jeudi 6 mai 2021

La part du nucléaire dans la production électrique en France a de nouveau baissé, de 70 % à 67 %, en 2020.

Chers amis du nucléaire propre et respectueux de l’environnement,

La part du nucléaire dans la production électrique en France a de nouveau baissé, de 70 % à 67 %, en 2020.

Certains s’en réjouissent. Pas nous.

Cette baisse est le résultat logique (c’était prédictible) de graves erreurs politiques : atermoiements divers, aucune mise en service de réacteur (on attend toujours l’EPR de Flamanville) depuis un quart de siècle alors que la consommation électrique augmente et, cerise sur un gâteau au goût déjà amer, la fermeture en 2020 de Fessenheim.

La part du nucléaire dans la production électrique en France a ainsi d’ores et déjà reculée de 80% (il y a 15-20 ans) à 67% (fin 2020).

À cause de mauvais choix politiques, la part du nucléaire recule donc en France à la vitesse d’environ 1% par an. Mais le rythme de ce recul s’accélère : 3% en 2020 (du fait notamment de l’arrêt de Fessenheim).

L’arrêt des deux réacteurs de Fessenheim représente en effet un recul de 1,8 MW /63 MW de capacité de production nucléaire, c’est à dire perte sèche de 3%, qu’on ne retrouvera pas.

Les idéologues macronistes et hollandistes sont sans doute contents du résultat de leur aveuglement  : avec seulement 67% d’électricité nucléaire, presque la moitié de la baisse prévue de 80% à 50% de la part du nucléaire est ainsi déjà accomplie, contrainte et forcée, “quoi qu’il en coûte”.

Dans le même temps :

- le prix du kWh pour les ménages français est déjà passé en quelques années de 10 à 18 centimes le kWh. Il a presque doublé et ce n’est pas fini : il est facile de prévoir qu’en poursuivant les mêmes erreurs, il atteindra bientôt plus de 30 centimes (comme en Allemagne, qui dispose de grosses réserves charbonnières) et même environ 40 centimes (comme au Danemark, qui comme la France dispose de beaucoup moins de charbon que l’Allemagne). Ce qui achèvera la ruine économique des français et de l’industrie française.

- la compétitivité de l’ensemble de nos entreprises recule en effet d’autant. La plupart des entreprises électro-intensives (qui consomment beaucoup d’électricité) ont d’ores et déjà quitté la France. En particulier l’industrie de l’aluminium, très prospère en France il y a une vingtaine d’années, a fermé toutes ses usines françaises, délocalisées vers des pays où l’électricité est moins chère. Ou encore (ce ne sont que quelques exemples de plus parmi beaucoup d’autres) l’industrie du lithium (fabrication de batteries pour voitures électriques), les data-centers (noeuds géants d’Internet) ou encore l’industrie du bitcoin (fermes de minages, elles aussi électro-intensives), qui brassent désormais chacune un chiffre d’affaires largement supérieur à celui d’EDF. Ces nouvelles industries qui auraient pu et dû s’installer en France ont préféré aller s’installer là où l’électricité est désormais la moins chère et le pouvoir politique plus en faveur de l’industrie : notamment en Chine, en Russie, aux Etats-Unis ou encore en Norvège ou au Canada (électricité hydraulique pas chère). Autant d’opportunités perdues, par pur aveuglement politique et idéologique, pour la France et pour l’Europe. 

- les comptes d’EDF qui étaient largement bénéficiaires sont passés dans le même temps au rouge-catastrophe, et ce n’est pas fini non plus ! Les cris d’alerte de la Cour des Comptes à plusieurs reprises n’y changent rien : l’ordre de continuer à diminuer “quoi qu’il en coûte” la part du nucléaire est venu du plus haut niveau, lequel, sourd au bon sens, n’a écouté ni les ingénieurs, ni la Cour des Comptes.

- la contribution positive du secteur électrique aux comptes de la nation et à la balance commerciale de la France a disparu : l’Etat est maintenant dans l’obligation de renflouer les comptes devenus déficitaires d’EDF et Framatome. Le coût des importations de gaz en provenance de Russie et du Moyen-Orient augmente toujours tandis que le solde autrefois positif à l’exportation de notre production électrique n’est presque plus excédentaire. 

L’électricité qui n’est plus produite par le nucléaire serait, nous dit-on, remplacée par des energies  renouvelables. C’est FAUX ! Les éoliennes et panneaux photovoltaïques fonctionnent au mieux l’équivalent de 20% du temps en moyenne. Les 80% restants sont ensuite fournis par du gaz industriel, largement subventionné, par exemple la centrale à gaz de Landivisiau actuellement en construction en Bretagne. Cette centrale émettra chaque année dans l’atmosphère plus d’un million de tonnes de CO2 ce qui représente l’équivalent de plus de 200 000 logements chauffés au gaz. Cela accroit massivement à la fois notre déficit commercial et les émissions de CO2. Remplacer au nom de l’écologie de l’électricité nucléaire décarbonée par 80% de gaz industriel émetteur massif de CO2 est une régression écologique, une vaste blague qui accroît la dépendance énergétique vis à vis de la Russie et du Moyen-Orient. C’est totalement contraire aux engagements climatiques de la France.

- le risque d’un black-out majeur non seulement en France mais à l’échelle européenne augmente. Le black-out Européen de novembre 2006 semble n’avoir pas suffi comme “wake-up call” (signal d’alerte) pour réveiller nos dirigeants. Nous jouons de plus en plus avec la limite : les marges de sécurité d’approvisionnement électrique en Europe en général (et en France en particulier) sont de plus en plus réduites. Non seulement en France, mais aussi chez nos voisins belges, allemands, espagnols et suisses qui commettent les mêmes erreurs en réduisant leur capacité nucléaire de base au profit d’énergies fatales beaucoup plus chères et intermittentes.

En résumé: la situation énergétique et économique de la France, comme celle de ses voisins européens, empire très régulièrement d’année en année, au fur et à mesure de la réduction de la capacité nucléaire au profit d’énergies intermittentes hors de prix.

Quand nos dirigeants se réveilleront-ils ? Faudra-t’il attendre un black-out général de plusieurs semaines, dont les conséquences économiques pourraient être pire que celles déjà considérables de la crise Covid ? 

Comme rien ne changera d’ici là, nos dirigeants étant très occupés en ce moment par la crise sanitaire (et la préparation des élections) cela dépendra sans doute entièrement du candidat qui sortira des urnes françaises en 2022.

Ne nous résignons pas à ce déclin, il ne s’agit pas d’une fatalité, il est parfaitement possible de remonter la pente, non pas en réduisant la part du nucléaire, mais au contraire en l’augmentant.

Il faut monter en France la capacité nucléaire de 60 GW (actuellement) à 80 puis 100 GW, afin de relancer durablement l’industrie française et européenne.

Ce que la France a fait en 2 décennies durant les années 70 et 80 (passer de 0 à 60 GW nucléaires), nous pouvons le refaire en 2 décennies également (décennies 2020 et 2030): porter d’ici 2040 la capacité nucléaire de la France de 60 à 100 GW, tout en commençant le remplacement (à hauteur de 20 GW) du parc nucléaire français actuel. Les 40 GW restants seront à renouveler durant les 2 décennies suivantes : années 2040 à 2060. Il faut donc relancer le plan Mesmer des années 1970. Il doit, comme ce fût le cas, s’agir d’une priorité nationale et européenne, dans le cadre du plan de relance industriel post-Covid.

La survie économique de la France et de l’Europe en dépendent.

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Bien amicalement,

Bruno Comby

Fondateur et Président de l’AEPN
Association des Ecologistes Pour le Nucléaire

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