique. Quelques % d’électricité éolienne dans la production nationale est certes envisageable, à grands frais et nonsans impact sur les paysages, mais construire un EPR représente un coût bien moindre. On pourrait alors consacrer davantage de ressources aux économies d’énergie et aux énergies renouvelables apportant un bénéfice réel, à la fois économique et écologique (pompes à chaleur, isolation des habitations et eau chaude solaire par exemple).Le véritable concurrent de l’EPR, la seule énergie capable de rivaliser à ce niveau de puissance en polluant moins que le charbon, est en réalité le gaz. Les centrales à gaz les plus modernes, à cycle combiné, très performantes, sont certes moins chères à construire mais il faut ensuite acheter pendant des années, des quantités extrêmement importantes de gaz, dont le prix ne cesse de monter. Un rapport parlementaire de 20011 donne les chiffres suivants :Comparaison des coûts du courant produit par l’EPR et une centrale à gaz (CCG) fonctionnant tous les deux en base. Ceci ne tient pas compte d’une éventuelle taxe sur le carbone qui pénaliserait encore davantage le gaz.Le prix de l’énergie nucléaire est par définition stable et prédictible : il s’agit essentiellement du prix de construction de la centrale. Le prix du combustible (uranium) n’entre que pour 5 % dans le prix final du kWh électrique, contre 80 % pour le gaz. Bien sûr, il convient de prendre en compte également les coûts indirects, environnementaux et sanitaires, habituellement laissés de côté, pour chaque type d’énergie. L’étude européenne ExternE2 a chiffré précisément ces coûts indirects en France pour chaque moyen de production d’électricité :On voit que la prise en compte des coûts externes ne fait que renforcer l’avantage compétitif de l’énergie nucléaire sur ses concurrents. L’industrie nucléaire civile a déjà, depuis plusieurs décennies (dès l’origine), pris en compte les coûts indirects que d’autres industries oublient parfois : le coût du retraitement et du stockage à long terme des déchets, ainsi que des provisions pour le démantèlement des centrales ou usines en fin de vie. 15 % du prix de construction sont ainsi mis de côté au fur et à mesure pour couvrir les frais de démantèlement le moment venu et sont inclus dans le prix du kWh nucléaire payé par le client.L’avantage économique de l’EPR se trouve conforté également dans l’hypothèse (extrêmement vraisemblable) de l’introduction d’une taxe sur le CO2 dans un proche avenir, pour lutter contre le réchauffement climatique. Il en va de même dans le cas (également très probable) d’une montée des prix des produits pétroliers et de l’épuisement progressif dans les prochaines décennies des réserves pétrolières et gazières. En comparaison, les réserves énergétiques en uranium sont beaucoup plus durables et mieux réparties sur la planète des pays amis (Australie, Canada…). À l'inverse, des tonnages extrêmement importants de pétrole et de gaz sont importés en totalité en provenance de pays fort peu démocratiques, particulièrement instablespolitiquement et qui ne sont pas nos amis.L’EPR fournira une électricité propre à des prix prédictibles, stables et compétitifs, surtout s’il est intégré sur un site déjà en partie aménagé comme celui de Flamanville. Les prix des autres énergies (gaz et charbon notamment), outre qu’ils sont déjà plus onéreux, échappent quant à eux à notre contrôle et risquent de croître encore davantage dans les prochaines décennies.
Association des écologistes pour le nucléaire (AEPN)


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