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dimanche 20 décembre 2009
Grand emprunt: un milliard d'euros pour le nucléaire du futur
PARIS - L'Etat va consacrer un milliard d'euros à la recherche sur le nucléaire dans le cadre du grand emprunt, notamment pour les réacteurs de 4e génération qui permettront à partir de 2040 de mieux utiliser l'uranium et de recycler une partie des déchets.
"Dans ce milliard d'euros, une centaine de millions sont fléchés pour un meilleur traitement des déchets", a déclaré à l'AFP le directeur de l'énergie nucléaire du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), Christophe Béhar.
Les 900 millions restants seront utilisés en grande partie pour un réacteur de démonstration à neutrons rapides refroidis au sodium baptisé Astrid, dont la mise en service est prévue vers 2020.
Une autre partie servira à financer des applications pour la production d'isotopes radioactifs à usages médicaux dans un autre réacteur de démonstration, Jules Horowitz, en construction sur le site de Cadarache (Bouches-du-Rhône), a précisé M. Béhar.
Ce réacteur dont la mise en service est prévue en 2014 servira par ailleurs d'outil d'irradiation pour tester la résistance des matériaux au sein des réacteurs actuels, comme dans ceux de la quatrième génération.
L'intérêt de ces réacteurs du futur réside principalement dans l'utilisation de l'uranium non fissile 238, après sa transformation en plutonium 239. Or l'uranium 238 représente 99,3% du minerai d'uranium, contre seulement 0,7% d'uranium 235 fissile, actuellement utilisé dans les réacteurs nucléaires.
Selon un document du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) de 2007, le stock français de 200.000 tonnes d'uranium pourrait être "suffisant pour alimenter une production nucléaire au niveau actuel pendant 5.000 ans".
Le CEA souligne également qu'en recyclant une partie des éléments radioactifs produits au sein des réacteurs, les centrales de quatrième génération devraient permettre "de réduire le volume et la radiotoxicité à long terme des déchets ultimes".
Au niveau international, les recherches sur la quatrième génération de réacteurs nucléaires sont fédérées au sein du Forum international 4ème génération, sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
Les recherches se poursuivent dans six filières technologiques, dont celle appelée SFR (sodium-cooled fast reactor) est la plus étudiée. En France, elle a déjà une longue histoire avec les prototypes Phénix, exploité de 1973 à septembre 2009, et Superphénix, en service entre 1986 et 1997.
Ce qui fait dire au réseau Sortir du Nucléaire que la "4ème génération n'est qu'une invention marketing". Pour les antinucléaires, "il s'agit d'une nouvelle tentative de mettre un surgénérateur, que l'industrie nucléaire échoue depuis 50 ans à faire fonctionner".
"On a le retour d'expérience de Phénix et de Superphénix et on répond aux problématiques qu'on a trouvées", répond Christophe Béhar. Il reconnait qu'"il faut qu'il y ait des ruptures technologiques, en termes de sûreté" afin notamment d'éviter toute possibilité de contact entre le sodium et l'eau au sein des réacteurs.
L'autre technologie développée par la France est celle des réacteurs à neutrons rapides refroidis à l'hélium, qui est beaucoup moins avancée mais "extrêmement prometteuse", selon M. Béhar. Elle n'est pas financée dans le cadre du grand emprunt.
A l'étranger, les autres technologies en cours de développement sont les réacteurs à neutrons rapides à alliage de plomb (LFR), ceux à eau supercritique (SCWR), les réacteurs à sels fondus (MSR) et enfin les réacteurs à très haute température (VHTR) dédiés à la production d'hydrogène et à la cogénération d'électricité.
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