Etape marquante du début de la fin de l'actuel modèle économique du pétrole, il va nous falloir inventer un nouveau modèle si on ne veut pas revivre la crise de 1929 puissance 10.
- Le monde est en proie à de nombreuses instabilités géopolitiques notamment dans les grandes régions productrices de pétrole comme le Moyen Orient et l'Afrique (Nigeria, Iran, Irak...) ; incertitudes quant à l'avenir politique du Pakistan, puissance nucléaire ; choix politiques de certains pays producteurs comme le Venezuela qui n'alimenteront que des pays "amis".
- Depuis quelques semaines, les réserves américaines estimées sont régulièrement revues à la baisse alors qu'elles sont déjà à leur plus bas niveau depuis trois ans.
- Accroissement de la demande issue de marchés à très forte croissance comme la Chine (la consommation de pétrole y a doublé en dix ans) ou l'Inde qui se traduit notamment par une augmentation inquiétante du nombre de véhicules. Ainsi, on estime qu'il existe aujourd'hui près d'un milliard de véhicules dans le monde. Or, de 1955 à 2005, l'augmentation de leur nombre a été environ trois plus rapide que la croissance de la population ! Cette pression ne se limite pas seulement aux transports mais aussi aux produits manufacturés et aux emballages qui exploitent massivement le plastique, issu du pétrole.
Les raisons ne manquent pas pour expliquer le franchissement de ce seuil et confortent l'idée que le prix de l'énergie la plus utilisée au monde ne risque pas de baisser significativement à court terme.
Des conséquences inquiétantes ?
Ce qui est inquiétant dans ce nouveau record c'est surtout la dépendance persistante de nos sociétés aux hydrocarbures. L'économie européenne risque d'en pâtir comme l'a indiqué la porte-parole de la Commission en charge des Affaires économiques, Amelia Torres : "depuis l'été, les prix du pétrole augmentent de façon très forte (...) Si ces niveaux très élevés se maintiennent, cela aura forcément un impact sur l'économie". Cependant, le cours de l'euro face au dollar permet d'amortir en partie le choc.
Première conséquence : l'augmentation des prix de l'essence et du gazole
En France, le pétrole demeure incontournable pour les transports qui en dépendent à 97% (Institut Français du Pétrole, 09/2006) ! Le trafic routier en est bien évidemment le premier responsable : le parc automobile en circulation est estimé à près de 37 millions de véhicules dont 30 millions de voitures particulières. Le nombre de véhicules augmente continuellement bien que le rythme de croissance du parc continue de s'infléchir (0,7% en 2005, 1,2% en 2004).
Si le cours du pétrole ne diminue pas significativement dans les prochains jours, les prix à la pompe (essence et gazole) devraient augmenter dès mi-janvier de 3 à 4 centimes selon l'UFIP : "si on maintient à 98, 100 dollars le baril de brut, il y aura un impact à la mi-janvier. Ca correspondrait à 3 à 4 centimes de plus pour chaque litre de carburant", que ce soit le gazole, l'essence ou le fioul domestique, par rapport à la moyenne de décembre, a indiqué Jean-Louis Schilansky, délégué général de l'UFIP. Cette hausse sera sensible "surtout pour le gazole, qui est le carburant le plus demandé en hiver", a-t-il précisé. Actuellement, le litre de gazole vaut environ 1,25 euro, le litre de super sans plomb 95 1,35 euro, et le litre de fioul 0,78 euros.
Ces augmentations probables en fâcheront beaucoup : le pouvoir d'achat sera directement affecté et on ne touche pas à ce « pouvoir »… D'autres s'en réjouissent et y voient un moyen d'accélérer une transition énergétique bien molle face aux enjeux actuels. Dans tous les cas, les ménages les plus modestes seront les plus touchés que ce soit pour se déplacer ou se chauffer.
Vers quelle transition énergétique ?
Le franchissement du seuil des 100 dollars est une alerte supplémentaire qui devrait enfin inciter les acteurs de nos sociétés à plus de retenue sur les consommations énergétiques, ce qui n'est manifestement pas encore le cas malgré les appels incessants. De plus, les énergies renouvelables devraient en profiter et devenir de plus en plus compétitives et attrayantes.Au niveau des transports routiers, les avancées sont timides : les véhicules plus propres sont boudés par les consommateurs à cause de leurs faibles performances tandis que les grands constructeurs français tardent à s'investir véritablement. Toutefois, quelques annonces intéressantes comme la BlueCar ou la voiture à air comprimé de Guy Nègre semblent prometteuses. En attendant, un comportement plus responsable permet de faire de substantielles économies !
Enfin, pour la production d'électricité, l'énergie nucléaire n'étant pas généralisable, le recours au charbon (une énergie fossile non renouvelable) apparaît de plus en plus comme une solution à cause de ses réserves confortables et de son prix plus attractif. A ce titre, l'Inde, la Chine mais aussi l'Allemagne, les Etats-Unis ou l'Angleterre se tournent de nouveau vers l'énergie de la révolution industrielle. Malheureusement, à part quelques prototypes de stockage de CO2 en cours de réalisation et de test, les centrales énergétiques au charbon émettent beaucoup de CO2, premier gaz à effet de serre d'origine anthropique... Ainsi, le charbon, qui domine la production mondiale d'électricité, devrait voir sa demande doubler d'ici 2030, selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). A plus long terme, des prix du pétrole élevés pourraient aussi encourager le développement de carburants liquides à partir de charbon, qui émettent trois fois plus de CO2 que les carburants classiques, selon l'AIE. Un triste présage qui pourrait bien devenir une réalité dans un monde victime de sa boulimie énergétique."
Notre-Planete.info :
Pour la première fois, le baril de pétrole a atteint le seuil symbolique de 100 dollars. Une tendance qui risque bien de se pérenniser et qui implique plus de sobriété énergétique et de diversité dans les approvisionnements énergétiques.
Après un précédent record datant du 21 novembre 2007 (99,29 dollars), le baril de brut (light sweet crude, 159 litres, livraison février) a finalement réussi à atteindre le 2 janvier la barre symbolique des 100 dollars. Il est actuellement en léger repli à 99,59 dollars. Si la précision des chiffres importe peu ici, notons plutôt que le prix du baril de pétrole a augmenté de plus de 58% en seulement un an et qu'en 2002 il était à 25 dollars. Les observateurs s'attendent à ce que ce prix élevé se maintienne au moins pour 2008...
Quelques chiffres sur la consommation de pétrole
En 2006, selon les statistiques américaines, les Etats-Unis restaient les premiers consommateurs de pétrole avec plus de 20 millions de barils exploités par jour ! La chine, était en deuxième position avec plus de 7 millions de barils consommés par jour. La France, avec moins de 2 millions de barils par jour était en douzième position. Si la place relativement confortable de la France est en partie due à l'énergie nucléaire, le récent record de consommation d'électricité favorise le recours aux centrales thermiques alimentées notamment par du pétrole...
Au niveau mondial, la consommation de pétrole a augmenté de près de 30% depuis 1990 selon l'Union française des industries pétrolières (UFIP).
100 dollars : des cause multiples
Le franchissement de ce seuil relève donc avant tout d’une tendance lourde qui trouve son origine dans de multiples facteurs :- Le pétrole, qui est une ressource non renouvelable, s'épuise de plus en plus quoiqu'en disent certains propos rassurants de compagnies pétrolières. Claudia Kemfert, experte de l'institut de conjoncture allemand DIW, interrogée par le Berliner Zeitung, juge que le prix du baril pourrait doubler dans dix ans car "les réserves de pétrole s'amenuisent de plus en plus, et cela va faire monter les prix". De plus, l'Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole (Opep) note qu'elle ne pourrait pas répondre à la demande mondiale, ceci dès 2024. L'estimation des réserves est toutefois un sujet complexe vu la multiplicité des acteurs, des gisements et des intérêts (ce qui nuit à la transparence).
- Les investissements pour extraire le pétrole requièrent de plus en plus de technicité et sont de plus en plus coûteux car les ressources restantes sont plus difficiles d'accès. L’intérêt récent pour les sables bitumineux dont les impacts environnementaux sont lourds peut en témoigner.
Pour la première fois, le baril de pétrole a atteint le seuil symbolique de 100 dollars. Une tendance qui risque bien de se pérenniser et qui implique plus de sobriété énergétique et de diversité dans les approvisionnements énergétiques.
Après un précédent record datant du 21 novembre 2007 (99,29 dollars), le baril de brut (light sweet crude, 159 litres, livraison février) a finalement réussi à atteindre le 2 janvier la barre symbolique des 100 dollars. Il est actuellement en léger repli à 99,59 dollars. Si la précision des chiffres importe peu ici, notons plutôt que le prix du baril de pétrole a augmenté de plus de 58% en seulement un an et qu'en 2002 il était à 25 dollars. Les observateurs s'attendent à ce que ce prix élevé se maintienne au moins pour 2008...
Quelques chiffres sur la consommation de pétrole
En 2006, selon les statistiques américaines, les Etats-Unis restaient les premiers consommateurs de pétrole avec plus de 20 millions de barils exploités par jour ! La chine, était en deuxième position avec plus de 7 millions de barils consommés par jour. La France, avec moins de 2 millions de barils par jour était en douzième position. Si la place relativement confortable de la France est en partie due à l'énergie nucléaire, le récent record de consommation d'électricité favorise le recours aux centrales thermiques alimentées notamment par du pétrole...
Au niveau mondial, la consommation de pétrole a augmenté de près de 30% depuis 1990 selon l'Union française des industries pétrolières (UFIP).
100 dollars : des cause multiples
Le franchissement de ce seuil relève donc avant tout d’une tendance lourde qui trouve son origine dans de multiples facteurs :- Le pétrole, qui est une ressource non renouvelable, s'épuise de plus en plus quoiqu'en disent certains propos rassurants de compagnies pétrolières. Claudia Kemfert, experte de l'institut de conjoncture allemand DIW, interrogée par le Berliner Zeitung, juge que le prix du baril pourrait doubler dans dix ans car "les réserves de pétrole s'amenuisent de plus en plus, et cela va faire monter les prix". De plus, l'Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole (Opep) note qu'elle ne pourrait pas répondre à la demande mondiale, ceci dès 2024. L'estimation des réserves est toutefois un sujet complexe vu la multiplicité des acteurs, des gisements et des intérêts (ce qui nuit à la transparence).
- Les investissements pour extraire le pétrole requièrent de plus en plus de technicité et sont de plus en plus coûteux car les ressources restantes sont plus difficiles d'accès. L’intérêt récent pour les sables bitumineux dont les impacts environnementaux sont lourds peut en témoigner.
- Le monde est en proie à de nombreuses instabilités géopolitiques notamment dans les grandes régions productrices de pétrole comme le Moyen Orient et l'Afrique (Nigeria, Iran, Irak...) ; incertitudes quant à l'avenir politique du Pakistan, puissance nucléaire ; choix politiques de certains pays producteurs comme le Venezuela qui n'alimenteront que des pays "amis".
- Depuis quelques semaines, les réserves américaines estimées sont régulièrement revues à la baisse alors qu'elles sont déjà à leur plus bas niveau depuis trois ans.
- Accroissement de la demande issue de marchés à très forte croissance comme la Chine (la consommation de pétrole y a doublé en dix ans) ou l'Inde qui se traduit notamment par une augmentation inquiétante du nombre de véhicules. Ainsi, on estime qu'il existe aujourd'hui près d'un milliard de véhicules dans le monde. Or, de 1955 à 2005, l'augmentation de leur nombre a été environ trois plus rapide que la croissance de la population ! Cette pression ne se limite pas seulement aux transports mais aussi aux produits manufacturés et aux emballages qui exploitent massivement le plastique, issu du pétrole.
Les raisons ne manquent pas pour expliquer le franchissement de ce seuil et confortent l'idée que le prix de l'énergie la plus utilisée au monde ne risque pas de baisser significativement à court terme.
Des conséquences inquiétantes ?
Ce qui est inquiétant dans ce nouveau record c'est surtout la dépendance persistante de nos sociétés aux hydrocarbures. L'économie européenne risque d'en pâtir comme l'a indiqué la porte-parole de la Commission en charge des Affaires économiques, Amelia Torres : "depuis l'été, les prix du pétrole augmentent de façon très forte (...) Si ces niveaux très élevés se maintiennent, cela aura forcément un impact sur l'économie". Cependant, le cours de l'euro face au dollar permet d'amortir en partie le choc.
Première conséquence : l'augmentation des prix de l'essence et du gazole
En France, le pétrole demeure incontournable pour les transports qui en dépendent à 97% (Institut Français du Pétrole, 09/2006) ! Le trafic routier en est bien évidemment le premier responsable : le parc automobile en circulation est estimé à près de 37 millions de véhicules dont 30 millions de voitures particulières. Le nombre de véhicules augmente continuellement bien que le rythme de croissance du parc continue de s'infléchir (0,7% en 2005, 1,2% en 2004).
Si le cours du pétrole ne diminue pas significativement dans les prochains jours, les prix à la pompe (essence et gazole) devraient augmenter dès mi-janvier de 3 à 4 centimes selon l'UFIP : "si on maintient à 98, 100 dollars le baril de brut, il y aura un impact à la mi-janvier. Ca correspondrait à 3 à 4 centimes de plus pour chaque litre de carburant", que ce soit le gazole, l'essence ou le fioul domestique, par rapport à la moyenne de décembre, a indiqué Jean-Louis Schilansky, délégué général de l'UFIP. Cette hausse sera sensible "surtout pour le gazole, qui est le carburant le plus demandé en hiver", a-t-il précisé. Actuellement, le litre de gazole vaut environ 1,25 euro, le litre de super sans plomb 95 1,35 euro, et le litre de fioul 0,78 euros.
Ces augmentations probables en fâcheront beaucoup : le pouvoir d'achat sera directement affecté et on ne touche pas à ce « pouvoir »… D'autres s'en réjouissent et y voient un moyen d'accélérer une transition énergétique bien molle face aux enjeux actuels. Dans tous les cas, les ménages les plus modestes seront les plus touchés que ce soit pour se déplacer ou se chauffer.
Vers quelle transition énergétique ?
Le franchissement du seuil des 100 dollars est une alerte supplémentaire qui devrait enfin inciter les acteurs de nos sociétés à plus de retenue sur les consommations énergétiques, ce qui n'est manifestement pas encore le cas malgré les appels incessants. De plus, les énergies renouvelables devraient en profiter et devenir de plus en plus compétitives et attrayantes.Au niveau des transports routiers, les avancées sont timides : les véhicules plus propres sont boudés par les consommateurs à cause de leurs faibles performances tandis que les grands constructeurs français tardent à s'investir véritablement. Toutefois, quelques annonces intéressantes comme la BlueCar ou la voiture à air comprimé de Guy Nègre semblent prometteuses. En attendant, un comportement plus responsable permet de faire de substantielles économies !
Enfin, pour la production d'électricité, l'énergie nucléaire n'étant pas généralisable, le recours au charbon (une énergie fossile non renouvelable) apparaît de plus en plus comme une solution à cause de ses réserves confortables et de son prix plus attractif. A ce titre, l'Inde, la Chine mais aussi l'Allemagne, les Etats-Unis ou l'Angleterre se tournent de nouveau vers l'énergie de la révolution industrielle. Malheureusement, à part quelques prototypes de stockage de CO2 en cours de réalisation et de test, les centrales énergétiques au charbon émettent beaucoup de CO2, premier gaz à effet de serre d'origine anthropique... Ainsi, le charbon, qui domine la production mondiale d'électricité, devrait voir sa demande doubler d'ici 2030, selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). A plus long terme, des prix du pétrole élevés pourraient aussi encourager le développement de carburants liquides à partir de charbon, qui émettent trois fois plus de CO2 que les carburants classiques, selon l'AIE. Un triste présage qui pourrait bien devenir une réalité dans un monde victime de sa boulimie énergétique."
1 commentaire:
Relance du nucléaire au Royaume-Uni 10.1.2008 14:28
Le gouvernement britannique a accordé jeudi son feu vert à la construction de nouvelles centrales nucléaires au Royaume-Uni, a annoncé le secrétaire d'Etat aux entreprises John Hutton.
Finalement, c'est l'argument économique qui l'emporte: dès que le nucléaire devient plus rentabl que le pétrole, les projets fleurissent. Mais il se fait bien tard: il ne faut pas attendre 2012 pour lancer les études de la prochaine génération! Y a-t-il une chance de voir des décisions prises dès cette année en France?
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