Ce n'est pas du luxe...
Ce texte ouvre la voie à de juteux contrats de coopération.
Au dernier jour de la présidence de Vladimir Poutine, la Russie a signé avec les États-Unis un accord sur le nucléaire civil d'une forte portée symbolique et commerciale. «L'accord de coopération pour l'usage pacifique de l'énergie nucléaire», paraphé mardi à Moscou, est en discussion depuis la chute de l'URSS. Relancé au G8 de Saint-Pétersbourg en 2006, il a été finalisé lors de la rencontre entre Bush et Poutine, début avril à Sotchi, en Russie.
George Bush avait fait des offres alléchantes aux Russes en échange de leur collaboration sur le dossier iranien, expliquait alors un porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain. «Nous voulons pouvoir vendre notre uranium sans restrictions commerciales», plaidait à Saint-Pétersbourg Sergueï Kirienko, le patron de la nouvelle «corporation d'État» Rosatom, qui a cosigné l'accord hier avec l'ambassadeur américain en Russie, William Burns. La Russie fournit aux réacteurs nucléaires américains environ la moitié de leur combustible d'uranium. En passant par un intermédiaire américain (USEC) en position de monopole. Les États-Unis s'étaient protégés contre l'uranium russe vendu dans les années 1990 à très bas prix. L'ouverture du marché satisfait donc le fournisseur russe. Mais aussi ses clients, les producteurs privés d'électricité américains. Rosatom, héritier des structures de l'atome soviétique, est en pleine restructuration pour être au nucléaire ce que Gazprom est au gaz, un champion russe capable de conquérir le marché mondial.
Les Américains pourraient aussi trouver leur compte dans cet accord pour gérer le dossier sensible des déchets nucléaires. Moyennant finance, la Russie pourrait traiter et stocker du combustible irradié. Le texte signé le mois dernier par les chefs d'État, qui balayait tous les sujets de discussion bilatérale, indique que l'accord «permettra aux entreprises russes et américaines (…) de transférer des matières nucléaires, des réacteurs ou d'importants composants de réacteurs entre les deux pays». Il n'est cependant pas encore établi que la Russie accepte de servir de poubelle pour du combustible usagé qu'elle n'aurait pas fourni.
Différends stratégiques
Quoi qu'il en soit, l'accord de mardi ouvre la voie à des contrats chiffrés en milliards de dollars. Alors que les relations entre Moscou et Washington se sont crispées ces deux dernières années autour de différends stratégiques tels que le bouclier antimissile, l'élargissement de l'Otan ou le Kosovo, «les deux pays manifestent leur volonté d'apparaître comme deux grandes puissances nucléaires responsables», analyse Isabelle Facon, de la Fondation pour la recherche stratégique. Reste que le Congrès américain devra approuver ce texte jugé par certains incompatible avec la construction par la Russie de la centrale nucléaire de Bouchehr en Iran.
Surtout quand on voit comment les politiques sont tentés de monnayer la prolifération !
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