Pourquoi EDF a-t-elle échouée ? surenchère justifiée par une meilleure synergie, ou intervention géo-politique ?
Le Monde :
Au terme d'une opération éclair, Warren E. Buffett a annoncé, jeudi 18 septembre, avoir racheté pour environ 4,7 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) le groupe d'électricité Constellation Energy, dont le titre en Bourse a dévissé depuis le début de la semaine.
Le milliardaire d'Omaha (Nebraska) souffle à EDF - détenteur de 9,51 % du groupe d'énergie - une entreprise qui est à la pointe de la renaissance de l'industrie nucléaire aux Etats-Unis. C'est une déconvenue pour l'électricien français, même si la loi américaine lui interdisait de détenir la majorité dans un groupe d'énergie.
Le milliardaire d'Omaha (Nebraska) souffle à EDF - détenteur de 9,51 % du groupe d'énergie - une entreprise qui est à la pointe de la renaissance de l'industrie nucléaire aux Etats-Unis. C'est une déconvenue pour l'électricien français, même si la loi américaine lui interdisait de détenir la majorité dans un groupe d'énergie.
Les choses se sont précipitées, alors qu'EDF mène déjà de difficiles négociations pour le rachat de l'exploitant de centrales nucléaires britanniques, British Energy. Les dirigeants du groupe français suivaient l'effondrement du titre Constellation. Jeudi matin, un conseil d'administration d'EDF s'est réuni pour examiner "la possibilité de renforcer sa position au capital" de son partenaire américain. Quelques heures plus tard, l'entreprise annonçait qu'"à ce stade, l'ensemble des conditions n'étaient pas réunies pour le faire".
Associé à EDF et à Areva pour la construction outre-Atlantique de quatre EPR, le réacteur franco-allemand de troisième génération, Constellation Energy, a vu fondre sa capitalisation boursière en trois séances à New York : de 108 dollars en janvier, l'action est tombée à 25 dollars. De lundi à mercredi, le titre a même dévissé de 68 % à la suite des mises en garde de Standard & Poors. L'agence de notation avait placé la note de Constellation sous surveillance en raison d'une "crise de confiance aiguë".
Associé à EDF et à Areva pour la construction outre-Atlantique de quatre EPR, le réacteur franco-allemand de troisième génération, Constellation Energy, a vu fondre sa capitalisation boursière en trois séances à New York : de 108 dollars en janvier, l'action est tombée à 25 dollars. De lundi à mercredi, le titre a même dévissé de 68 % à la suite des mises en garde de Standard & Poors. L'agence de notation avait placé la note de Constellation sous surveillance en raison d'une "crise de confiance aiguë".
"OPÉRATION BÉNÉFIQUE POUR TOUS"
Cette arrivée de M. Buffett contredit-t-elle la stratégie de développement d'EDF aux Etats-Unis, un des quatre "pays-cibles" désignés par le groupe et le premier marché nucléaire du monde avec 104 réacteurs en exploitation ? MidAmerican Energy Holdings Company, le fonds appartenant à M. Buffet qui a racheté Constellation, est spécialisé dans l'énergie. "L'opération sera bénéfique pour toutes les parties", a assuré M. Buffett.
Le PDG du fonds, Gregory E. Abel, a précisé que celui-ci approuvait le plan stratégique de Constellation Energy et qu'il laisserait au groupe son "autonomie" pour poursuivre ses objectifs. Il a ajouté que le développement d'une flotte de réacteurs nucléaires dans le cadre du joint-venture UniStar, constitué par EDF et Constellation, va dans le sens de ses engagements pour promouvoir les énergies propres (barrages, éoliennes, géothermie).
Les difficultés de Constellation Energy illustrent l'obstacle sur lequel risque de buter la relance du nucléaire outre-Atlantique : le scepticisme des marchés financiers à l'égard de la rentabilité des centrales nucléaires, qui remonte aux années 1980, quand plusieurs centrales avaient été construites, puis abandonnées. Pourtant, la volonté politique de relancer le nucléaire semble là, pour réduire les gaz à effet de serre, s'affranchir d'un pétrole de plus en plus cher et assurer une plus grande sécurité énergétique aux Etats-Unis.
Le candidat démocrate Barack Obama n'est pas hostile au nucléaire, mais il souhaite pousser les recherches pour rendre les centrales plus sûres, gérer les déchets et éviter toute prolifération. Son rival est plus direct : estimant à 29 % l'augmentation de la demande d'électricité aux Etats-Unis d'ici à 2030, John McCain plaide pour la construction de 45 réacteurs en vingt ans.
A 7 milliards de dollars pièce, la facture s'élèverait à 315 milliards de dollars. Une somme que les industriels et les financiers ne sont pas disposés à débourser sans garanties de l'Etat sur les prêts accordés aux groupes d'électricité. En décembre 2007, le Congrès a accepté de garantir pour 18,5 milliards de dollars de prêts, soit 80 % du prix des trois premiers réacteurs. Quatre groupes se sont portés candidats, dont Constellation Energy et Excelon, premier exploitant de centrales nucléaires aux Etats-Unis. Entre les besoins en énergie et la crise financière, qui va entraîner une sévère restriction des crédits, les arbitrages s'annoncent difficiles.
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