La prise de risque est élevée pour EDF.
Surtout enpériode de crise...
C'est le prix du leadership francais ?
Le Figaro :
"Le groupe jugé parfois trop prudent a conclu deux grandes acquisitions cette année. En 2009, l'enjeu sera le nouveau réacteur nucléaire, l'EPR.
L'année qui aura incontestablement été pour EDF celle des grandes manœuvres. Avec, coup sur coup, la prise de contrôle du premier électricien britannique, British Energy et le rachat d'une partie des activités de l'américain Constellation.
British Energy est tout simplement la plus importante opération jamais réalisée par le groupe français qui a déboursé 15 milliards d'euros dans cette affaire. Outre-Atlantique, il a mis 4,5 milliards de dollars sur la table pour contrecarrer les visées du milliardaire Warren Buffett, qui avait semblé remporter la mise dans un premier temps.
Pierre Gadonneix, le président d'EDF, aura donc fait mentir les mauvaises langues qui critiquaient sa trop grande prudence. Elle passait même pour de l'immobilisme ces derniers mois alors que Gaz de France et Suez levaient les derniers obstacles à leur fusion.
Avec sa double offensive sur British Energy et Constellation, « Gado » rétablit donc la situation. Mieux, à quelques mois de la fin de son mandat, qui expire à l'automne 2009, il peut d'ores et déjà se prévaloir d'un bon bilan. Un signe ne trompe pas : alors qu'au printemps, des rumeurs récurrentes lui donnaient déjà un successeur, cette lutte d'influence semble retombée. En apparence du moins.
Féroce bataille
British Energy, Constellation : ce doublé repose sur la conviction du président d'EDF que le nucléaire est à la veille d'une relance d'une grande ampleur : « Le temps de l'énergie facile d'accès et bon marché est définitivement révolu », ne manque-t-il pas de dire. Autre credo qui explique la prudence de « Gado » avant de lancer ses offensives : s'assurer qu'EDF sera le bienvenu dans le pays ciblé, que l'opération sera rentable et qu'elle dégagera des synergies.
Ces précautions ne sont pas inutiles à l'heure où le patriotisme énergétique n'a jamais été aussi fort. L'autre géant européen, l'allemand E.ON, est bien placé pour le savoir : après une féroce bataille boursière de plus d'un an et demi, il a finalement dû renoncer à mettre la main sur l'espagnol Endesa. C'est un autre espagnol, Iberdrola, qu'EDF avait lui aussi convoité avant que ses velléités soient refroidies par le discours ambiant.
Après cette année 2008 riche en péripéties, 2009 ne s'annonce pas pour autant comme une oasis de tranquillité pour EDF. Des dossiers, moins spectaculaires peut-être que les précédents, mais tout aussi sont importants, se sont déjà empilés sur le bureau de son président. Même si aucune échéance n'est fixée officiellement, le gouvernement, au cours des prochaines semaines, devrait annoncer le nom de l'opérateur retenu pour construire en France un deuxième EPR, le réacteur nucléaire de nouvelle génération. EDF et GDF Suez militent chacun pour décrocher le contrat.
Tenir le calendrier
Quant au prototype en construction à Flamanville (Manche), c'est le chantier le plus important en Europe. Il mobilisera bientôt plus de 2 000 personnes. Pour EDF, maître d'œuvre du projet, cette réalisation est une extraordinaire vitrine à condition de limiter les imprévus. Areva en sait quelque chose : le retard de l'EPR finlandais (qui ne sera pas opérationnel avant 2011 et non 2009) et les surcoûts qui y sont liés ont altéré l'image du groupe nucléaire. Voilà pourquoi Pierre Gadonneix a l'obsession de tenir le calendrier. Il a encore redit récemment que Flamanville 3 sera mis en service en 2012, comme prévu.
Par ailleurs, le président d'EDF espère obtenir auprès de sa tutelle le principe d'une augmentation des tarifs. Voici quelques semaines, il avait même fait de la participation de son groupe au grand plan de relance de l'État un bon argument marketing. En pleine tourmente sur le pouvoir d'achat, le gouvernement a refusé de lui donner satisfaction. Quoi qu'il en soit, dans ce dossier très politique, Pierre Gadonneix n'a sûrement pas dit son dernier mot. Enfin, en 2009, EDF va croiser le fer avec Bruxelles. La Commission européenne a confirmé avant-hier avoir ouvert une procédure d'infraction contre le groupe. Elle le soupçonne d'empêcher ses grands clients industriels en France de se tourner vers d'autres fournisseurs. L'enquête a débuté en juillet 2007. L'affaire n'est donc pas nouvelle mais elle prend une tournure plus sérieuse."
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